Beaune 1er Cru Grèves 2022
Domaine Caroline Morey

« Un style ciselé qui prend son temps, dans un millésime qui n’a pas besoin d’en faire trop pour briller. Encore une fois, les vins de Caroline et Pierre-Yves Colin trônent parmi les sommets de raffinement de la région ! »
Chers membres passionnés,
On a beau visiter une bonne centaine de domaines chaque année, il y a certaines visites qu’on n’oublie pas. Celle de l’automne dernier chez Caroline Morey et Pierre-Yves Colin en fait partie. Un moment suspendu, entre jéroboams de grands blancs à maturité, retrouvailles entre vignerons amis, et promesses d’avenir incarnées par les enfants qui suivent déjà les pas de leurs parents.
La Bourgogne comme on l’aime : vivante, engagée vers l’excellence et la transmission !
Cette dégustation restera dans mes souvenirs comme l’une des plus marquantes de 2023. Pas seulement pour les bouteilles de Bâtard 2015 ou de Perrières 2013 partagées dans la chaleur d’un déjeuner savoureux. Mais pour cette sensation rare : celle de découvrir un style en pleine maîtrise, arrivé à maturité dans sa vision.
Et pourtant, lorsque j’achetais les premiers millésimes lors de mes années au Royal Monceau, tout n’était pas évident. J’ai des souvenirs des 2007 droits comme des piquets, un peu coincés au SO₂, qui ne laissaient pas espérer autant de pureté et de plaisir dans les vins d’aujourd’hui.
Mais voilà, la progression fut fulgurante, et aujourd’hui, chez Caroline comme chez Pierre-Yves, tout est là : le souffle des terroirs, la finesse des élevages, les persistances de bouche, et ce sentiment de boire, un peu comme chez Paul Pillot, une des lectures les plus raffinées de Chassagne !
Et à cette émotion de la perfection s’ajoute aujourd’hui la sagesse : celle de sortir les vins quand ils sont prêts.
Les 2022 sortent en 2025, alors qu’on s’apprête, à Chablis par exemple, à sortir les 2024.
Plongez dans le j’achète pour découvrir la gamme !

Pourquoi j’achète ? Parce que 2022, vous le savez depuis longtemps désormais, est un grand millésime de blanc.
Complet, dense sans excès, lumineux sans acidité criarde, il donne des vins qui touchent tout de suite, sans verser pour autant dans la démonstration, comme ce fut le cas en 2018 par exemple.
Caroline vinifie à part ses vignes familiales issues du patrimoine du domaine Morey entre Chassagne, Santenay et Beaune.
C’est la même trame stylistique que Pierre-Yves, avec des pressurages longs, des bâtonnages minimalistes, un travail sous bois en 350 litres bien intégrés — mais avec une griffe très nette des terroirs de Chassagne ou Santenay.
Le Santenay Les Cornières plante le décor en blanc et rappelle combien cette appellation peut briller dans cette couleur.
Avec les blancs de Jean-Marc Vincent, c’est un des Santenay blancs qui me touche le plus de l’appellation, goûtez-y !
Vous retrouverez derrière le Chassagne-Montrachet Chambrées, magnifique cette année, précis comme un poème japonais, avec un grain de bouche admirable.
Nous le proposons en duo avec les Houillères 2023 de Thibault Morey-Coffinet, un autre génie de l’appellation.
Avec ces deux flacons, vous toucherez du doigt deux écoles de Chassagne, et deux générations qui regardent dans la même direction.
Côté 1er cru, Vergers et Morgeot Clos de la Chapelle montrent toute la diversité de l’appellation : finesse d’un côté, épaule de l’autre, et toujours cette vibration minérale qu’on attend ici.
Un poil plus de gras sec dans le Morgeot, un vin transperçant dans les Vergers !
Les Chaumées est proposé avec un Chassagne Goujonne d’Olivier Lamy, histoire d’imaginer une soirée « 100 % Chassagne » avec des domaines de légende !
Le Criots-Bâtard-Montrachet Grand Cru est quant à lui une rareté absolue, un monument d’allonge salivante, droit comme une épure de calcaire.
À l’aveugle, il tutoie les sommets du Montrachet.
Enfin, ne négligez pas les rouges !
Le Beaune Grèves est un OVNI : robe diaphane, un « thé » de pinot noir, mais d’une intensité olfactive de haute voltige.
Et ce Chassagne rouge, si souvent sous-estimé, qui claque comme une infusion de fruits rouges et de tige de pivoine.
Le tout, sans jamais sacrifier la fraîcheur !
Ceux qui préfèrent les trames plus telluriques cocheront la case « Santenay Comme », ce 1er cru qui épouse la partie sud de Chassagne côté Morgeot.
Un vin plus sanguin, mais d’une finesse admirable dans les mains de Caroline !
Bref, cette gamme de Caroline et Pierre-Yves est superbe, et leur projet dépasse même les cuvées.
J’adore leur vision.
Celle d’une Bourgogne qui prend son temps, qui ne suit pas les modes, et qui inspire déjà leurs fils.
Clément, Matis, et toute la bande de jeunes qui gravitent autour du domaine (Paul Bouzereau, etc.), on sent que la relève n’attend pas le feu vert pour foncer.
Et c’est peut-être ça le plus émouvant : cette transmission invisible !
Bravo au domaine pour ce qu’ils offrent aux passionnés de grands vins !