Bonnes-Mares Grand Cru 2022
Domaine Drouhin-Laroze

« Une métamorphose stylistique exceptionnelle qui propulse le domaine parmi les grands de la région ! Une vraie claque, qu’une bonne centaine de pros et sommeliers ont pris le même jour, à la même heure ! » Chers meilleurs membres, j’ai beau parcourir le vignoble chaque vendredi depuis 20 ans et me rendre en Bourgogne une bonne trentaine de fois par an, je ne cesse d’être surpris de la métamorphose opérée par cette région et par les superbes trajectoires de certains domaines qui, en quelques millésimes, se hissent au niveau des plus grands. Parmi eux, j’aimerai saluer celle de la maison Drouhin Laroze, que j’ai eu la chance de visiter plusieurs fois dans ma carrière. Ils possèdent l’un des plus beaux patrimoines de terroir de toute la région, avec une collection de grands crus fascinante. Mais jusqu’alors, je n’avais jamais vibré suffisamment au contact de leurs cuvées, que je trouvais pour certaines assez extraites, et habillées d’un boisé qui ne collait pas à mon ADN œnologique ! Mais voilà, lors d’une masterclass en janvier, au Bristol, organisée par Enrico Bernardo (meilleur sommelier du monde 2007), j’ai pu redécouvrir la gamme du domaine… et sincèrement, j’ai vibré. Pourtant, Caroline Drouhin n’était pas la seule à cette masterclass, il y avait Marion Mugneret Gibourg, Emma Vernay (du domaine éponyme) et Claire Michel, du Vieux Donjon… Du très lourd ! Alors forcément, en sortant de cette masterclass, je me suis empressé d’appeler Enrico pour le remercier de ce choc émotionnel inattendu, et savoir s'il restait quelques 2022 du domaine. Par chance, nous avons pu mettre la main sur des villages, des Lavaux et quelques grands crus. Plongez dans le j’achète pour les découvrir, mais un conseil : ne manquez sous aucun prétexte le Bonnes Mares, juste magnifique !

Avant de parler des crus, parlons style. J’ai adoré les 2022 du domaine, car ils reflètent ce que j’attends de grands pinots de Côte de Nuits : des rubis pas trop appuyés, des bouquets soutenus, mais sincères et précis ; des élevages qui structurent, sans aromatiser… J’ai surtout aimé les finales de bouche de cette gamme, qui ont dans ce millésime, un vrai panache ! Vous comprendrez ce que je veux dire en mettant dans un verre le Gevrey « Dix Climats » : assemblage de vignes en propriété du domaine qui compte entre autres : En Combe, En Champs, En Vignes Belles, Croix des Champs, En Jouise, En Pallud, Aux Marchais et Aux Epointures. C’est une cuvée importante du domaine, car 4 ha s’y concentrent, ce qui permet de faire une sélection drastique du meilleur et de bien homogénéiser les élevages. Dans le verre, c’est un Gevrey village savoureux, profond, sur le noyau, les baies sombres, qui propose une trame assez complète et gourmande. Dans le Lavaut Saint Jacques, on change clairement de catégorie, car la force tellurique des lieux embarque vers plus de messages… Plus fleuri au bouquet, sur la violette, ce vin porte les messages d’une vieille vigne de 1943 qui, sur 30 ares, produit un premier cru racé et intense. La magie devient totale dans la gamme avec le Bonnes Mares, vin sublime tout en fleur, en minéralité et doué d’une allonge gustative remarquable. Ce fut mon coup de cœur de la masterclass, car j’aime ce genre de vin « parfums » qui est porté par son sol en persistance ! Ne le manquez pas, son rapport prix-émotion dans l’offre des Bonnes Mares, est superbe. Je dirai la même chose du Latricières, très solide également, animé d’un fruit plus saillant et de notes de griottes acidulées. Il ne déroule pas comme le Bonnes Mares, mais diable que c’est bon ! Pour ceux qui aiment les vins plus structurés, mais d’une classe impériale, il y a le Clos Vougeot du domaine, qui naît dans les lieux dit « Les Papes » et « Marei-Haut », partie supérieure du Clos (tiers supérieur). On est dans le saint des saints de ce grand cru. Il en résulte un Clos Vougeot très classe, sans les tanins parfois fermes de ce grand cru. Un petit mot sur le Clos de Bèze qui est dans l’équation « prix-émotion- terroir » peut-être le meilleur Clos de Bèze dégusté récemment. Certains vendent les vins de ce terroir à presque 1000€, ce qui rend assez dissuasif l’accès à ce genre de flacon. Mais ça ne vaut pas le coup à mon sens, surtout quand on goûte celui du domaine qui isole de vieilles vignes de 1949. Racé, persistant, affichant une force tellurique hors norme et un fruité entremêlé de fleurs, il est parti dans ce grand millésime pour une carrière brillante en cave ! Profitez-en !