Bonnes Mares Grand Cru 2023
Domaine Henri Boillot

« Tout le monde applaudit la performance des grands blancs du domaine, dont celle du superbe Clos de la Mouchère… Mais comme je vous le dis depuis quelques années, les rouges sont aussi de grande classe depuis 3-4 millésimes, notamment sur Volnay ! » Chers membres passionnés, ça y est, nous arrivons au printemps dans quelques semaines et c'est le cœur des Burgundy lovers du club qui va battre au rythme des sorties des grands domaines de Bourgogne. J'arpente le vignoble sans cesse et écris ces lignes depuis le PMU de Meursault (le meilleur lieu de télétravail au monde). Une manière pour moi d'écrire à chaud, entre deux bouchées de sandwich, des ressentis, un feeling sur les grands vins de ces domaines qui forgent l’offre Chais d’Oeuvre. De manière assez incontestable, on tient un beau millésime de blanc en Côte de Beaune, avec des terroirs bien respectés, pas trop de richesse en glycérol, et des vins assez digestes. Il ne fallait pas se laisser trop aller sur les rendements, au risque de diluer les messages, mais de ce que j’ai goûté dans la région chez les bons domaines, tout va bien ! Chez Henri Boillot, dont nous suivons la partition depuis 8 ans désormais, le niveau des blancs est vraiment superbe. Le style, sur une fine réduction et sur une trame assez tendue, trouve dans ce millésime assez décontracté un équilibre qui donne le sourire. Vous retrouverez quelques villages du domaine, qui donneront le ton : Meursault et Puligny village, qui placent la barre assez haut. Mais le frisson arrive forcément au moment des Premiers Crus, qui sont, disons-le, la crème de ce qu'il faut saisir pour un max de plaisir, malgré l'hyper valorisation récente des vins de ces terroirs. Les Genevrières est le gendre parfait : poli, classe, il ne parle pas trop fort, il est subtil, assez profond. Quand il vous fait un clin d'œil, vous souriez, sa persistance vous rappelle qu'il est d'un sérieux incontestable ! On notera sur 2023 l’arrivée du 1er cru Clos de Richemont, monopole du domaine sur ce cru. Vin d’ampleur mais sans devenir écrasant, aux instances de poire, d’agrumes et de fleurs blanches. Les Pucelles arrive derrière dans la gamme, avec le panache qu’on connaît de ce terroir… un lieu que n'importe quel passionné aimerait vinifier. Bon, on est dans le super Premier Cru de Puligny, avec étoffe, grandeur, salinité, classe… C'est presque énervant, car rien n'est critiquable dans la proposition. J'avoue beaucoup aimer le style des vins du domaine, qui fut l'un des premiers dans la région à utiliser des fûts de 350 ou 400 litres (moins de bois, plus d'éclat). Alors quand l'équation se pose : grand terroir, beau millésime, style… Ça marche forcément ! Pour suivre, il faut saluer la race évidente du Clos de la Mouchère, un vin moins épaulé que le Pucelles, mais né dans un champ de cailloux… Ici, le diamant est brut au départ, on est, rappelons-le, dans le cœur des Perrières de Puligny ! L'ambiance aromatique est intimement liée au lieu : éclats de craie, pétard, fumé léger, qui se pose sur la partition de châtaigne et d'agrumes du chardonnay. Bouche énergique, saline, rythmée par le calcaire, la peau d'agrumes. Jeune, c'est celui qui fait le moins de bruit à table, mais quand passent 4-5 ans, il prend la parole et tout le monde l'écoute ! Très grand flacon où le terroir va plus loin que la patte des hommes ! Côté Grands Crus, on élargit tout et on va plus loin en persistance. Le Bâtard, superbe, mais décoiffant en prix, parlera aux collectionneurs qui se disent “Après tout, pourquoi vit-on sur terre ?” Voyez-le comme un Teddy Riner affûté avant les JO : en deux secondes, il vous colle au mur, vous ne pouvez rien faire et vous mettez quelques secondes à réaliser ce qui vient de se passer ! Le Corton sera moins « compresseur » et plus saillant par la minéralité des marnes blanches. Moins puissant, plus transversal, il rappellera les origines un peu plus marines du terroir de la partie sud de Corton ! Je le disais en introduction de ce texte : depuis 2019, la série des rouges est superbe. J'applaudis le grain fin, le fruit juste, la discipline des vins. La gamme de Volnay est de plus en plus fine, et 2023 apporte ce souffle de légèreté, ce côté aérien aux matières qui sont déjà taillées dans le velours. Chevrets est redoutable d'immédiateté, Fremiets plus fin et plus long. Caillerets, porté par la grâce minérale des lieux, est à la limite sensorielle d'un Grand Cru né dans la roche. Le Bonnes Mares, qui ferme la marche, ne regarde même pas les autres de la gamme. Au-dessus de la mêlée, il nous rappelle combien la hiérarchie bourguignonne est bien faite ! Si vous pouvez vous offrir ce genre de flacon, allez-y, on est dans le rare, l'émotionnel, l'irremplaçable de la région !

Bon, après ce j'aime interminable sur le domaine, difficile de poursuivre sans parler du « marché » des grands vins qui commence à se tasser ! Quelle merveilleuse nouvelle pour les véritables amateurs de vins, ceux qui boivent… Le domaine reste assez haut de gamme malgré tout, mais à aucun étage de la gamme vous pourrez challenger la qualité des vins. Donc encore une fois, on applaudit !