Bourgogne Aligoté 2020
Domaine Comte Armand

« Tordre le cou aux a priori, faire des vins de persistance au lieu de faire des vins de structure ! » Telle est la vision du jeune et brillant Paul Zinetti, le jeune auteur qui fait briller de mille feux le domaine du Comte Armand depuis quelques millésimes. Déjà dans les 2017 et 2018, je m’émerveillais de l’évolution stylistique des vins de ce domaine, en soulignant la superbe cohérence entre les différents flacons de la gamme. Il y a dix jours, Paul était présent à une belle dégustation organisée au Cirque d'Hiver à Paris, ce fut l’occasion de poser des mots sur des sens, et de revoir la gamme de A à Z. Il me paraît impossible de commencer ces quelques lignes sans repenser à cet aligoté doré de toute beauté, que Paul est allé chercher en dernier sur cette vendange précoce et saine. Ce sont des vignes de 90 ans, plantées sur Meursault. Un vin magnifique de construction, qui reprend les codes de fruits de vergers (nèfle, coing) et qui offre en bouche un très beau contraste entre texture et relief salivant. Si vous n’avez pas encore bu cet aligoté, sincèrement, foncez, c’est un des meilleurs du moment avec ceux de François Mikulski et celui de Thibault Liger-Belair. Derrière, les blancs de Meursault sont très beaux, et livrés dans une trame peu boisée. Le millésime aidant, ce village offre un joli contraste entre matière et fraîcheur salivante. Il se teinte de fleurs blanches, d’amandes, avec une finale un rien noisetée. J’ai beaucoup aimé ! Côté rouges, le profil des Auxey me rapproche plus de l’esprit de certains Volnay que d’autre chose... Le village qui, soit dit en passant, est un tout petit tirage (2200 cols), livre une partition de petites baies acidulées, le vin est peu extrait et fin, bercé en finale par des touches florales. La bouche est assez suave malgré la jeunesse; on ne peut qu’imaginer un apaisement total de la matière d’ici 5 ans ! Dans les Premiers Crus, c’est un assemblage de deux parcelles qui hausse le ton. Brétérins sur terres blanches, plein sud, et Duresses (beau terroir) exposé est. Le combo des deux nous livre un vin qui affiche la minéralité des terroirs haut de coteaux. Aromatiquement, la partition est plus large, plus longue aussi. On joue dans la cour de beaux Volnay à mon sens ! Enfin, le légendaire Clos des Epeneaux (monopole de 5,24 ha depuis 1828) est un trésor sur 2020. Les matières sont infusées alors que le millésime est intense... Tout cela offre une rampe olympique à la dimension aromatique des jus, tout en gardant ce lien tellurique et les épices qui font la signature du Clos. Je soulignerais au passage la discipline tactile et le grain fin des tanins ! Évidemment, 2020 est parti pour une brillante carrière, mais quand on voit la gourmandise et la finesse des 2018 aujourd’hui, on se dit qu’un enfanticide est totalement envisageable d’ici 3-4 ans. Les puristes l’emmèneront à 10 ans, âge où la magie opère définitivement sur le Clos !

Les quelques passionnés de vins qui ont regardé la finale du concours du Meilleur Sommelier de France il y a 15 jours savent qu’un Clos des Epeneaux 2017 a été servi à l’aveugle. Le candidat qui a remporté ce concours, Xavier Thuizat, a évoqué la finesse d’un Chambolle... Ça en dit long sur la qualité tactile des derniers Clos des Epeneaux. Alors si vous aimez avant tout la finesse, et les vins de persistance (au lieu des vins de structure), vous devriez vibrer comme nous sur les dernières compositions de Paul Zinetti. Côté prix, c’est haut de gamme, mais c’est un terroir qui pourrait revendiquer le classement de Grand Cru... Alors quand on voit le prix des Grands Crus aujourd’hui, on se dit que ...