Bourgogne Chardonnay 2022
Domaine Matrot

“Un très gros millésime au domaine… Dès le Meursault village, l’émotiomètre est en alerte ! Quand on attaque les 1er crus, ça devient dingue, surtout dans les Charmes et les Perrières !” Chers membres passionnés, voici le 5 eme millésime que je commente avec passion autour de l’œuvre de la famille Matrot, et sincèrement, je ne me lasse pas de passer en revue cette gamme de grands Meursault qui en blanc comme en rouge, brille par son élégance et sa personnalité ! Depuis 2017, j’ai observé un swing qualitatif assez exceptionnel au domaine, et une évolution de style entre les vins de Thierry, le papa, et ses filles : Adèle et Elsa. Des vins plus ouverts, moins rigides en jeunesse, et surtout, une cohérence parfaite entre les blancs et les rouges… Aujourd’hui nous présentons les 2022, juste fabuleux, derrière le très cruel millésime 2021 qui avait décimé la quasi-totalité des premiers crus ! Perso, ce millésime m’évoque un mix entre 2019 (pour la maturité, la concentration) et 2020 (pour le caractère plus frais, et le rythme d’une année plus généreuse en rendement) ! Les blancs affichent l’élégance que j’adore dans le domaine, avec pas trop de puissance en alcool, des boisés peu marqués, le gras sec que l’on attend de beaux vins de Meursault, tranché par une tension salivante et la minéralité des terroirs. En rouge, le domaine brille toujours dans les années solaires, comme l’attestent en ce moment les fabuleux Blagny Pièce sous le bois 2018 ou les Meursault rouge 2020 qui sont juteux, sur le noyau, la cerise sombre… Un style de pinot égrappé qui explose en bouche de sensations, et qui présente des tanins super diplomates ! C’est le juste milieu entre l’infusion et l’intensité. En 2022, les pinots ont concentré le meilleur de ce style, sans dureté ni tanins fermes… Plongez dans le j’achète pour les découvrir !

Au Domaine Matrot, on commence la gamme par le Bourgogne blanc, vraiment très solide qui isole une vigne dans les bas de Meursault et une autre située un peu plus au sud vers Dezize-lès-Maranges. Toujours bien construit avec un peu de gras et d’ampleur, ce Bourgogne profite d’un schéma d’élevage très particulier... En gros, le domaine utilise habituellement ses fûts récents pour cette cuvée au lieu de les utiliser pour les Premiers Crus comme c’est souvent le cas ailleurs. L’idée est que les fûts d’un vin profitent aux Villages et Premiers Crus, où l’on cherche plus l’empreinte du terroir. Finalement, ce Bourgogne boxe en sensation au-delà de sa catégorie car sans paraître boisé, il arbore une structure et une ossature qui le rapprochent de certains Villages. C’était le cas sur 2020, 2019, c’est encore le cas sur 2022. Vin salivant, animé de l’étoffe (gras sec) qu’on aime à Meursault, c’est une délicieuse entrée en matière ! La déclinaison de Meursault qui suit ce premier plaisir fait grimper d’un étage. Le village, qui est une pièce maîtresse de la cave, rassemble 5ha répartis sur 12 parcelles : Le Limozin, Les Vireuils, Les Pelles, Les Chevalières... J’aime cette cuvée pour ses fines notes de châtaigne, de craie, d’agrumes confits, et surtout pour sa classe. J’aime dire qu’on se rapproche plus d’un Puligny que d’un Meursault en jeunesse, tant la bouche est cristalline et sapide. Quand on attaque le coteau de Blagny, on sait que la famille est dans sa zone de prédilection. La famille opère en effet sur ce terroir, avec son légendaire rouge La pièce sous le bois, un pinot envoûtant et quasi-volnaysien dans sa trame. Ne manquez pas le 2022, mais vous trouverez aussi et surtout, un excellent Meursault Blagny, qui dans la gamme, fait le trait d’union entre les Charmes et le village. Un vin qui puise dans l’altitude du cru et le coteau, ce relief saillant, cet éclat de craie, de fleurs blanches, la badiane aussi... et qui affiche une grande allonge. Le Meursault Charmes est chaque année une véritable tuerie... Les 2/3 de la parcelle sont dans les «Charmes-Dessus », sous les Perrières, donc ça vibre, c’est long, hyper long même. 2022 apporte le volume pour contraster l’étincelle de craie, c’est grandiose ! Les Chalumeaux est un Puligny dans le haut de coteau, qui passe en finesse derrière le Charmes. Vin lumineux, peu boisé, porté par la magie géologique du cru. Ici, on perd en gras, pour gagner en finesse et en tension ! Le clou du spectacle est encore une fois, le légendaire Meursault Perrières du domaine. Pur sang exceptionnel qui parle généralement aux amateurs de jus de roche, c’est un vin hyper minéral et fuselé qui, à 6-7 ans de cave, finit par s’étoffer et libérer son potentiel. En rouge, si vous aimez les pinots qui claquent le fruit, avec un juste rapport entre intensité et jutosité, vous adorerez les vins qui suivent : le Bourgogne, le Meursault rouge ou le Blagny La pièce sous le bois sont un crescendo d’intensité, et de persistance, autour de la matière quasi parfaite, proposée par 2022. J’écris ces lignes en repensant à l’excellent « Pièces sous le bois 2020 » qui ornait les coffrets de juillet 2023. Quelle bouteille, quelle finesse de trait en bouche, quelle longueur ! 2022 marchera dans ses traces, c’est certain !