Bourgogne Côtes d'Auxerre Le Cour Vit 2022
Domaine Guilhem et Jean-Hugues Goisot

« Un millésime très solide au domaine, avec dans Gueule de Loups et Gondonne, des profondeurs minérales et des extraits secs qui rappellent les meilleurs premiers crus de Chablis ! C’est dans la Bourgogne abordable, le plus gros coup de cœur de ma fin d’année 2024 ! »

Chers membres passionnés, c’est toujours avec une certaine émotion que j’aborde les vins de Guilhem Goisot, car depuis une bonne vingtaine d’année désormais, je commente avec passion les cuvées de ce domaine qui dans les Côtes d’Auxerre, pousse le curseur de l’émotion bien au-delà de ce qu’on attend sur l’appellation ! Fin décembre, j’ai pu mettre des mots sur les parcellaires 2022, qui pour certains ont été très sincèrement un véritable choc sensoriel ! Je pense même pouvoir dire que je n’avais pas bu Gondonne et Gueule de Loup à ce niveau, et par conséquent, c’est avec une certaine excitation que s’écrivent ces quelques lignes.

Commençons par saluer d’abord les quelques perles de la gamme à base de sauvignon, dans l’appellation Saint-Bris, avec Corps de garde : un blanc superbe sur 2022, qui fait chanter le cépage par des instances de réglisse, de menthe poivrée, avec en prime un souffle chlorophyllien qui rend la partition fraiche et aérienne. J’ai adoré le caractère complet de la bouche, la dimension un peu plus poivrée du sauvignon gris, et l’allonge ! Franchement, sur cette cuvée le rapport prix-plaisir est dément !

Sur la seconde place du podium en rapport prix-plaisir, on retrouve Exogyra Virgula, ce fameux Saint-Bris qui naît, comme son nom l’indique, sur un terroir nourri de fossiles d'huîtres, conférant au sauvignon un esprit très chablisien. Après des 2022 explosifs, le millésime 2023 signe une version tout aussi séduisante, plus précise et tendue. Le vin déploie ses élans minéraux presque iodés, parfaitement équilibrés par des notes de menthe poivrée et d’agrumes frais

Au même niveau de la gamme, mais en version chardonnay, la cuvée Corps de garde affiche un excellent niveau cette année, avec une grande précision sur un relief presque Chablisien. Les petites notes iodées, salines, se greffent aux nuances de fleurs blanches et de genêt. La trame est ample à souhait, et fraîche, les maturités sont contenues. Un excellent niveau !

Mais c’est bien dans les parcellaires que le niveau grimpe très sérieusement ! Biaumont est un poil trop ample cette année (alors que d’habitude, j’adore…) il est donc passé à la trappe lors de cette dégustation.

Mais l’émotiomètre s’affole dans Gueule de Loups, juste grandiose sur cette vendange. Un blanc ample, iodé, salin, presque anisé qui déroule en bouche la profondeur de grands Chablis 1er crus ! J’ai mis ma note ultime à ce vin d’un équilibre sidérant.

À ses côtés, Court Vit défend son rang et affiche une gamme aromatique un peu plus pâtissière (amande, biscuit, fleurs blanches), tout en affichant des courbes excitantes. Ce n’est pas le plus minéral de tous, mais diable que c’est bon !

La Gondonne boxe dans cette même catégorie et affiche une dimension plus puissante. Je l’ai comparé dans mes notes à un Fourchaume (1er cru solaire, ample de Chablis). On y retrouve l’étincelle marine, la pointe iodée, au cœur d’un vin crémeux, généreux, et très long !

Bref, de ces 2022 et 2023 dégustés, on retiendra la précision et la notion de contraste des parcellaires, qui sont, comme vous l’avez lu, assez insolentes sur cette vendange ! Chapeau au domaine pour cette série, j’invite tous les Burgundy lovers du club à se pencher sérieusement sur ces trésors !

Pourquoi acheter des Goisot ? Eh bien pour toutes les raisons qui donnent l’impression de faire une bonne affaire : les prix sont doux, les vins sublimes (ceux sélectionnés en tous cas, je vous le garantie) et ils vieillissent avec panache. Il est donc impossible de vous planter sur cet achat, surtout si, comme moi, vous êtes fans de ce secteur de la Bourgogne où le chardonnay se teinte de ces instances un peu marines. J’ajouterai qu’ils sont ultra malléables en association mets-vins, que ce soit au contact d’un plat réconfortant de l'hiver (une bonne raclette ou une fondue, par exemple) ou à l’apéro pour les premiers beaux jours qui arrivent au printemps. Dernier détail qui comptera forcément : les volumes 2024 sont ridicules dans ce secteur de Bourgogne (Chablis a été pulvérisé par la grêle) et ce sera le désert dans 18 mois sur le marché… Faites donc des réserves !