Bâtard-Montrachet Grand Cru 2019
Domaine Pierre-Yves Colin-Morey

« Un millésime dément, plein de sel, de concentration et de chair ; un style ultra raffiné parmi les plus envoutants du moment. » Je vais encore me prendre des mails de plainte, disant que le j’aime j’achète est trop long, je vais me faire censurer par Marine, qui sans le dire coupe une partie de ces commentaires... Alors cliquez, achetez les Pierre-Yves Colin que vous voulez, et finissez tranquillement la lecture...C’est bon ? Alors, dans le sillage des énormissimes (c’est le mot) blancs proposés en Bourgogne cette année, autour de la glorieuse vendange 2019, voici l’œuvre (car c’en est une) de Pierre-Yves Colin-Morey : une icône de Chassagne, Saint Aubin et Meursault, que je suis depuis ses débuts au milieu des années 2000. Son style, dessiné par des élevages subtils en fûts de 350 litres, et de fines réductions (qui génèrent des touches de maïs grillé, de fruits secs), me transcende totalement. A chaque fois que j’en ouvre une, je suis scié par la précision, le caractère étiré, fuselé des vins qui portent en leur cœur, la signature de chaque cru. Jeune, c’est moins évident que chez d’autres auteurs voisins où les vins naissent plus denses, parfois plus élevés, mais quand ils ont 3-4 ans, il n’y a plus le moindre débat ! Avec les Chassagne de Thierry Pillot (un peu dans cette veine), les Meursault de Roulot, ou les 2019 de chez Leflaive (dégustés hier), c’est ce que j’ai bu de plus vibrant, de plus racé cette année. Il va falloir être rapide pour choisir parmi les 14 références de notre allocation. Les plus malins qui voudront goûter au style se jetteront sur les hautes Côtes, Aligoté et Saint Aubin village, qui se livrent jeunes. Leur prix attractif rend accessible la dégustation, ce qui est moins évident quand on monte dans la gamme. Leur gourmandise n’a d’égal que leur précision ! La déclinaison de 1er crus sur Saint Aubin et Chassagne s’adresse aux puristes : chaque cru est lisible, intense, fidèle à ses codes, mais ne se livrera qu’à partir de 2024 (il faut 3 ans aux vins du domaine, pour chanter pleinement). Ne me demandez pas de choisir, car en gros, tout est sublime. Petit coup de cœur pour les Chenevottes quand même ! Les collectionneurs ne manqueront pas les quilles iconiques du domaine : Corton/ Perrières/ Bâtard dont les volumes, hélas, sont ridicules. Là, c’est 7 ans de patience ferme, avant d’espérer retrouver la lumière, mais quelle lumière... Si vous ne connaissez pas le domaine, c’est que vous n’êtes pas encore prêts ! Prenez quand même une quille pour goûter, histoire de cocher une case, parmi les styles les plus raffinés du moment en Côte-de-Beaune !

On aura de beaux 2020, mais en 2021... coté volume, c’est dramatique ! Je préfère regarder le verre à moitié plein, que le verre à moitié vide en général, mais là, je me gratte la tête en pensant à ce qui vient d’arriver à notre vignoble. Hier encore, j’entendais des domaines souligner l’équation économique impossible à résoudre sur ce millésime, ou les vins seront « chers, et pas forcément grandioses »... On verra tout cela à la dégustation ! En attendant, je ne manquerai pas les 2019 de Pierre-Yves Colin si j’étais à votre place, les 2020 seront, aussi, de haut vol, avec un poil plus de volume, mais le domaine va surement lisser ses ventes sur 2 ans pour passer l’épisode 2021.