Bourgogne rouge Cuvée l'Héritière 2017
Domaine Nicolas Rossignol

Quelle journée de dingue, quelle leçon ! On aurait pu demander à Rémi d’écrire ces quelques lignes, pour qu’elles vous paraissent encore plus sincères et enjouées, mais... manier le j’aime j’achète prend quelques années ! Rémi est membre, cela fait 12 mois qu’il nous demandait de l’emmener dans le vignoble en Bourgogne, ce qui fût possible il y a 15 jours...enfin ! La journée a commencé autour d’un café à Meursault, où dans le micro bar de la place du village, on croise à 8h30 de vraies légendes du vin. Rémi et sa moitié ne savaient pas ce qui les attendait, ils n’ont pas été déçus du voyage ! A 9h30, une première visite chez Vincent Dancer, juste adorable où l’on a découvert comme des enfants, la frange assez nature de son œuvre à Chassagne. Difficile en sortant de dire quel vin nous a le plus foudroyé, c’était des 2020 en plein élevage, plein de promesses et de contrastes ! Le bonhomme par contre, on a adoré ! A 11h, visite des caves vieilles de 400 ans de chez Drouhin à Beaune, un spectacle hallucinant qui nous a mené à une dégustation dantesque... Les grands blancs du domaine étaient là, et surtout de vieux rouges... Il est rare d'enchaîner chez des domaines, des Beaune 1er crus, Clos Vougeot, Echezeaux 2002... Et encore moins de boire à l’aveugle, un Beaune Clos des Mouches 1990 juste stratosphérique que j’ai confondu avec un Bonnes Mares... Vous l’imaginez, on a rien craché de ces merveilles ! Après le déjeuner où il n’y avait pas que de l’eau, nous sommes allés voir Nicolas Rossignol, un domaine que j’adore (le gars d’abord) mais surtout l’offre de grands Volnay et Pommard qui, en dégustation comparative lorsqu’on s’y rend, tourne systématiquement à la leçon ! Nous détaillerons toutes les cuvées dégustées dans le j’achète, mais avant cela, quelques updates sur l’œuvre de Nicolas. Il fait partie d’un petit groupe d’artistes, qui passent des journées entières à réfléchir à l’avenir de la région et au moyen agronomiques qui font avancer la Bourgogne. Ses potes s’appellent Lamy, JM Vincent, Pataille, Lachaux, Thomas Bouley, Bruno Lorenzon... Du lourd quoi ! Leurs derniers jouets : le Wine Globe et les premiers tests qui s’annoncent concluants ; plus passionnant encore, leur dernière ligne de fûts « Pierre de Bourgogne », imaginée par Bruno Lorenzon. Il s’agirait de fûts faits avec des chênes de coteaux, juste de coteaux, car les grains y seraient différents... A écouter ou à imaginer, c’est lunaire, mais à la dégustation, c’est un choc... La leçon s’est prolongée autour de 8 flacons, tous déments... J’ai failli rater le train ! Lisez le j’achète pour vous plonger dans la dégustation !

« Bon alors Manu, qu’est ce qu’on goûte ? » demandait Nicolas avec un sourire en coin. Réponse : un millésime prêt à boire, qui permet de comprendre tes terroirs ! Le millésime en question, c’est 2017, juste fabuleux à boire en ce moment, où chaque vin est à sa place, ou les minéralités sont plus affirmées, les plaisirs aussi. Nous avons commencé avec l'Héritière, un Bourgogne d’étiquette, qui naît dans les bas de Pommard, mais d’une vigne de 1922. 30% de vendange entière, 20% de fût neuf, un traitement digne d’un grand village, pour un résultat similaire, voir meilleur. Une petite merveille ! Deuxième plaisir : « le faux dur » de la gamme de Nicolas, les Noizons : Pommard caressant, velouté, profond et juteux (sur le noyau de cerise), qui pique la place par son élégance à bien des Volnays. Nico a servi tous les vins à l’aveugle, et on s’est encore fait avoir ! Son grand frère : les Vignots, renoue avec le caractère séveux, caillouteux, racé de son appellation. C’est un cru de terres blanches, qui pour le coup, vous rappelle qu’on fait des vins de terroir en Bourgogne, pas que des bombes de fruits !  Sapide, il tire la salive et impressionne par sa longueur, fini la rigolade ! Au moment des Clos des Angles et Roncerets, on change de catégorie, et on surtout envie d’enfiler un t-shirt imprimé « VOLNAY FOR EVER » tellement la magie opère. Les Angles est une caresse, le Ronceret un concentré de fruits des bois, de sureau, de mûre. Les deux iront loin, mais sont déjà accessibles en dégustation, c’est le caractère génial de 2017. Les deux derniers vins nous ont mis le coup de grâce : Chanlins est un premier cru dont la vigne a 95 ans... Une claque et des codes sensoriels proches de certains Rugiens : pointe sanguine, fumée, ça sent l’argile rouge. La bouche est majestueuse. Le dernier pourrait être étiqueté grand cru : normal, c’est un Epenots, massale de 115 ans qui sert de pépinière à Nicolas. Là, on monte au ciel en deux gorgées, et on plane. On pourrait mettre quelques grands crus de Côte de Nuits juste à côté, histoire de voir ! Bref, les 2017, c’est du lourd chez Nicolas Rossignol, les sorties dans le vignoble aussi. La prochaine fois, c’est vous qu’on emmène !