Bourgogne 2022
Domaine Anne-Marie et Jean-Marc Vincent

« On est au sommet de ce qui se fait en termes d’agronomie, la vision en cave est limpide et les vins totalement transperçants… Mon adresse préférée en Côte d’Or, pour tout ce qu’elle représente ! » Chers membres passionnés, j’avoue ne pas être très objectif en écrivant ces quelques lignes, nous parlons d’Anne-Marie et Jean-Marc Vincent, ce couple adorable (le mot est faible) pour qui j’ai une admiration sans limite. Leur parcours de vie est extraordinaire, leur viticulture à la pointe de ce que je peux voir dans la région et la richesse de leur réflexion me rend, à chaque visite, un peu plus admiratif. C’est surtout un domaine que je suis depuis 2002, (tout comme Vincent Dureuil) et chez qui je me rends chaque année en me disant “Bon sang, mais quelle magie !” Alors vous présenter en prime de ces émotions et souvenirs, les énormes 2022, c’est forcément enfoncer une porte ouverte pour celles et ceux qui suivent le domaine depuis la création de Chais d’œuvre en 2012. C’est au début de ce mois de mars 2024 que je me suis rendu au domaine, à la fin d’une journée de dingue passée chez de grands noms de la région. La visite, comme toujours au domaine, a commencé par un petit tour dans les vignes, pour voir les avancées récentes du domaine sur les densités de plantation (les plus incroyables de la région avec celles d’Olivier Lamy) et sur les nouvelles souches qui enfantent les grands vins de demain. Le sujet du moment en Bourgogne : les porte-greffes 161 49, qui ne supportent pas le réchauffement et des vignes qui meurent à 20 ans. « C’est une remise en question permanente » témoignait Jean-Marc. Le petit tour en cave qui a suivi fut un bon moyen de se rappeler les avancées stylistiques des derniers millésimes : des pressurages d’abord, inspirés des méthodes de Jean-Marie Guffens qui mise beaucoup sur la sélection des presses. C’est assez complexe, mais en gros, si vous gardez les têtes de presse uniquement, les acidités, le relief et la pureté sont boostés. Moins de jus donc, car le reste est écarté, mais pour un résultat saisissant ! Autre point marquant des 2022 dégustés : le ressenti du bois, beaucoup moins marqué que par le passé, grâce aux fûts Pierre de Bourgogne. Une quête de pureté totalement assumée par Jean-Marc qui me disait : “je veux de l’intensité, du sel, une grande énergie, mais pas de décor autour” ! C’est exactement ce que vous trouverez dans la série, plongez dans le j’achète pour découvrir la gamme !

Bon, je vous le dis sans filtre, la gamme est une démonstration et une claque sensorielle à chaque cuvée… J’ai tout goûté à l’aveugle et me suis pris de bonnes gifles. À commencer par le Santenay Vignes Denses, vigne de 3 ans sur porte-greffe Fercal. J’ai été scotché par ce blanc qui affiche une grande salinité et un rythme fabuleux en bouche. 13,2 % d’alcool, un pH de 3,15, qui font démarrer la dégustation en mode dragster, on est collé au siège ! J’ai noté dès ce premier vin le côté plus apaisé et fin des élevages. Derrière l’Auxey-Duresses les Hautes nous rappelle que c’est là que tout a commencé. Depuis 3 ans, je souligne la dimension plus protéinée de la cuvée, un esprit concentré de certains Meursault qui propose une allonge tactile et aromatique de très grands vins. Impossible de ne pas repenser, en écrivant ceci, aux 2010 que nous mettions dans les coffrets en décembre 2012. À l’époque, personne ne connaissait ! On monte d’un ton avec l’exceptionnel Beaurepaires, que j’ai pris à l’aveugle pour le Puligny Corvée… (prière de garder ça pour vous !) Déjà sur 2021, c’était un truc de fou, le 2022 affiche ce corps racé, ce côté talque de craie qui saisit les papilles et qui étire la matière sur une persistance exceptionnelle. Franchement, le même vin étiqueté Chassagne vaudrait le double ! La démonstration en blanc sur Santenay trouve son point d’orgue avec les Gravières, vigne de très haute densité qui est un peu la note de cœur du domaine. Vin extraordinaire de présence, de coffre, c’est un Premier Cru de compétition qui, dans une série à l’aveugle, peut faire d’énormes dégâts face à des challengers nés sur des appellations stars. Le Puligny Corvée des Vignes tient remarquablement son rang, même si le Gravières a placé la barre assez haut. Vin animé de l’étincelle de craie, de grande sapidité, il est moins large que le Gravières mais file à toute vitesse en bouche, avec une allonge qui décoiffe ! Je n’ose même pas imaginer ce que l’on ressentirait si Jean-Marc possédait des Premiers Crus de Puligny dans les Pucelles ou Folatières… En rouge, grand millésime de pinot au domaine, avec un Beaurepaire aussi classe que salivant, sans dimension solaire (c’est un peu la griffe du millésime). Grain poudré, allonge superbe, il fera des étincelles dans le verre dans 3-4 ans ! Gravières est monumental, comme toujours, avec ce côté ferrugineux/sanguin qui me rappelle les Rugiens sur Pommard. Gravité ferme la marche sur 2021, avec le même panache qu’affichaient les rouges l’année dernière. 17 hL/ha… en moyenne au domaine, mais avec une concentration sublime dans ce qui est né… Avis à ceux qui cherchent des vins rares, singuliers et super émotionnels !