Castillon Côtes de Bordeaux Clos Puy Arnaud 2016
Clos Puy Arnaud

"Les Ormeaux ont placé la barre haut, très haut en 2016 mais il faut lire entre les lignes"… Voici le fond de ma réflexion, après l'immense claque infligée par la cuvée "Les Ormeaux" de Thierry Valette au Clos Puy Arnaud. Dessinée par des merlots dominants et rafraîchie par des cabernets d'une beauté éclatante en 2016, cette cuvée joue la carte de la spontanéité, du charme et de la race réunis... Elle m'a fait fondre de plaisir. Sa grande soeur, plus mystérieuse et timide à ce stade d'évolution, n'est pas en reste au contraire. En comparant côte à côte, les deux vins avec différents stades d'ouverture (un verre toutes les 15 mn), j'ai bien compris que la grande cuvée du Clos Puy Arnaud était partie pour une vie merveilleuse dans les caves de grands amateurs et qu'elle aurait elle aussi, son heure de gloire. Le millésime 2016, nous le savons, est exceptionnel. Un genre de 2010 en puissance, peut-être mieux dompté au domaine qui gère mieux les maturités et les élevages depuis quelques années. Tout comme dans Les Ormeaux, la précision est remarquable, pas la moindre forme de réduction ou de déviance, comme c'est parfois le cas sur certaines cuvées du domaine. Ici, on intensifie le spectre floral, on assombrit le fruit, on plonge dans la prunelle, la réglisse, le bois noble comme le cèdre. En bouche, la matière est forcément plus sérieuse, compte tenu de l'assemblage et de l'ambition de la cuvée mais comme pour Les Ormeaux, j'ai été bluffé par l'énergie dégagée, la minéralité, l'évolution dans le verre et le terrible goût de "reviens-y" proposé... Bref, deux quilles dégustées du domaine, deux énormes coups de coeur : un pour boire de suite et d'ici 5 ans. L'autre, pour fêter dans quelques années, le nouveau style des grands vins bordelais. Une dernière phrase pour Thierry Valette : "chapeau l'artiste", des Bordeaux comme ça, j'en rêvais la nuit !

"La crise qu'a connu Bordeaux avant la crise, en prime de celle que nous connaissons aujourd'hui, doit inciter la région à se renouveler"… Ces mots, ce sont ceux de mon ami Antoine Pétrus, avec qui j'échangeais en février sur l'avenir du Bordelais. Nous tombions d'accord sur pas mal de points : la viticulture doit évoluer et aller au-delà des attentes marketing du bio ; les vins doivent être moins extraits car les vins de notes ne sont pas ceux qui se boivent ; il faut rajeunir l'esprit des boisés de l'époque, dompter les surmaturités des merlots, encourager la proportion des cabernets dans l'assemblage. Il faut enfin "bien élever les vins" et les vendre à l'aube de leur maturité... Voilà, c'est toujours plus facile à dire qu'à faire, mais si vous voulez goûter à un des domaines qui a compris tous ces points, c'est peut-être avec ces délicieuses cuvées du Clos Puy Arnaud. Il y en a d'autres, bien sûr, mais comme dans toutes les régions, il y a des précuseurs. Thierry Valette en fait partie !