Champagne 1er Cru Extra-Brut Les Pinailleuses 2021
Domaine Hélène Charbaut

« Je veux faire des champagnes qui me ressemblent : francs, vivants, avec du fond et de l’élan. »
Chers membres passionnés,
Quel bonheur, au cœur de ce break estival, de partager avec vous une émotion récente, autour d’une jeune et pétillante vigneronne champenoise : Hélène Charbaut !
C’est lors d’un déjeuner à Paris, chez Benjamin Schmitt, que j’ai pu rencontrer Hélène — une manière utile et gourmande d’écouter son histoire et surtout de comprendre sa vision et sa trajectoire.

Son histoire a commencé à Mareuil-sur-Aÿ, au cœur de la Vallée de la Marne, dans une famille de vignerons depuis quatre générations.
J’ai compris, après quelques verres, que son parcours est d’abord une histoire de transmission, mais aussi d’émancipation personnelle et d’élan !

Formée d’abord à Dijon, puis chez Bouchard Père & Fils au pôle marketing, Hélène a découvert les codes de la grande Bourgogne, mais le déclic, l’envie de se projeter dans ce métier, est venu de son passage chez Leclerc-Briant, où elle a découvert l’univers de la biodynamie, qui deviendra le sujet de son mémoire.

Hélène a enchaîné ensuite avec un BTS Viti-œno, les bottes aux pieds, le sécateur à la main.
Et c’est chez David Péhu, au domaine Péhu-Simmonet (rappelez-vous des fameuses cuvées Face Nord base 2019 proposées chez Chais d’œuvre en 2024), qu’elle fait ses premières armes en cave.
Là-bas, elle dit avoir appris la rigueur, le respect du raisin, le travail des jus en fût, et surtout : la liberté.
David l’a poussée à se lancer, à reprendre quelques parcelles familiales à son nom.
En 2020, elle crée, avec l’appui de son papa Guy, sa propre étiquette : les Champagnes Hélène Charbaut.

Lors de ce déjeuner, j’ai découvert son style et sa vision : créer des champagnes de lieu, tous vinifiés sous bois en cave très froide, issus d’une viticulture bio (des choix qui lui ont valu quelques conversations serrées avec son papa…).
Hélène a pu sélectionner ses parcelles historiques de cœur (3 ha), à Bisseuil, Avenay-Val-d’Or et Mareuil-sur-Aÿ.
Toutes, dès son premier millésime (2020), ont été vinifiées séparément, élevées longuement sur lies, avec un usage subtil du bois pour, selon ses mots, structurer ses cuvées.
Après prise de mousse et élevage sur lattes de 3 ans, elle ne dose ses cuvées qu’au minimum, pour ne pas lisser l’impact crayeux de ses terroirs.

Et dès le premier tour de verre de la Charbauterie, ou des Pinailleuses, j’ai compris qu’il allait se passer quelque chose chez cette jeune pousse de la région.
Plongez vite dans le j’achète, pour découvrir la gamme !

Un petit mot avant de plonger dans les détails, sur ce joli coup du destin :
En théorie, tout chez Hélène était sold out, car je ne suis pas le seul à avoir flashé sur ses cuvées…
Mais un désistement providentiel d’un importateur portugais nous a permis de mettre la main sur une poignée de bouteilles, normalement introuvables en France.
C’est donc une vente pour les curieux, pour les amoureux du terroir champenois, pour celles et ceux qui veulent goûter l’éclosion d’un très grand talent.

Commençons par La Charbauterie, qui ouvre la gamme.
C’est le seul multi-parcellaire d’Hélène, lancé après ses cuvées parcellaires de départ.
Elle assemble les trois cépages : Chardonnay, Pinot Noir et Pinot Meunier, à parts égales.
Les raisins proviennent de parcelles historiques plantées dans les années 1960, réparties entre Mareuil-sur-Aÿ, Avenay-Val-d’Or et Bisseuil, sur sols argilo-calcaires.
Dans le verre, j’ai apprécié la précision aromatique, les notes de fruits mûrs (raisin, noyau, agrumes, céréales grillées) et le profil en demi-puissance de la cuvée, qui se veut vineuse, mais pas imposante.
Une remarquable porte d’entrée dans la gamme !

Derrière, coup de cœur absolu pour les Pinailleuses…
Nom choisi par Hélène et son entourage, qui disent qu’elle « pinaille » sur ces petits détails qui font les grandes différences.
Ça nous va très bien !

On parle ici d’un extra-brut à base de pur Pinot Noir, issu d’une sélection des fûts coup de cœur d’Hélène.
Là, sincèrement, j’ai vibré sur ce champagne à la fois vineux et salin, d’une grande dimension tactile, au relief aromatique complexe.
Dosé à 2,5 g, il laisse la craie transpirer au cœur d’instances de noyau, d’agrumes confits, avec ce registre d’oxydation ménagée totalement maîtrisé.
La fraîcheur induite par 2021 a donné un cœur vibrant et salivant à ce magnifique ensemble !

Enfin, un mot sur La Crayère, qui parlera aux amateurs de chardonnays de Bisseuil.
Ici, des messages plus éclaircis, avec la floralité (fleurs blanches) qui égaye la partition.
Un registre sur la peau d’agrumes, la craie, qui s’étirent au gré d’une bulle fine.
À son contact, j’ai rêvé des premiers carpaccios de Saint-Jacques que nous réserve la période d’octobre…
Pensez-y !