Champagne Extra-Brut L.P.M
Champagne Ullens

Chers membres passionnés,

Après la vente d’hier, où nous célébrions ces vignerons “auteurs” capables de faire bouger les lignes en Champagne, je suis heureux de partager avec vous une visite chez un autre micro-domaine de la région : Maxime Ullens, Belge d’origine, architecte de formation, devenu vigneron !
Dans cette région où il est particulièrement compliqué de se frayer un chemin quand on y est né, imaginez ce que cela représente quand on part… de zéro. Dans un vignoble où l’hectare vaut une fortune, où les réseaux se transmettent de génération en génération, où la moindre parcelle se négocie comme une œuvre d’art, se lancer sans héritage tient presque du défi existentiel. Et pourtant, certains s’y engagent, avec audace parfois, quitte à bousculer un peu les habitudes des voisins.
Pour la petite histoire, je l’ai connu il y a une dizaine d’années, alors qu’il travaillait aux côtés de Caroline Frey, dans la distribution des “grains” de son jardin secret (premier millésime en 2015). Puis je l’ai vu démarrer son aventure champenoise, doucement, méthodiquement, avec une détermination certaine à construire un univers bien à lui !

Et cet été, tout s’est accéléré : lors d’un apéro endiablé au 55, Olivier K., fidèle membre de Chais d’œuvre, est arrivé avec deux tirages de Maxime Ullens. On a goûté à l’aveugle, et on a tilté ! Alors avec Arthur et Florian, on s’est dit : “Il faut aller voir ça.”
Quelques semaines plus tard, nous sommes allés à sa rencontre, à Mareuil-sur-Aÿ, dans son nouvel outil de production, pour comprendre un peu sa trajectoire et connaître un peu plus ses vins. Ce qui m’a frappé d’abord chez Maxime, c’est son côté tête chercheuse. Ce besoin presque viscéral d’affiner, d’expérimenter, de repousser des frontières. Certains dans la région l’aident dans sa démarche, quand d’autres sont plus durs… C’est ainsi dans toutes les industries ! J’ai apprécié son travail autour des barriques, qui accueillent ses jus : certaines sont équipées de fonds en verre, puis en grès, pour adoucir l’impact aromatique des bois neufs. Il a testé beaucoup de choses, il a douté aussi, avant de reprendre et d’avancer.

En cave, on a beaucoup goûté sur fût et on s’est même amusé ensemble à tester les dosages : Maxime dégorge à la volée, casse la bulle, et l’on voit instantanément comment ses propres liqueurs d’expédition modèlent les contours d’un vin. Un exercice vraiment fascinant !
Aujourd’hui, nous vous proposons une sélection qui révèle les contours de son travail, la noblesse du Pinot Meunier de ses micro-parcelles de Marzilly, et les nuances qu’il parvient à en tirer. Des vins sérieux, avec déjà une complexité que les grands artisans vignerons savent insuffler à leurs débuts.

Entrons dans les détails des cuvées, avec un coup de cœur commun de l’équipe : l’Extra-Brut L.P.M (La Petite Montagne). C’est un peu la cuvée emblématique de Maxime, centrée sur le Meunier du Massif de Saint-Thierry. Vinification sous bois, élevage millimétré, dosage minimal : un Meunier à la fois ample dans sa texture, mais doté en cœur de bouche d’une tension saline qui porte délicatement la matière. Un vin bien construit, persistant, bercé d’une bulle fine !

Nous avons aussi dégusté l’Extra-Brut M — 2018. Une expression plus profonde, plus texturée, où le millésime 2018 apporte une dimension charnue, qui trouve un équilibre par le faible dosage. Aromatique subtile, un peu céréalière du Meunier, bouche crémeuse, finale nette. Un vin qui trouve, au final, un équilibre assez souverain.

Comme Maxime ne fait pas les choses comme les autres, nous avons pu déguster la gamme à l’envers… Il nous a servi sa première cuvée après les autres, histoire de dire : voilà ce qu’est la porte d’entrée du domaine. On a bien aimé cet assemblage précis, doté d’une effervescence fine, équilibre remarquable entre gourmandise et droiture. Un Brut qui coche toutes les cases du champagne contemporain bien exécuté : lisible, sérieux, un peu vineux mais accessible. Le rapport prix-plaisir est indiscutable !

Au cabinet des curiosités, il y a l’Extra-Brut N.R. pour “Non-Rosé” (oui, Maxime n’est pas Belge pour rien). Il signe un blanc de noirs plus dense, plus structuré, où la maturité de fruit s’allie à une belle tension. C’est un vin de table, construit avec beaucoup de caractère, avec un fond de noyau et d’agrumes confits.

Enfin, l’Extra-Brut Cuvée H — 2022 est une nouvelle cuvée d’auteur qui plonge encore plus loin dans la recherche stylistique de Maxime. Plus crayeuse, plus vibrante, plus épurée, la cuvée H incarne cette quête de précision qu’il a recherchée dans ses derniers millésimes. Très peu de bouteilles, mais un vin qui raconte une trajectoire. Goûtez-y !