Pomerol 2022
Château Clinet

« Et si c’était lui le plus grand de tous ? » Voici la question à laquelle les passionnés de grands Bordeaux essayeront de répondre : OUI, 2022 est une année extraordinaire à Bordeaux, un héritier, pour certains, des 1982 car né dans un rapport peau-jus très concentré. Chez Chais d’œuvre, nous avons suivi cette campagne primeur avec passion, en saluant d’abord les prouesses de la rive droite, avec Cheval Blanc, Ausone, et Angélus comme porte-drapeau d’une année immense. Nous vous avions promis une sélection concise, émouvante et passionnée de nos plus gros coups de cœur en Primeur, les voici en détail ! On ne manquera sous aucun prétexte le veloupté de texture de Clinet, ce grand Pomerol que j’aime dans les années charnelles et solaires. Les argiles aidant, le stress hydrique d’une année de ce type est limité sur ces terroirs, et permet au merlot de ne pas brûler trop d’acidité. J’ai adoré l’étoffe, le toucher de bouche, les tanins en spray. S’il n’y a pas la même minéralité que sur les calcaires de Saint-Emilion, il est impossible de rester de marbre face à ce flacon. En rive gauche, l’immense coup de cœur du moment est Haut-Bailly. Véronique Sanders et ses équipes affichent,ici, un Haut Bailly qui entrera dans l’histoire, avec un jus émouvant de sensualité et de longueur. En termes de trame, on sort de l’enveloppe onctueuse des vins de rive droite, on récupère un grain minéral, ce petit tanin graveleux et la fraîcheur des terroirs de Pessac. J’aime son côté « mine de crayon, graphite, gelée de cassis et violette ». On notera sur ce vin la délicatesse du bois, qui épouse à merveille le cœur du fruit. Très très grand Haut-Bailly qui, à mon sens, est le meilleur rapport prix-émotion de l’appellation avec l’autre trésor du millésime : Carmes Haut-Brion ! Enfin, saluons ce métronome de plaisir qu’est Lynch Bages à Pauillac, un grand domaine qui déçoit rarement. On y a gouté, c’est pas le même calibre qu’un Pontet-Canet, mais c’est extrêmement solide, on retrouve bien l’épice de Pauillac et la trame des grands cabernets dans ce vin. Écrire ces quelques lignes me rappelle les 2010 que j’ai bus chez un membre passionné de Bordeaux. Et forcément, quand on goûte à un grand Lynch-Bages à maturité, on se dit : « Ça vaut le coup ! »

Des prix haut de gamme mais un millésime extraordinaire ! Sincèrement, mon cœur de Bourguignon saigne en écrivant ces quelques lignes, mais il faut rendre à César ce qui lui appartient : 2022 est immense à Bordeaux, surtout chez les 25 domaines que nous allons vous proposer au fur et à mesure des sorties de Châteaux. Si vous n’avez qu’un millésime à acheter en primeur, c’est bien lui, on sait d’ores et déjà que les vins auront une cote extra dans quelques années et vous ne les retrouverez jamais à ces prix. Concernant les 3 vins proposés aujourd’hui, disons que Lynch est la valeur sûre, que Clinet répond aux pulsion des amateurs de Pomerol enveloppés qui va truffer ; et que Haut Bailly est l’histoire d’une sucess story comme on en voit peu. Chapeau à Véronique Sanders et à ses équipes pour ce monument !