Châteauneuf-du-Pape Piedlong 2019
Domaine du Vieux Télégraphe

La trame aérée des vins sur sables du secteur de Pignan, une précision diabolique sur la fraise au sucre, la gelée de framboise, des notes de maquis et de fleurs séchées... C’est juste magnifique ! Chers membres passionnés, voici en amont de cet été olympique, quelques millésimes de Piedlong, ce Châteauneuf version « Chambolle » dixit les passionnés du domaine, que la famille Brunier a isolé dès 2011 de l’offre du Vieux Télégraphe, pour son incroyable finesse de bouche et la floralité de ses messages. Née d’un terroir sablonneux du secteur dit “Pignan”, que tous les fondus de Château Rayas et Pignan de Reynaud connaissent, cette cuvée est accompagnée en vinification sans jamais être forcée. Le résultat dès le premier tirage en 2012 a été impressionnant, je l’avais mis dans les coffrets « En route vers les étoiles » en 2014 ! Dans le verre, c’est un style quasi bourguignon, qui combine un relief salivant et peu de sensations chaleureuses, contrairement à pas mal de vins de l’appellation. Vous retrouverez ici une petite verticale, que le domaine commercialise en direct de leur œnothèque, afin d’équilibrer leurs revenus sur l’année. En effet, toute la parcelle de la Crau a été pulvérisée par un orage de grêle en plein milieu de la période de vendanges 2022… Il n’y aura donc aucun Vieux Télégraphe sur ce millésime… Un drame absolu ! Plongez dans le j’achète pour découvrir ces millésimes que j’ai pu redéguster récemment ! Vous retrouverez aussi le Vieux Télégraphe 2021, une merveille, et le Clos de la Roquète, pépite abordable dans la sphère très réduite des Châteauneuf blancs !

Bon, commençons par Piedlong 2021, que je commentais en fin d’année 2023 en saluant la finesse de ses esters, le caractère salivant du cœur de bouche et l’enveloppe charnelle autour des tanins. C’est un des vins du millésime, aux côtés de ceux d’Arthur Mayard, qui signe lui aussi des vins taillés dans le velours. Son aîné sur 2020 est remarquable de complexité, plus complet que 2021. Il est moins « prêt à boire » que 2021, mais brille par son contraste maturité-fraîcheur. C’est là encore, une vraie leçon de finesse autour de ces grenaches ! 2019 est le plus sportif de la série : athlète de haut niveau, il est parti dans les traces du 2016 avec une race et une sève qui imposent le respect. Prenez votre temps pour l’ouvrir, les maturités des grenaches sur 2019 sont montées, et il faut laisser le temps sculpter un peu cette matière si parfaite ! 2016 à ce stade, illustre le potentiel des lieux sur une année de grande envergure… 8 ans après sa naissance, c’est le sportif au sommet de son art, celui qui combine complexité, apaisement, maîtrise, intensité, allonge… On aimerait lui donner encore 5 ans, mais vous verrez à la dégustation, ça s’évapore très très vite ! Derrière, saluons le Vieux Télégraphe 2021, qui à l’instar de Piedlong, joue la carte de la finesse ! Un millésime tardif où le plateau de la Crau ne s’est pas emballé dans les degrés ! Dans le verre, ce 2021 est bluffant, et bien mieux construit que les 2018 ou 2014, deux années que j’aime comparer à 2021 pour le profil des maturités. Sans amertume, ou aspérité qui trahirait une sous-maturité, la bouche livre une superbe partition entre fruit macéré, framboise sauvage, épices... C’est un régal, qui s’étire ensuite sur une touche fine de tomate confite. On notera la discipline des tanins, détail qui depuis 3 millésimes, s’est considérablement affiné au domaine. Autre plaisir proposé aujourd’hui, le blanc du Clos de la Roquète... Là, pas besoin de vous faire un dessin, beaucoup de membres savent que c’est une quille majeure de l’offre de Châteauneuf abordables : notes d’anis, de noyau, de fleur, de peau d’agrume et de miel… Un 2022 très réussi !