Condrieu Jardin Suspendu 2021
Domaine Pierre-Jean Villa

« Un millésime plus septentrional, peut-être le plus grand depuis les sublimes 2016 ! » Voilà ce que je pourrai vous dire sur les très beaux 2020 de Pierre-Jean Villa qui, cette année encore, nous régale de ses propositions. Depuis 8 ans désormais, nous avons vu évoluer ce grand auteur du Rhône nord que nous avons accompagné dès ses débuts, et mis dans nos différents coffrets ses fameuses cuvées Préface, Jardin suspendu, ou esprit d’Antan... Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on a eu le flair ! Pierre-Jean Villa est aujourd’hui au sommet de son art et ceux qui vont régulièrement au salon des vins d’Ampuis en janvier le savent. Revenons à la gamme, qui va partir comme des petits pains chez ceux qui connaissent et qui, comme nous, adorent le style. Je mettrai un petit accent sur les trois 2021 pour commencer, avec ce superbe Condrieu qu’est le Jardin Suspendu. Contrairement aux années chaudes qui ont parfois un peu enrobé ce Condrieu, 2021 renoue avec un équilibre frais, sans trop de glycérol ou d’hyperbole aromatique. C’est classe, nourri de fleurs, de pêche de vigne, de violette. Une quille superbe à ressortir en avril prochain sur les premières asperges ! Même constat dans le fameux Saut de l’ange, roussanne totalement addictive car très fine et savamment élevée. C’est une de mes Roussanne préférée de l’hexagone, une quille qui combine du miel, un fruit mûr et de la fraîcheur à la fois. En rouge, Préface 2021 est une syrah infusée qui n’a rien à voir avec les millésimes solaires qui l’ont précédée. Moins de puissance, moins d’alcool, mais un fruit pétant, épicé, teinté de poivre, d’olives noires, sur une bouche épurée et fine. Un beau Saint-Joseph à sortir sur une pièce de viande grillée au printemps prochain également ! Passons ensuite aux choses très très sérieuses... Et c’est pas du bluff, il suffit de lire les commentaires dithyrambiques de Bettane et Desseauve dans leur guide de cette année pour se dire qu’il se passe un truc. Vous retrouverez les deux Côte Rôtie de Pierre-Jean avec la plus docile, Carmina, dont le velouté de trame vous fera lever les yeux au ciel en vous disant « Seigneur, donnez-moi la force de ne pas boire toutes les bouteilles ce soir ! » Texture superbe, tanins moins extraits que dans les 2018 et 2019, bouche parfumée et bois à peine marqué ! J’adore ! Pour Fongeant, on rentre dans la roche, c’est plus sérieux, plus séveux... Vendange entière pour cette Côte brune, adossée à un gros millésime...ça fait forcément une énorme bombe à retardement, qu’il faut absolument mettre en cave, mais à une seule condition : être patient et avoir une cave froide et bien humide ! Comptez 8 ans avant l’arrivée du bonheur total ! Petit mot pour finir, en regardant le terroir d’avenir évident qu’est Seyssuel, on traverse le Rhône, on remonte un peu et on découvre cet éperon de roche qui plonge. D’autres grands auteurs ont compris le potentiel des lieux : Stéphane Ogier, Graeme Bott, François Villard et ses acolytes ... Entre autres. Je dirai d’Esprit d’Antan que c’est une baby Côte Rôtie, un genre de trait d’union entre les Saint Jo et les grandes cuvées. Avis à ceux qui aiment s’évader de l’essentiel de temps en temps !

Croyez vous que ce soit un hasard, si chaque année le domaine est pris d’assaut par les sommeliers, restaurateurs, cavistes ? Non, pas franchement ! Toute la production du domaine est soumise à des allocations strictes, et à l’heure où vous lisez ces lignes, tout est quasi sold out ! Bref, Pierre-Jean Villa ne rigole pas, je dirai même qu’il est au sommet de sa proposition. C’est peut-être pour ça qu’il se hisse peu à peu vers les plus hautes reconnaissances dans les guides des différents pays. Ne laissez surtout pas filer ces trésors !