Condrieu La Petite Côte 2022
Cave Yves Cuilleron

« 2022 vs 2021 en Rhône nord... qui gagne ? » Voici la question que les passionnés de Rhône nord se posent, car depuis la sortie des 2022 de Saint Joseph et Condrieu, cette comparaison entre les deux millésimes est très intéressante ! Lors de mes visites dans la région, j’ai eu le plaisir, un peu avant les autres, de goûter aux 2022, millésime si chaud, si sec, où les phénomènes de stress hydrique ont tendu des pièges aux vignerons. Mais en blanc, car c’est bien des blancs qu’on parle aujourd’hui, il y a de belles surprises et des cuvées lumineuses. Prenons cette cuvée « La Digue » par exemple, cette pure Roussanne qui fait partie de mes préférées dans l’appellation, je l’ai trouvée vraiment fine, salivante à souhait, et non écrasée par le soleil... Pourtant, sur le papier, 2022, c’est 2003... Vous retrouverez donc la dimension charnelle de cette cuvée, que le fils d’Yves Cuilleron aborde avec finesse, avec des dates de vendanges plus précoces. Dans le verre, c’est une ambiance de fruits d’été, qui se mêle à des touches d’infusion, le miel n’est pas encore là, mais il viendra. Si on le compare aux 2021, c’est un Saint Joseph certes un peu plus dense, mais on est loin du stéréotype fardé. Coup de cœur ! En matière de viognier, là encore, c’est le rendement à l’hectare, plus généreux sur ce millésime qui vient sauver les équilibres. J’ai adoré les courbes de la Petite Côte, qui gagne un peu en gras sec sur cette vendange. En repensant aux 2021, que j’aimais sur le fil tranchant de la minéralité, je me suis mis à aimer l’étoffe et la texture de ces 2022. Dans le verre, c’est le noyau d’abricot, un peu d’écorce d’agrumes, un bois discret qui se livrent à ce stade. Derrière, saluons le niveau des grandes cuvées du domaine, qui avec un peu de patine du temps, révèlent les grands terroirs de granite ! Les Chaillets font partie de ce « must have » de ma cave perso, avec un Condrieu de grande gastronomie qui affronte avec panache les comparaisons avec d’autres grands blancs de l’hexagone. Elle concentre un peu plus de sel, de matière, un boisé plus enveloppant. Là encore, 2022 est superbe ! Vernon ferme la marche de cette série très réussie, avec le caractère majestueux de ce terroir. Impossible d’en parler sans évoquer le fameux Coteaux de Vernon de Vernay, pièce maîtresse de l’appellation. Produite juste à côté, le Vernon d’Yves Cuilleron fait partie des très grands vins de l’appellation, porté en saveur par une minéralité et une puissance qui dominent tout le reste !

1€ sur le Saint Joseph, à peine plus sur le Condrieu Petite Côte... Franchement, on ne peut qu’applaudir la politique de prix des vignerons du Rhône nord, qui contrairement à d’autres, n’ont pas eu la folie des grandeurs malgré l’inflation galopante... On peut se régaler de ces grands blancs sans devoir casser sa tirelire, ils sont bons jeunes et vieillissent pas mal. J’ai par exemple des Petites Côte en magnums de 2016 dans ma cave, c’est une petite bombe ! Misez donc sur ces plaisirs si ces saveurs de fruits d’été vous comblent autant que moi. Quant aux deux autres Condrieu : Chaillets et Vernon, ces deux seigneurs qui à table, vous rappelleront qu’ils sont bel et bien, d’immenses vins de gastronomie !