Alsace Pinot Noir Bollenberg Harmonie 2011
Domaine Valentin Zusslin

“Prouver est mieux que promettre… " nous dit l’un des slogans de Vinapogée. En matière de grands vins, c’est tellement vrai ! Ici, Jean-Paul et Marie Zusslin nous prouvent, avec ces vieux millésimes de Bollenberg, que leurs vins tiennent toutes leurs promesses… De pures merveilles ! “. Chers membres passionnés, écrire ces quelques lignes autour des 2011, 2012 et 2013 du Domaine Zusslin, c’est faire un bon de 5 ans en arrière et se rappeler une soirée d’anthologie à l’atelier, où nous avions servi en magnums et jéroboams ces pinots noirs fabuleux du domaine. À l’époque, nous soulignions déjà la trajectoire des grands pinots d’Alsace et leur légitimité au cœur des plus grands pinots noirs du monde ! Aujourd’hui, je réaffirme cette intuition et signe en dessous : les vins du domaine dépassent largement le fruité glorieux de leur jeunesse, ils tiennent toutes leurs promesses à l’évolution, comme l’attestent ces 3 millésimes que j’ai pu re-déguster avec Marie lors d’un salon à Paris. Commençons par 2013, ce millésime si tardif, si compliqué sur le papier… En redécouvrant les 2013 Harmonie, franchement, j’ai pris une énorme claque. Un pinot tout en floralité, expansif, salivant, drapé d’une trame quasi volnaysienne. Pas le moindre trait végétal, un fruit préservé et poudré où se glisse un très léger réveil automnal des saveurs… Franchement, ce vin fut le highlight de ma journée alors qu’à la table d’à côté, Jacques-Frédéric Mugnier alignait un Musigny 2014... Mais revenons à nos Bollenberg et à Harmonie 2012 où j’ai retrouvé une partie des souvenirs que j’avais de ce millésime servi lors de nos soirées membres : un pinot plus charnel que le 2013 mais plus automnal. L’humus, les feuilles séchées, quelques touches de thé noir prolongent les notes de noyau et de cerises sombres de ce vin. La trame de bouche étonne par sa jeunesse mais séduit par sa finesse. Il était moins évanescent le jour de la dégustation que le superbe 2013 mais franchement, on chipote ! 2011 ferme cette verticale et enfonce le clou. Il était absent de la dégustation faite à Paris mais j’ai retrouvé par chance une bouteille entre-temps, et l’ai dégustée sans attendre. Millésime parfois végétal (géranium), notamment pour les pinots de Bourgogne, ce 2011 est une réussite du millésime, un vin qui échappe aux idées que se font les vrais passionnés de pinots sur cette vendange. Des instances de sous-bois et de cèpes rejoignent le spectre de baies acidulées de ce flacon : le cassis en tête. En bouche, c’est un pinot fondu, prêt à boire, sans tanins, qui appelle des chairs fines, comme du veau, contrastées de quelques girolles et d’un jus court. Là encore, le Bollenberg détourne l’attention et rappelle qu’au cœur de l’offre des beaux pinots du monde, il est là, fier, aux côtés des grands pinots bourguignons !

Ces millésimes à parfaite maturité, en provenance directe de la cave du domaine, sont une véritable bénédiction pour les passionnés du club qui ne veulent pas attendre 10 ans pour se régaler. Ils seront, dans bien des situations à table, des alternatives de choix pour sortir de la Bourgogne et pour surprendre quelques amis passionnés. Car oui, l’Alsace s’impose comme le terroir d’avenir du pinot noir. Elle le prouve chez nombre de domaines connus (Mann, Muré, par exemple) mais aussi chez d’autres qui, chaque année, poussent le curseur un peu plus loin. On notera au passage le fait que deux Grands Crus viennent d’autoriser le pinot noir dans la région. D’autres vont sûrement suivre… Alors, que vous connaissiez déjà ou que vous soyez curieux, goûtez à ces trésors de la région, vous verrez que la promesse est largement tenue ! Chapeau à Marie et Jean-Paul Zusslin pour ces merveilles !