Latricières-Chambertin Grand Cru 2020
Domaine David Duband

« La fin de l’abondance et de l’insouciance »... Chers membres passionnés, si vous lisez ces quelques lignes, c’est que vous faites partie de nos Burgundy lovers et que vous avez déjà croisé dans un verre, lors de masterclasses ou en soirée, les délicieux vins de David Duband. Ce brillant interprète des Hautes Côtes, qui a déployé dès les années 2000 son savoir-faire sur de belles appellations de la Côte, est un des vignerons bourguignons que j’aurais le plus suivi, le plus commenté de ma carrière. J’ai tout connu chez lui : ses débuts, ses galères, ses hésitations, son évolution stylistique à l’aube des années 2010, le passage en bio, ses succès (avec une mise en orbite il y a quelques années par la RVF). Voici la vingtième vendange que j’ai eu la chance de commenter chez ce domaine car je servais, au début de ma carrière, les 2000 lorsque je travaillais au Georges V... Aussi inspirant que sympathique, David garde la tête froide quand on le rencontre, même si on sent une certaine “ tension ” sur le marché en Bourgogne... La période post-covid, l’inflation, la pression créée par le manque de vins en 2021 perturbent fortement les mentalités dans la région. Certains doublent ou triplent les prix, d’autres ne pensent plus qu’aux NFT et à leur popularité sur Instagram... C’est bien dommage pour cette région, qui, malheureusement, nous échappe un peu plus chaque jour et c’est, d’une certaine manière,« La fin de l’abondance et de l’insouciance »... Allons-nous pouvoir continuer à les acheter ? Pour en revenir à David, impossible d’écrire ces lignes sur les 2020 sans repenser à la belle dégustation cette année de l’Union des Gens de Métier. Au milieu d’une cinquantaine de domaines tout aussi légendaires les uns que les autres, David présentait quelques bouteilles, avec ce style fin, ces robes rubis, ces nez poudrés et floraux, à peine épicés avec des touches d’orange sanguine... Quelle classe, quel style, perso, j’adore, surtout quand les vins arrivent à 6-7 ans ! Avec les 2020, David frappe fort, le niveau des villages est excellent, les icônes en Premier Cru comme le Clos Sorbè (Morey) et les Sentiers (Chambolle) confirment le panache des terroirs au cœur de cette vendange chaude et précoce. Quant aux Grands Crus, les passionnés de délicatesse et de parfums intenses n'ont d’yeux que pour les Charmes et Latricières dont la finesse crée le frisson. L’Echezeaux tient également son rang ! Côté prix, ça monte un peu, mais on est loin du délire des autres domaines dans la région... heureusement ! On saluera le sang-froid et la sincérité de David qui pense avant tout à ses clients historiques. Plongez-vous dans le “ j’achète ” pour découvrir la gamme.

5 villages, 5 superbes plaisirs à aborder d’ici 2-3 ans. On ne dira pas la même chose sur certains millésimes, comme 2011, ou 2013, quand les maturités étaient un peu justes mais dans de belles années comme 2020, même les villages sont délicieux chez David Duband. Si on compare ce millésime à 2019, le match entre ces deux belles années est serré . Disons qu’on a une perception supérieure de relief salivant dans les 2020 qui combinent une grande maturité avec de grands équilibres de fraîcheur. Si 2019 était plus séducteur en jeunesse, je pense que les 2020 iront plus loin dans le temps. Pour en revenir à la gamme, vous plongerez dans le noyau, les fleurs, la pivoine dans le Gevrey, charnu à souhait et fin en finale. Sur Morey, on corse un peu la sève, le relief paraît plus épicé, c’est un village assez accessible, malgré le caractère plus trempé du secteur de Morey. Dans 3-4 ans, quand il se sera dégourdi les jambes, ce sera une belle bouteille d’automne ! Son concurrent direct est le Nuits Village qui, sans afficher la même trempe que les Thorey, restitue déjà une belle empreinte de Nuits qui, cette année, n’a pas grèlé ... Chambolle et Vosne sont forcément incontournables, même si les prix de ces derniers ont grimpé sévèrement. Finesse et éclat dans le Chambolle, au toucher de velours, volupté, profondeur et allonge supérieure pour le Vosne. Ici, le message aromatique est plus sombre, la trame plus tellurique mais c’est la classe. Un genre d’osmose entre le jour et la nuit nous dirait Victor Hugo ! L’émotiomètre fait un bon en avant quand on attaque les Premiers Crus ... Le Clos Sorbè est un must sur Morey, si vous aimez les vins au caractère minéral affirmé. Ici, ce n’est pas que du fruit et des fleurs, c’est aussi des sensations liées au sol qui s’invitent avec plus de persistance et de parfums que dans les villages. Il faut l’attendre 6-7 ans en moyenne sinon, ce sera la sanction. A titre perso, j’adore toujours les « Aux Thorey » sur Nuits, car c’est un Nuits coté sud qui s’assume. De la race, de la puissance, une sève de grand Nuits Saint Georges adossées à un fruité succulent et à une profondeur aromatique remarquable. Attention, c’est un petit capricieux jeune, j’ai ouvert récemment un 2018 qui m’a gentiment fait comprendre qu’il était trop tôt. Dans Les Sentiers, vous regarderez le ciel en vous disant « mamamia »... Le meilleur de la finesse de Chambolle, avec dans ce Cru qui épouse les Bonnes Mares, une dimension de super Premier Cru. Avec ceux de Nicolas Groffier, c’est le vin que je ne manque jamais chez David pour ma cave perso. En Grand Cru, les personnes qui ont bu le 2012 à l’aveugle en masterclass (face à des Chambertin et Clos des Lambrays) se jetteront sur le Charmes, un vin de puissance aromatique et non tactile. On salue toujours la persistance, le poudré, la classe de ce vin au charme ravageur. Dans les Latricières, là encore, ça pulse, on sent la proximité des Clos de la Roche... Ce côté haut de la route des Grands Crus, où les messages sont intensément plus longs que de l’autre côté... plus d’allonge, de sapidité, de terroir en sensation, ici on rajoute du fond à la puissance aromatique.. Quille magique, vendue pas si chère que ça si on les compare à ceux de Trapet (qui a triplé les prix de Grand Gru en 5 ans). Bouquet final avec l’Echezeaux qui, chez David, a toujours été un succès. On change de gamme aromatique mais le curseur d’intensité ne faiblit pas... Si ce n’est pas le Grand Cru le plus ébouriffant de Vosne, ça reste quand même un immense terroir... Offrez-lui 10 ans et servez-le à maturité dans de grands verres Zalto Bourgogne. Décollage garanti !