Jéroboam Châteauneuf-du-Pape Œnothèque 2011
Château de Beaucastel

« Deux immenses millésimes, qui sont les témoins de la grandeur de Châteauneuf du Pape et du savoir faire de Beaucastel ! Certains d’entre vous étaient là, c’était il y a 10 jours à Vinapogée, ce superbe salon dédié à la cause des grands vins à maturité. J’ai eu le plaisir ce jour là, d’animer pour une quarantaine de personnes une Master Class sur l’évolution des grands vins. Il y avait de très belles choses, comme un Clos des Grives 1996 de Combier, des tirages de Mémory d’Alfred Gratien 1998 (superbe champagne d’Automne) , où comme ici, quelques millésimes à point sortis tout droit de l’oenothèque de Beaucastel. Franchement, ce fut une démonstration et une émotion telle, que nous avons immédiatement appelé le domaine le lendemain pour partager avec vous ces coups de cœur. Nous avons commencé avec le 2011, juste parfait aujourd’hui. Ce millésime qui fut bercé en arrière saison, d’un bel été Indien. Les cépages tardifs, dont la mourvèdre fait partie ( 30% au domaine) ont posé les fondations de cette grande bouteille, sans pour autant générer trop de sensations chaleureuses. Jeune, c’était un récital complexe d’épices, de bleuets, de pierres chaudes, et de zan... A maturité, c’est un Beaucastel truffé qui se livre, avec une très noble et lente évolution. J’ai beaucoup apprécié dans ce millésime, le caractère cintré de la matière : de la puissance mais de la tenue. Pas de sucrosité en sensation, des épices, un peu de tomate confite, avec la note truffée derrière. Côté tanins, tout paraît apaisé, et fin, même  si le potentiel à venir est encore superbe. Toutes les personnes qui y ont goûté ont eu ce même ressenti : « une classe absolue ! » Derrière, nous avons ouvert les très beaux 2007 du domaine : une année sublime dixit les Perrin, dont l’architecture s’est faite sur des journées chaudes et des nuits fraîches : un cocktail qui généralement, forge des vins de rêve ! Jeune, j’en ai quelques souvenirs, c’était une boule de nerf, un peu comme on déguste les 2016 ou 2019 en ce moment... Mais la promesse de Beaucastel est bien celle du temps long, et de la complexité. A ce stade, 2007 a une vertu majeure : il conserve un fruit jeune, intact, ce côté cerise à noyau, que des tonalités d’herbes séchées, de poudre de tomate et de viande un peu fumée viennent compléter. En bouche, quelle dimension, quel plaisir charnel et salivant à la fois ! La puissance passe avec distinction, on a un peu plus la signature chaleureuse dans ce 2007 que dans le 2011, mais tout est magnifiquement présenté : les tanins sont poudrés, la sensation d’équilibre en bouche impose un long silence. Pas de truffe (pour le moment) dans ce Beaucastel, son éclatante jeunesse le préserve encore de l’évolution automnale !

Sincèrement, le niveau des vieux millésimes présentés par Beaucastel ce lundi 17 Janvier, a remis sérieusement « l’Eglise au milieu du village » comme on dit ! Même Hervé Bizeul, avec qui je discutais deux jours après le salon me disait : c’est du lourd les flacons présentés par Beaucastel, du très haut niveau ! On était d’accord ! Si vous avez comme moi, un enfant qui est né en 2011 (ou 2007)  où que vous ne savez pas encore ce que vaut un Beaucastel à maturité « sorti de l’oenothèque » (j’insiste sur ce point de la conservation au domaine) alors foncez.  Franchement,  quand on boit ça dans de beaux verres, et que le temps d’une gorgée on mette  en relief : l’histoire exceptionnelle de ce domaine, son engagement BIO (dès les années 50), et la superbe proposition sensorielle des vieux millésimes, alors comme tout le monde, on applaudit ! Perso, j’ai vibré, un immense coup de cœur pour ces deux millésimes !