Côte-Rôtie Les Grandes Places 2022
Domaine Jean-Michel Gerin

« 2022 signe le grand retour des syrahs voluptueuses du domaine qui rappellent dans leurs courbes sur le millésime, les remarquables 2020 ! En blanc, le domaine brille dans les années où les viogniers n’ont pas trop chaud, c’est le cas des 2023 ! Les Eguets est un Condrieu de haut vol ! » Chers membres, chaque année à cette période c’est la même excitation au bureau. On sait que la plupart des beaux domaines de Côte-Rôtie sortent leurs trésors après deux ans de cave et notre plus grand plaisir est de les comparer, côte à côte, en sondant la structure du millésime. Et c’est forcément avec un peu d’excitation que s’écrivent ces quelques lignes autour de 2022, héritier des 2020 à mon sens dans l’appellation. Si l’été a été chaud et précoce, je trouve que les degrés sont restés en phase avec ce que j’attends de ces terroirs ventés et septentrionaux de la Vallée du Rhône avec, au final, des syrahs bien mûres mais qui n’ont pas eu trop chaud comme en 2018 ou 2019. Après avoir commenté donc les trésors de Pierre-Jean Villa (magnifique Fongeant), celles de Duclaux (ne ratez pas Maison rouge) et en attendant les 2022 de Jamet (prévus en décembre), voici celles de Jean-Michel Gérin qui exploite avec ses enfants certaines des plus belles parcelles de l’appellation ! Les fondus du domaine ne manqueront pas le rapport prix-émotion fabuleux de Champin Le Seigneur, cette Côte-Rôtie de velours qui, dans ce genre de millésime, fait un câlin aux papilles en distillant un fond de violette et poivre sombre. Dans ce vin qui fait rarement des caprices en jeunesse, j’adore la suavité de l’attaque, le rythme acidulé et la tendresse tannique qui permettent une ouverture assez rapide pour cette cuvée. Pour la Viallière, l’immense terroir situé sous les Grandes Places dans la partie nord de l’appellation, ce sont les schistes qui appuient l’intensité minérale, par des touches de graphite, de fusin, avec une pointe fumée et quelques notes d’un élevage rondement mené. Là, clairement, il faut offrir 4-5 ans à ce flacon pour qu’il se déploie. Je bois en ce moment des 2015 du domaine, de ma cave perso, et je peux vous dire que ce lieu-dit vaut vraiment le détour dans la gamme du domaine !
Toujours dans les parcellaires, vous retrouverez Côte-Bodin qui, après quelques millésimes, trouve ses marques au domaine. Nous vous le présentions il y a trois ans dans notre coffret «Terroirs de légende». Aujourd’hui, les boisés sont mieux intégrés dans ce vin de grande stature, qui se livre avec un peu plus de puissance que Viallière. Les Grandes Places et la Landonne sont, à mon sens, des Grands Crus de Côte-Rôtie... D’expérience je sais que, quelque-soit la structure du millésime, ces vins finissent toujours par bluffer ceux qui les ouvrent, à l’instar d’un Chambertin ou d’un Clos de la Roche en Bourgogne. C’est le terroir qui pousse et qui dessine l’allonge gustative, ici sur fond de fusain, d’olive, de pétale de violette. Les 2022 seront stratosphériques, c’est certain… On aimerait déjà accélérer le temps pour les voir s’épanouir ! Les Grandes Places affiche une trame racée, un corps athlétique et une allonge de folie. La Landonne joue de son volume et de sa trame exquise de veloutée en attaque, pour doubler les Grandes Places en finale par sa longueur. Côté Condrieu, vous retrouverez deux propositions qui parleront à celles et ceux qui aiment les viogniers tempérés dans leur aromatique. La Loye affiche des vertus apéritives excellentes, un dynamisme et une floralité qui posent déjà les bases des plaisirs du millésime (assez beau en Condrieu). Les Eguets (ex parcelle de Cuilleron) est un Condrieu de plus grande dimension avec un coffre et un volume qui font lever les yeux au ciel !

Bon, après un j’aime particulièrement long, je vais être court sur le j’achète ! On parle là d’une adresse « métronome » de l’appellation qui, en 20 ans de sommellerie, ne m'a jamais déçu ! Champin fait partie de mes achats annuels de l’appellation car le rapport prix émotion est sublime. C’est une cuvée qui vieillit admirablement (goûtez aux 2005 en ce moment, c’est une folie). Les parcellaires seront à la hauteur de leur pédigrée, le millésime est franchement de haut vol. En bouteilles, magnums et même jéroboams, vous ne vous tromperez pas sur ces flacons qui ont largement démontré leur potentiel et leur fabuleuse complexité avec quelques années de bouteille !