Ermitage Le Pavillon 2007
Maison M. Chapoutier

« 11 cuvées à goûter absolument au cœur de la galaxie des vins de Michel Chapoutier… Chacun illustre à merveille le terroir qui le fait naître, avec un crescendo sensoriel qui tourne au grandiose au moment des parcellaires classées 3 étoiles. Cette année ! Une très très belle surprise sur Collioure également ! »

Chers membres passionnés, chaque année en septembre se tient au Pavillon Ledoyen la grande dégustation annuelle de tous les vins de Michel Chapoutier. Tous ! Sans exception ! C’est chaque année une occasion unique de survoler la gamme des vins en propriété du domaine que nous suivons avec passion depuis la création de Chais d’œuvre, et de pointer du doigt les véritables trésors qui valent le coup ! Ces quelques lignes sont donc un concentré des vins que j’ai adorés, et pour lequel je suis prêt, à titre perso, à faire quelques folies !

Commençons par saluer une très belle surprise de la gamme, qui offre un rapport prix-plaisir franchement canon : le Saint-Péray « Hongrie ». Depuis quelques années, j’observe l’évolution de ce grand blanc de marsanne, qui nait sur la partie argilo calcaire de l’appellation, tout près de Crussol. C’est là que la famille Voge, entre autres, signe son grand blanc ! C’est un trésor sensoriel qui offre un contraste admirable entre volume et tension. Habillé d’une très fine patine d’élevage, il surfe sur un trait de miel, de plantes, de pêches de vignes, sans tomber dans les travers d’amertumes de fin de bouche que l’on a souvent sur des marsannes de ce secteur. Beaucoup de sel vient rythmer le cœur des papilles, on profite d’un cœur de bouche pas trop riche et digeste à souhait, c’est un coup de cœur auquel je ne m’attendais pas !

Derrière, le métronome « Chante Alouette » arrive sur 2021, millésime froid qui sied à merveille aux blanc de l’hermitage. J’ai adoré ce grand blanc de texture dont l’enveloppe charnelle est bercée de fruits pochés, de miel, avec le caractère amendé-pâtissier de son élevage. C’est un vin qui plonge l’amateur dans les travers de l’automne.

Avant d’évoquer les deux Hermitage, j’aimerai souligner le superbe grenache gris sur schistes de Collioure baptisé « Chrysopée ». C’est en se rendant en vacances dans ce merveilleux village de la Côte Vermeille que Michel Chapoutier est tombé à la renverse en voyant la qualité de ces terroirs de schistes en terrasses. Un écrin merveilleux pour le grenache gris, qui puise dans la proximité marine une partie de sa complexité. Ici, un peu comme dans la cuvée L’Âme du Clos Saint Sébastien (coup de cœur de l’année 2023 dans la région), on retrouve ce cépage magique quand il connaît une fermentation sous bois, avec un beau volume, des notes de poivre gris, de citron, de fruits à coques, avec une patine très élégante d’élevage. En bouche, il déclenche une avalanche de salivation, tant son cœur est animé de la minéralité des schistes. Le contraste entre texture et longueur salivante est stupéfiant ! Une quille à goûter absolument !

Pour finir au cœur du réacteur, applaudissons le niveau des blancs 2017 sur le Méal et L’Orée 2017. Un millésime mur qui offre au Méal une grande envergure gastronomique époustouflante. Un vin tapissant, puissant mais cintré par la minéralité, qui déroule sa partition sur une immense de longueur ! C’est le concurrent direct d’un Bâtard-Montrachet !

L'Orée 2017 est tout aussi savoureux, mais sculpté différemment. Son profil plus fuselé laisse transparaître une énergie minérale fabuleuse, on a moins de sensations d’ampleur que sur le Méal, mais la complexité est sublime : plantes, pointes de miel, encaustique … J’ai même pas craché !

Un petit mot sur le Condrieu Chéry (2 pièces au domaine), qui m’a scotché par son étoffe et son aromatique à la fois généreuse et canalisée. Si la cuvée est positionnée haut de gamme, elle prouve avec ce nouveau millésime qu’elle peut rivaliser avec un coteau de Vernon de Vernay. Sa classe, son envergure, sa persistance ne laissent aucune ombre, c’est le plus beau millésime dégusté jusqu’alors au domaine sur ce terroir.

En rouge, coup de cœur pour Barbe-Rac 2020, grenache flamboyante qui ne connaît que la cuve béton. Son relief sur la framboise sauvage, la tomate séchée, la petite touche fumée m’ont conquis.

Même émotion pour l’inattendu Saint Joseph « Le Clos » superbe de complexité sur des nuances cendrées, fumées, avec un fond d’olive et de poivre sauvage. Je ne m’y attendais pas, et il a fait de l’ombre aux ermitages rouges qui suivaient ! Goutez-y !

Enfin, vous retrouverez Serrus (best seller du lab d’été), superbe syrah de Châteauneuf en grappe entière, qui prend des accents de Rhône nord sur la violette, l’épice, le poivre, le tout livré dans une trame de velours. Son rapport prix plaisir est dément !

Pour les collectionneurs, Pavillon 2007 et Ermite 2011 sont des monuments, deux Ermitage qui tutoient des Pauillac ou Chambertin par leur complexité, leur fondu de tanins, et leur relief graphite minéral. L’Ermite est un vin à boire au moins une fois dans sa vie, on parle ici de francs de pieds sur la partie haute de la colline… De la pure magie !

Bon, avec un j’aime aussi long, je ne vous embête pas plus dans ce j’achète. Je tiens à souligner que ces vins reflètent avant tout mes goûts personnels…

Misez sur le Collioure ou le Saint Péray pour la découverte, les autres sont des icônes de la gamme du domaine… Je salue simplement les équilibres des derniers vins du domaine, qui ont permis en septembre 2025 au domaine, de retrouver les 3 étoiles RVF. Vous comprendrez pourquoi à la dégustation !