Ladoix 2020
Maison Philippe Pacalet

Quelle visite fascinante, quelle journée... On a beau dire ce qu’on veut, et s’énerver face à l’inflation galopante des prix des grands vins de Bourgogne, cette région reste unique, et produit assurément en ce moment ses plus grands vins. Cette réflexion, je me la faisais en visitant fin février, Monica et Philippe Pacalet pour un plongeon dans la cave, dans l’histoire du domaine, et surtout, dans une série de grands vins qui m’ont donné des frissons. Je me rappellerai très longtemps de cet instant ! Nous étions avec un groupe d'importateurs du monde, venus écouter le récit et la vision de cet homme assez à part, pour qui la viticulture est un artisanat. Un artisanat « haute couture » même, qu’il défend autant que ses méthodes de vinification ancestrales, qui forgent des vins de longue garde. Élève de Marcel Lapierrre, agronome hors pair, il nous a livré une somme incroyable de détails sur son approche, son style et sa vision. J’ai été frappé par la similarité du discours entre lui, et Emmanuel Reynaud à Rayas. Tous deux défendent le goût intense de raisins bien mûrs, une vinification douce en grappe entière, et surtout le temps long si nécessaire pour exprimer un style. Tous deux font le choix de commercialiser leurs vins avec un peu de recul, alors que la plupart des domaines de Bourgogne ou Châteauneuf, ont bientôt fini de vendre leurs 2021. Il faut dire qu’une telle vision, un tel style sur le pinot, appelle à un peu de patience. J’aime comparer cette empreinte, à celle d’Yves Confuron, qui lui aussi, défend cette idée des grands vins de Bourgogne. En blanc, Philippe a sa recette, tout est pressuré en grappe entière, avec un savoir faire au pressoir qui permet d’aller chercher tous les composés des peaux. Ses cuvées ne sont pas juste variétales, mais riches de sensations qui hissent la profondeur et la complexité bien plus haut. Ce savoir-faire permet de vinifier l’ensemble des vins sans SO2 pendant la phase d’élevage, ce qui rend la dégustation encore plus impressionnante.
En rouge, la patte est reconnaissable entre mille, le fils conducteur est là depuis les villages, jusqu’au plus étourdissantes cuvées, comme les Bressandes en Corton où son magnifique Echezeaux. Nous sommes fiers de pouvoir vous proposer aujourd’hui, une poignée de bouteilles issues de l’oenothèque du domaine. C’est très haut de gamme, mais franchement, dans le verre, on en prend plein les papilles ! Plongez vous dans le j’achète pour découvrir la série !

Commençons ces quelques lignes autour du Chablis Beauroys, qui est un premier cru avec les habits d’un grand cru. Beaucoup de minéralité, un contraste iodé, marin, qui jouxte avec la craie. Beaucoup de peau d’agrume viennent en renfort, on sent la patte du pressurage pour aller chercher l’âme des lieux. Derrière, j’invite les curieux à regarder de près le Ladoix blanc du domaine, une appellation qui pose le style Cote d’Orien de Philippe. Beaucoup de panache sur les 2020, millésime que j’adore en blanc, qui prend plus de rythme et de sapidité que les 2018 que nous avions présentés. Dans le verre, beaucoup de fleurs blanches, un peu de craie, de châtaignes et de nefles. J’adore l’idée de faire reconnaître un peu plus certains secteurs de Ladoix, bien plus réputés en rouge... Mais il y a des trésors, un peu comme dans chaque village de Bourgogne d’ailleurs. Pensez-y si vous voulez découvrir le savoir-faire maison. En montant dans les tours, le duo Meursault-Puligny est magnifique. Choisir entre les deux est un crève-cœur, tant le Puligny brille par son relief minéral, sa pointe d’agrume et de cédrat, avec peu de bois en perception. Il a moins d’épaisseur que le Meursault, mais plus de cœur salivant. Il est pour les puristes ! Dans le Meursault, on ne s’étale pas sur la table quand même... On presse fort au domaine, on bosse la réduction fine, et surtout on tire le sel. Dans le Corton Charlemagne, c’est plus la même conversation, on monte de 3 étages en densité, en sel, en longueur. Grosse concentration aromatique, sans pour autant tomber dans le confort d’un boisé facile, c’est un vin qui annonce une trajectoire fabuleuse, mais qui se laisse approcher. Côté prix, ça décoiffe sérieusement, mais voyez-y la quintessence du savoir-faire maison, et surtout des choix d’hyper qualité pour lesquels Philippe est intransigeant. Vous noterez beaucoup de salinité dans le cœur de bouche pour ce vin qui est aussi salin qu’étoffé.
En rouge, les 2019 sur Nuits et Pommard font une entrée fracassante sur scène. Ambiance vendange entière of course, portée par le menthol, le noyau, les fleurs, mais avec la grâce tactile de ce millésime d’anthologie. Le Nuits est un poil plus épicé, le Pommard plus tellurique et floral, à vous de choisir parmi ces deux vins déjà éblouissants, mais encore jeunes ! Quand on boit les 2015 en ce moment, on a hâte de les voir vieillir. Pour celles et ceux qui n’ont jamais bu le Bressandes en Corton, voyez-y une des plus grandes bouteilles de Côte de Beaune. De quoi cocher des cases parmi les vins de légende !