Saint-Joseph Préface 2023
Domaine Pierre-Jean Villa

« Une des plus belles visites de l’année 2023, avec à l’époque, les premières esquisses en barrique de l’immense millésime 2022 en rouge. En blanc, les 2023 sont sublimes, portés par un millésime qui n’affiche pas de glycérol et de la classe ! Le Rhône Nord comme je l’adore ! » Chers membres passionnés, cela fait plusieurs mois que nous attendions avec impatience, la sortie des nouveaux millésimes de Pierre Jean Villa. En écrivant ces quelques lignes, je me revois en juin dernier au domaine, en train de faire le tour des barriques du domaine au cœur de cette cave flambante, moderne et spacieuse, qui a accueilli son premier millésime avec la vendange 2022. Au-delà de l’esthétisme, et du côté « pratique » de l’ écrin que j’ai découvert ce jour-là, j’ai été frappé par la précision et la pureté des vins du domaine dans ce millésime. Comme si la cave, in-fine, avait un impact significatif sur ce genre de détails. Ce jour là, nous avons été accueillis par la fille de Pierre Jean, Pauline, une jeune femme solaire, pleine de panache qui assure avec son frère Hugo, la relève derrière leur papa. Après un petit tour de cave, nous sommes passés aux choses sérieuses, avec quelques coups de pipette et une série de bouteilles qui nous ont fait planer. Vous trouverez dans le j’achète, la description totale de la gamme, mais en guise de teaser, je vous le dis et signe en dessous : c’est du très très haut vol, la progression de Pierre Jean depuis 3 millésimes en rouge, est une des plus impressionnante en Rhône Nord. Et que dire des blancs, d’une régularité sans faille. 2023 enfonce le clou sur ces ressentis, jamais le domaine n’a été aussi précis dans cette couleur. Une série magique !

Commençons cette série avec les blancs 2023, et quelques rouges, qui racontent le potentiel de Seyssuel, ce terroir ressuscité par quelques grands vignerons, dont Pierre Jean fait partie. Avant tout, 2023 est une année superbe en Rhône Nord : les blancs ont de la classe, pas de richesse glycérolée, on échappe aux stigmates de certains millésimes où de petites amertumes et chaleurs s’installent en finale de bouche. Esprit d’Antan est le premier témoin de ce phénomène, puisque le viognier est ici tempéré dans sa puissance et son aromatique par le terroir. On quitte ici l’habit d’abricot et de pêche de vigne, pour un concentré de zestes d’agrumes, avec de l’orange orientale. Les vignes sont encore jeunes, mais quelle superbe introduction au savoir-faire maison. « Jardin Suspendu » est et restera ce grand condrieu qui a fait connaître Pierre Jean dans la région. J’ai toujours adoré cette cuvée, même si parfois comme en 2018, Pierre Jean s’était fait prendre par les maturités. La nouvelle cave et l’arrivée des enfants au domaine, a permis d’affiner considérablement l’équilibre des vins, ce qui pour un vin de Condrieu, est primordial ! Celui-ci conjugue le confort et la salivation des blancs que j’aime boire dans l’appellation, on retrouve cet univers de noyau contrasté par la peau d’agrumes, avec comme enveloppe fine et gourmande, la patine des élevages en demi muids. En rouge, impossible pour les amateurs de Saint Joseph, de manquer Préface 2023. Ce vin bien connu des abonnés aux coffrets mensuels, est un métronome de plaisir dans l’appellation. 2023 est moins dense que son aîné, il affiche une décontraction qui peut faire faire des bêtises, comme l’ouvrir sauvagement à l’improviste. Franchement, le millésime est moins dense que son aîné, et ce moment peut bien se passer, mais avant cela, offrez lui un peu d’air. Derrière, mon plus gros coup de cœur sur Seyssuel fut l’Esprit d’Antan rouge 2020. Je pense sincèrement que les 2023 seront de cette trempe. Dans le verre, c’est une syrah suave, au grain de velours que les schistes de ce terroir étirent en persistance. Un peu fumée, habitée de poivre, de graphite, elle tend à faire de l’ombre aux côtes-rôties ! Les côtes-rôties Carmina et Fongeant trônent au sommet de la gamme. J’attendais 2022 avec impatience, car j’avais déjà eu en élevage, une feeling très particulier autour de ces deux trésors. Carmina est comme toujours, la plus tendre des deux cuvées, qui irradie de parfums le verre. Il convient de lui donner 3-4 ans de cave, pour profiter totalement de son spectre, mais diable que c’est bon ! Fongeant, qui accueille pas mal de vendanges entières depuis quelques années, est une œuvre d’art liquide, peut être un des vins qui me fait le plus vibrer dans l’appellation. C’est un grand cru déguisé, qui vous transperce de haut en bas par la minéralité qu’il déploie. Une foudre liquide, qui ne laissera aucune chance aux flacons servis derrière. Seul problème, il faut l’attendre un peu, 7-8 ans serait idéal pour ce 2022 de très haut vol !