Corse Figari 2018
Clos Canarelli

Alors C'EST QUI LE PATRON ? On s'est bien marré la semaine dernière chez Chais d'oeuvre, en organisant une méga dégustation à l'aveugle de vins du sud de l'Île de Beauté. Au milieu d'une bonne trentaine de rouges, dont le niveau il faut l'avouer, était excellent, 3 sont sorties en tête : Clos Canarelli Alta Rocca, Clos Canarelli rouge, et Tarra di Sognu rouge ! Leur point commun, leur auteur, le génial Yves Canarelli, qui sublime depuis tant d'année aujourd'hui, ses terroirs argilo-granitique de Figari. Dans ce rouge 2018, le cocktail reste le même et détonne toujours autant : la forcé épicée est apportée par le Niellucciu, la suavité et la floralité par la Syrah. L'ensemble est rafraîchi par le vent d'un terroir frais exposé nord-ouest sur socle argilo-granitique. La vendange 2018, assez fraîche en Corse a acentué les traits et la finesse de ce vin. On aurait voulu l'imaginer cette bouteille, on aurait pas pu ! Pour ceux qui découvrent, nous parlons avant tout d'un génie de la viticulture insulaire, dont les vins sont délicieux jeunes, mais aussi transcendants à maturité ! Dans ce 2018, vous retrouverez la force de caractère de l'assemblage, un vin unique et séveux qui ne ressemble à aucun autre. Ses touches de fruits du maquis, un rien musqué en jeunesse sèment le trouble, on a beau chercher, il n'a rien de connu ou de similaire. Il intrigue. En bouche, sa trame renversante de tanins ne laisse aucun doute sur le potentiel de cette merveille. On s'incline devant le charisme, l'applomb minéral, et la chair splendide de ce corse sanguin et épicé. Benoit, qui a découvert les 3 bouteilles du Clos côte à côte, a dit : ah oui quand même ! C'est bien lui le patron !

Attention, bouteille délicieuse jeune, mais délirante à 10 ans ! Je payerai n'importe quoi pour regouter aujourd'hui, aux 2008 que je servais au Royal Monceau de cette cuvée. A l'époque, certains clients les comparaient aux meilleures Côte-Rôtie, une comparaison flatteuse, mais bien réelle. Car c'est bien dans le temps que ce rouge d'Yves canarelli se révèle. La Syrah devient fumée, un rien lardée, le Nielluciu parfume l'ensemble de notes du maquis et structure l'ensemble. A 5-6 ans, c'est le calcaire qui reprend ses droits, l'ensemble devient salivant, long, fin... Jacques Puisais, professeur de chimie et grand spécialiste des vins vieux m'a dit un jour:  " si tu veux savoir s'il y a un grand terroir ou pas, tu attends les vins dans le temps. Ils se minéralisent, la matière, comme tous les atomes, s'affine, mais le squelette minéral reste. C'est ainsi que l'on a classé nos terroirs en 1936 à la naissance de l'AOC..." En y repensant toutes les bouteilles bues chez Yves Canarelli, je ne peux m'empècher de penser que les calcaires du sud de l'Île sont peut être les plus grands de ce fabuleux vignoble ! Si vous ne les connaissez pas encore, foncez. Le rapport prix/garde/plaisir est unique !