Meursault 2019
Maison Joseph Drouhin

« Le pire piège pour un particulier chez une grande Maison beaunoise, c’est d’y aller au pif, au feeling, à l’étiquette... Les chances de se planter sont bien trop nombreuses.... car, qu’on se le dise, il y a souvent trop de vins chez ces maisons. » Loin de moi l’idée de comparer les petits domaines de Bourgogne aux grands... Le sujet n’est pas là, il y a chez chacun, de vraies grandes bouteilles, et parfois de jolis nanars... Chez Véronique Drouhin, dont j’ai toujours adoré les blancs, avec les fameux Clos des Mouches, Folatières ou Montrachet Marquis de Laguiche, il y a ces cuvées qui sont incontournables, et qui ont largement trouvé leur public chez les passionnés. Mais qu’en est -il quand on descend dans la gamme ? Comment s’y retrouver ? Nous sommes là pour ça ! Rappelons en prémices de ces quelques lignes que le domaine a fait le choix de la biodynamie bien avant les autres, et qu’en termes d’agronomie au domaine, on fait les choses vraiment très bien ! Il y a quelques jours, avec la complicité d’Olivier Assire (agent du domaine), j’ai pu passer en revue quelques villages de la Côte qui, dans l’offre hyper large de la gamme, valent le détour. Certains ont des petits secrets qu’il me tardait de vous révéler. Prenez le Côte de Beaune d’abord... Le nom, l’étiquette... Rien ne laisse supposer qu’une bonne partie de cette cuvée naît des jeunes vignes du Clos des Mouches... On comprend dès lors son positionnement qui, en termes de tarif, boxe dans la catégorie de beaux Saint-Aubin. Son profil sur 2020 joue la carte d’une trame légèrement exotique où l’agrume et la craie se greffent à un élevage délicat. Une partie seulement du vin passe sous bois, ce qui crée un joli contraste entre fraîcheur et densité. Derrière, j’ai beaucoup aimé le Meursault 2019, vignoble maison ici, qui rappelle combien Meursault est à part dans l’offre de Côte de Beaune. Coffre ample, concentré, très salin sur ce millésime, ce vin porte un poil plus d’élevage, mais sans jamais tomber dans l’excès. Les instances de noisette, de châtaigne sont en filigrane de notes de poires et d’agrumes. Ouvert tôt, il faut le carafer, mais dans 3-4 ans, ce sera forcément un grand vin. L’année, le style et la construction me permettent de parier dessus. En rouge, les deux beaux villages à goûter sont le Vosne et le Morey Village. J’ai beaucoup aimé le côté un peu évanescent du Vosne 2017, année tendre et souple qui permet aux notes de gelée de cassis, de fougères, de fleurs et d’argile, de sauter du verre. Bouche en demi corps, suave et dotée de tanins fondus, on sent que l'âge de raison approche ! Dans le Morey, boosté par la pulpe de 2018, on renoue avec des codes de Gevrey : beaucoup de noyau, de cerise noire. On retrouve Morey dans la note d’argile en bouche et dans les tanins un poil joueurs, mais ils sont divinement enveloppés dans le fruit. Avec une telle base, là encore, on sait que la phase de maturité autour de 7-9 ans pour ce flacon, se passera à merveille !

50-70€ pour des villages célèbres... C’est le lot de la Bourgogne, c’est le prix d’un foncier inaccessible, c’est la spirale dans laquelle la région ne pourra plus sortir... On pourra, en bons Français, râler, se plaindre encore un peu plus chaque jour des tarifs décoiffants de la région, mais soyons sincères : rien n’est vraiment comparable aux plaisirs de la région. Hier soir encore, lors d’une soirée live endiablée à la fondation Louis Vuitton, nous avons servi côte à côte deux Corton Charlemagne. Je voyais bien dans le regard des clients qui levaient à chaque gorgée les yeux au ciel que pour eux, rien ne vaut les sensations des grands vins de la région. Voici donc 4 quilles qui valent le coup chez Drouhin, je rajouterai dans l’immense gamme du domaine, les icônes qui arriveront en septembre dans nos caves. En attendant, si vous voulez creuser un peu, vous verrez avec cette ligne qu’on fait vraiment les choses bien sur les vignes maison du domaine !