Côtes du Rhône 2020
Domaine du Grand Tinel

« Un Côtes du Rhône blanc délicieux que j’ai pris à l’aveugle pour un Châteauneuf... et surtout, une grenache de 120 ans taillée dans du velours qui mérite franchement le détour ! » Chers membres passionnés, j’ai presque l’impression de devenir sénile en martelant toujours les mêmes messages mais tant pis... C’est le cœur et la passion qui parlent ! C’est bien en vallée du Rhône méridionale que l’on trouve certains des meilleurs rapports prix-complexité-plaisir dans l’hexagone, avec parfois, de vraies perles à moins de 20€. Quant à Châteauneuf, je trouve l’appellation au sommet de sa forme, l’aire Parker est derrière nous et les vins plus vibrants que jamais ! Aussi, j’aimerai par ces quelques lignes, vous donner envie de parcourir l’offre du domaine du Grand Tinel, une propriété qui a déjà été à l’affiche dans quelques soirées membres, notamment autour de vieux blancs qui avaient fait fureur dans une soirée truffe et vins qui truffent ! La semaine dernière, j’ai pu redéguster quelques lignes de la gamme et me régaler du Côtes du Rhône blanc du domaine, une pépite abordable tirée à 3.200 cols. Sur 2021, millésime sans glycérol, avec du rythme et de la fraîcheur, j’ai adoré le combo clairette, roussanne, grenache, le premier apportant la colonne vertébrale et la salivation, le second l’étoffe, les notes de noyau, de pêche de vigne, avec une fine patine liée aux 15% de bois qui les accueillent ; enfin, le grenache qui apaise, qui fait le lien entre les éléments. Résultat, un blanc à la fois suave et salivant qui passe du fruit d’été à des touches d’agrumes (la clairette est un peu le riesling du sud) avec un peu de fenouil en filigrane. J’ai adoré le fait que le vin soit ouvert et non fermentaire et monolithique. Un coup de cœur vendu une bouchée de pain. Derrière, le Châteauneuf 2020 blanc prend le relais avec panache, avec plus de dimension. À 32€, c’est l’affaire du siècle que je vous invite à ne pas manquer, surtout si vous avez une bonne cave, car ce flacon évolue avec panache sur les notes d’infusion, de cédrat confit, de truffe parfois sur les millésimes avec de belles acidités. Jeune, on oscille entre l’amande, l’aubépine, le miel frais, le lime qui pousse derrière. Il faudra 2-3 ans à 2020 pour se poser. Quant au 2016, il tient les promesses d’une grande année à maturité, les plus grands restaurants en servent au verre (David Toutain pour n’en citer qu’un) car la conjugaison des éléments impose le respect. Patine glycérinée, cire d’abeille, plantes en infusion vous embarquent au gré d’une matière qui se minéralise. Grand blanc de gastronomie avec là encore, un prix-plaisir monumental ! En rouge, impossible de manquer Alexis Establet, une bouteille fabuleuse qui met sous les projecteurs, les vignes de plus de 100 ans du domaine. J’ai halluciné lors de la dégustation, par le raffinement de texture proposé, l’absence de sucrosité comme c’est trop souvent le cas sur l’appellation et surtout le grain des tanins si fin, si poudré. J’ai pris direct 12 quilles pour ma cave perso, en mode « pétard, c’est abordable, profond et suave à mourir... » Voilà, tout est dit, enfin presque !

Le j’aime étant très long, je voudrai souligner dans ce « j’achète » deux paramètres : le premier est assurément le virage que prend Châteauneuf et la région toute entière, des vins plus suaves, plus doux, moins extraits en rouge.... des blancs sans lourdeur, ni boisé dominant. On est loin de ce que j’ai connu au début de ma carrière et franchement, j’applaudis ! Ensuite, il y a la sagesse des prix de la région qui, sincèrement, à moins de 50€ très souvent, propose de vraies merveilles. J’ajouterai pour finir que la presse salue elle aussi, le niveau des vins de ce domaine, en couronnant par exemple, la cuvée Alexis Establet d’un 96/100. Une note reste une note mais quand on parle d’une quille à 41€, ça se tente non ?