Côte-Rôtie 2020
Domaine Jamet

Jamet... voici le nom qui déclenche chez tous les passionnés du Rhône nord, une forme de fièvre, d’addiction, une passion qui parfois dépasse l’entendement chez certains membres du club... je n’imagine pas une seconde vous faire perdre du temps avec des commentaires très longs, ou des récits de visite au domaine, qui ont marqué ma vie de sommelier au fer rouge, mais permettez moi simplement, au gré de ces quelques lignes, de vous donner envie, et surtout l’envie d’attendre ces Côte-Rôtie qui sont si marquantes, si singulières quand on a pris le temps de les faire vieillir ! La gamme débute autour des Côtes du Rhône, de redoutables perles en blanc comme en rouge, qui depuis l’arrivée de Loïc, ont gagné en précision. Le blanc est un plongeon dans les fruits d’été, l’abricot, on sent la présence du viognier, de la marsanne et de la roussanne qui se combinent divinement. 2021 est sans glycérol car frais comme millésime et très adapté aux cépages du Rhône nord, j’y retrouve la fraîcheur des 2014 de l’époque ! Toujours en blanc, le Condrieu qui fait la fierté du domaine aujourd’hui, est une œuvre de haute précision. Pas trop aromatique, peu de bois, c’est un vin de persistance, et non de largeur. Le genre de Condrieu qui flattera les palais du nord qui raffolent de fraîcheur. En rouge, le simple Côtes du Rhône est une incarnation liquide de l'île de la tentation. Syrah égrappée, poivrée, délicieuse et juteuse sur 2020 qui renoue avec des fraîcheurs qu’on avait perdu en Rhône nord depuis quelques années. Sur fond de poivre et de noyau, il va vous retourner comme des crêpes, même en jeunesse. Équivoque est une petite Côte-Rôtie déguisée... Simple Côte du Rhône d’étiquette, c’est bien plus dans le verre car née de vieilles vignes travaillées comme les Côte Rôtie du domaine en grappe entière. Là, on entre dans un millefeuille de poivres sauvages, d’olive, de menthol... Dans les Côte-Rôties, le domaine n’a pas de challenger si on parle de longévité... Je servais encore des 2005 et Côtes Brunes 2002 en masterclass au printemps dernier et à chaque fois, c’est l’évanouissement des participants... Dans ces 2020, je vous le dis et signe en dessous, c’est un peu comme les 2016 : grand, très grand, mais à attendre. Si vous cliquez, vous savez que vous en prenez pour 10 ans avant d’atteindre l’apothéose sensorielle. Si vous n’avez pas cette patience, alors préférez d’autres domaines ou styles, qui au même prix vous régaleront plus tôt ! Car un grand vin de chez Jamet à maturité, sur l’olive, le zan, la menthe et le poivre sauvage, le graphite et le fumé : ça marque une vie d’amateur !

Bon, 2022 est une année un peu folle pour le vin.. Tout le monde n’a que 10 noms en tête : Rayas, Rousseau, Coche, Roumier, Jamet, Chave... C’est presque énervant. J’aimerai avec ces quelques lignes, désamorcer un peu la tendance et vous dire que tout n’est pas écrit par 10 domaines, aussi starifiés soient-ils. Aujourd’hui, on vous propose avec fierté ce domaine, mais en y mettant quelques freins : attendez, attendez-les, et surtout, de grâce, buvez-les !