Coteaux Champenois Pinot Blanc 2022
Maison Pierre Gerbais

« Un jeune talent Champenois adoubé par ses pères, et une culture mi-Bourguignonne mi-Champenoise ! Toutes les cuvées parcellaires que j’ai dégustées sont remarquables ! » Chers membres passionnés, il y a quelque chose de bourguignon dans l’histoire du domaine Pierre Gerbais. Et pas seulement parce qu’Aurélien a travaillé chez Olivier Lamy. Non, c’est plus profond. C’est une manière de penser le vin à partir du sol, de la réserve, de l’invisible. Une manière de vinifier la Champagne et ses grands vins de base, comme on vinifie Saint-Aubin ou Puligny. Avec une quête de densité, de minéral, de salin. Avec parfois de l’originalité dans les propositions, comme ce pinot blanc dément (La Loge), qui transporte ailleurs. Pour la petite anecdote, c’est Anselme Selosse qui, lors d’une de mes visites au domaine, m’a soufflé le nom d’Aurélien. C’était juste avant de créer Chais d’œuvre ! Depuis, nous avons suivi l’évolution du domaine et vu apparaître cette gamme complète de vins de lieux. Pour ceux qui découvrent, nous sommes ici dans l’Aube, et pourtant, on entend résonner certaines nuances Chablisiennes dans la cuvée Grains de Celles : une cuvée tranchante, qui offre une tension presque maritime, au contraste d’une bulle fine. J’ai adoré son relief sur la peau d’agrumes, le salin, qui avec un peu d’aération, livre une pointe de céréales. Et puis j’ai décliné toute la gamme : on croise un magnifique pinot meunier de gastronomie avec Les Bochots : ample, fruité, mais tendu comme un trait de silex. Dans le verre, la déclinaison sur la pomme douce, les céréales, le coing, avec une souffle de mirabelle, se déploie au gré de l’ouverture. La bouche ouatée et saline fixe les plaisirs autour d’une bulle posée, tandis que le dosage est quasiment absent… C’est un tirage niche (3132 bouteilles) qui nous rappelle la race des 2016, le côté tranchant qui verticalise la matière. En matière de pinot noir, Les Grandes Côtes est avant tout l’alliance de 3 sols reflétant l’équilibre et la puissance des Portlandiens et Kimmérigiens. Ce tirage vient d’une réserve perpétuelle 2011-2016, tiré en 2017. Le dégorgement, lui, date de juin 2024. Dans le verre, c’est assez frais pour un pur pinot, on ne campe pas sur le noyau, ou l’agrume, c’est la roche qui parle. On le sent en bouche, avec une minéralité en opposition au volume. La finale est un peu marquée de notes de chlorophylle, le fruit disparaît derrière le sol. Puis quand on le laisse se réchauffer, le vin déploie de la noisette, et une finale gourmande de glace à la levure. Un coup de cœur ! Et puis il y a l’expérience pure : La Loge, pinot blanc, ovni lacté, iodé, au tempo lent, que j’ai mis une bonne trentaine de minutes à cerner. Ca ne ressemble à rien d’autre.. La bulle qui prend un peu de place au départ, il faut aller la chercher… une fois posé, c’est le citron confit, le menthol, le sel et l’iode qui s’emmêlent. Tout devient plus complexe, intriguant, on y retourne pour mieux comprendre !
Toujours dans les ovnis : Beauregard… Un champagne rosé très foncé, issu d’une macération pelliculaire de pinot noir, au service d’un rosé de saignée gastronomique. Au premier coup d'œil, c’est un rouge (rubis intense), avec des bulles… Du jamais vu, sur cette teinte si dense dans la région. Au nez, on sent le vin, le beau pinot noir version Bourgogne, mais avec une fine bulle. Ça chante comme si on avait champagnisé un Gevrey… Nous n’en avons pas avant le mois de juin, mais comptez sur moi pour vous rappeler de goûter ce trésor ! Pour finir avec une note plus classique et plus rassembleuse, parlons de Champ Viole, chardonnay sudiste, enveloppé, lisible, presque rassurant. Ce tirage est issu d’une réserve perpétuelle 2011 à 2020, mis en cave en juin 2021, dégorgée en mai 2024. Dans le verre, ce blanc de blancs suggère la pate d’amande (frangipane), le citron confit, avec une pointe finement lactée. J’ai aimé cette cuvée car elle m’a ramené en terres plus connues, mais c’est bien le pinot blanc qui clignotait le plus dans la série ! Bref, cette gamme d’Aurélien Gerbais est très singulière. Chaque vin ouvre un espace différent. Tous racontent la même chose : la Champagne peut être un vin de terroir, d’émotion, de curiosité. Et l’Aube, l’un de ses épicentres. Ah oui, j’oubliais aussi, un très beau coteau Champenois blanc vient fermer cette série… Pur pinot blanc, 2022, vinifié à la Bourguignonne pour ceux qui fuient les bulles !

Bon, avec un j’aime aussi long, faisons très court… Pourquoi j’achète ? Pour l’audace des cépages oubliés, pour la netteté des réserves perpétuelles. Pour ce lien secret entre Bourgogne et Champagne. Pour cette dégustation qui déroute, qui captive, qui intrigue aussi. Et parce que l’Aube le mérite !