Côtes Catalanes Iglesia Vella 2021
Domaine Le Roc des Anges

Quoi de neuf chez Marjorie et Stéphane Gallet ? Tellement de choses... 15 années séparent ces quelques lignes et ma toute première visite au domaine en 2007, et sincèrement, quand on regarde le chemin parcouru, on applaudit ! J’aimerais, par ces quelques lignes, partager avec vous le plaisir que Mathieu et moi avons à reparler du domaine. Nous les avons croisés à deux reprises en quelques semaines, et avons en tête les sensations fraîches de chaque cuvée et millésime. Avant de vous les décrire avec passion, j’aimerais souligner le « style » maison, qui parlera avant tout aux palais du nord. Si vous aimez les bouches fuselées, les blancs et rouges sapides, tendus et sans surmaturité, vous frapperez à la bonne porte. Si, en revanche, vous avez une tendresse pour les Carignan et Grenache assis sur de hautes maturités, et du bois, passez votre chemin ! Le domaine revendique ce style, cette empreinte, et a su trouver son public aux côtés d’autres domaines qui aiment cueillir tôt également. On pourra citer les Frères Danjou Banessy par exemple. Commençons par quelques mots sur les blancs, que j’ai adorés sur 2021. Ce millésime, qui aura donné du fil à retordre à tous les vignerons de l’hexagone pendant toute la saison, affiche « in fine » un profil assez génial dans le sud et en Corse. Peu ou pas de glycérol en sensation dans les vins, des lectures minérales plus nettes et des finales qui tracent... Perso, c’est ce que j’aime boire dans le sud, je m'ennuie assez vite quand les cuvées manquent de rythme. Dans la gamme, on soulignera en premier lieu la pureté d’Iglésia vella sur ce millésime : un pur jus de schistes, issu de grenache gris de 1954. Ça ne se fait pas, mais je m’autorise à comparer ce vin à un autre dans une autre région, je dirais que c’est un style à la Thibaud Boudignon sur Savennières. Notes de roche un peu fumée, pointe de sésame, fleurs blanches en filigrane, qui tracent en bouche à toute vitesse. C’est un vin plus long que large, qui affiche avant tout la griffe des schistes qui le font naître. Un poil plus dense, et plus large en sensation : L’Oca qui, là encore, nous a bien fait vibrer. Macabeu 100% ici, nourri d’une trame plus dense attenante à une veine d’argiles bleues qui traverse la parcelle plantée en 1957. Le cépage trouve ici un peu de densité et de texture que les fermentations en demi-muids de 500 litres étirent. Dans le verre, on a beaucoup aimé son registre sur les fruits secs, le sésame, les agrumes et les pierres chaudes. Il devrait continuer, au fil des mois de bouteilles, à s’enrichir de nouvelles sensations. Petite nouveauté dans la gamme : Alquimia, qui trouvera chez les amateurs de Jerez, de rancio secs, ou de vins du Jura, un certain succès. C’est un blanc qui naît de l’assemblage de deux vendanges ( 2019 et 2020) , qui a connu 2 ans d’élevage sous un léger voile. Cépages Macabeu et Grenache gris. Dans le verre, c’est un blanc charnel (14%), qui prend les teintes du fruits à coques, des oléagineux mais sans tomber dans la caricature complète du vin sous voile (curry, noix) . C’est le genre de quille à boire entre personnes initiées à ces plaisirs, avec quelques lamelles d’un jambon ibérique de compétition. Le test sur quelques anchois de Collioure ou une tomme de brebis pourra aussi s’avérer payant ! En rouge, on retrouve « Reliefs », cette cuvée d’assemblage qui nous avait bien régalés en 2017 et 2018. Rouge saillant, épicé, plein de fleurs et de baies sauvages, il joue la carte de l'immédiateté et des tanins doux. Voyez-y un beau compagnon de table pour un vendredi soir, autour d’une pluma ibérique rôtie avec quelques figues et un petit jus corsé. La gamme monte très sérieusement dans les tours quand 1903 fait son entrée sur scène. Notez au passage que cette cuvée fait son entrée dans les salles des ventes comme une des plus recherchées de la région, ce n’est pas un hasard. 1903, c’est bien l’âge des vignes de Carignan qui livrent ici, un jus profond, fuselé et sombre des terroirs de schistes, tout en gardant une trame assez caressante. J’ai le souvenir de mes premières émotions autour de ce vin, c’est là que pour Marjorie, tout à commencé. Perso, j’adore, n’hésitez pas à attendre ce carignan magnifique quelques années, il vieillit à merveille et prouve bien que les plus vieilles souches de ce cépage offrent de la pure magie dans le verre. On finira sur une autre cuvée qui parlera aux amateurs de Carignan 3 étoiles : ISABAL, même promesse que 1903 avec de très vieilles souches de Carignan, mais plantées sur un versant nord. Ici, on sculpte un peu le fruit, qui est tout aussi sombre, mais plus froid. On plonge un peu plus dans la minéralité des schistes ici, avec un profil classe et ferme à la fois. Un genre de 007 liquide quoi ! J’y vois une superbe quille à attendre 5-6 ans !

Des vins du sud qui donnent soif, autant qu’ils nourrissent l’imagination ! Comme je vous le disais au cœur du j’aime, les vins de Marjorie et Stéphane Gallet font partie du paysage très riche et diversifié des vins du Roussillon. Leur style s’adresse à ceux qui aiment les vins longs, et non les vins larges !
Côté prix, on est dans un positionnement haut de gamme pour certaines cuvées, mais au regard des faibles rendements de certaines vieilles vignes, ça ne me choque pas plus que ça. Goûtez à certaines d’entre elles, et vous verrez que c’est du solide !