Côtes du Rhône 2024
Domaine Jamet

Jamet... voici le nom qui déclenche chez tous les passionnés du Rhône nord une forme de fièvre, d’addiction, une passion qui parfois dépasse l’entendement chez certains membres du club... Je n’imagine pas une seconde vous faire perdre du temps avec des commentaires très longs, ou des récits de visite au domaine, qui ont marqué ma vie de sommelier au fer rouge, mais permettez-moi simplement, au gré de ces quelques lignes, de vous donner envie — et surtout l’envie d’attendre ces Côte-Rôtie qui sont si marquantes, si singulières quand on a pris le temps de les faire vieillir !

J’écris ce matin ces lignes avec émotion, car hier soir encore, lors du 9ᵉ dîner des Plumes d’or de la gastronomie et du vin, mon ami David Biraud servait une Côte-Rôtie 2018 du domaine à toute la table : un vin impérial, sublime de tenue, d’épice sombre, d’olive, avec cette pointe cendrée et la pointe de menthol… Une quille fabuleuse, qui n’a pas subi la richesse du millésime ! Un coup de maître ! Avec Olivier Poussier et Stéphane Derenoncourt, on s’est regardés avec un sourire complice, et tout le monde était d’accord… Quelle bouteille !

Aujourd’hui, nous vous proposons une déclinaison des Côtes-du-Rhône, de redoutables perles en blanc comme en rouge. Les blancs 2024 sont portés par cette précision que l’on avait dans les 2021 ou 2014, bercés de fruits d’été, d’agrumes et de noyau. On sent la présence du viognier, de la marsanne et de la roussanne, qui se combinent divinement, sans glycérol saturant !

Toujours en blanc, le Condrieu qui fait la fierté du domaine aujourd’hui (Loïc a beaucoup contribué à son évolution). Pas trop aromatique, construit sur la persistance et non la largeur. C’est le genre de Condrieu qui flattera les palais du nord, ceux qui raffolent de fraîcheur.

En rouge, le simple Côtes-du-Rhône est une incarnation liquide de l’île de la tentation. Syrah égrappée, poivrée, délicieuse et juteuse sur 2023 (millésime d’enfer pour les syrahs du nord), qui renoue avec des sensations que l’on avait sur 2020 ou 2016. Sur fond de poivre et de noyau, avec un fruit rouge croquant, c’est le vin qui met tout le monde d’accord au premier tour de verre !

Équivoque est, à mon sens, une petite Côte-Rôtie déguisée... Simple Côtes-du-Rhône d’étiquette, c’est bien plus dans le verre, car née de vieilles vignes travaillées comme les Côte-Rôtie du domaine, en grappe entière. Là, on entre dans un millefeuille de poivres sauvages, d’olive, de menthol, mais avec un fruité plus saillant, plus rouge que les Côte-Rôtie. Carafez-la bien en jeunesse pour en profiter, mais le plus sage, c’est d’attendre 3-4 ans ce trésor !

Dans les Côte-Rôtie, le domaine n’a pas de challenger si l’on parle de longévité... Je servais encore des 2005, 2001 et des Côtes-Brunes 2002 en masterclass en 2024, et à chaque ouverture (toutes bues à l’aveugle), c’était l’évanouissement des participants…

Dans ces 2023, on est moins compact que sur les 2022 (plus chauds) et on joue avec des textures de bouche qui vont vous renverser. J’adore ce millésime, car il affiche une fraîcheur sapide des 2021, mais avec un fruité glorieux et des tanins suaves. La promesse du velours si désiré des Côte-Rôtie n’est pas loin : il faudra attendre 5-6 ans !

Un dernier mot sur les parcellaires et vieux millésimes que le domaine nous a confiés : nous les proposons en duo collector, avec d’autres trésors (Côte Bodin, Cognet ou Lancement de Stéphane Ogier), car nous défendons aussi le travail exceptionnel de cet auteur sur l’appellation, qui, un peu avant les autres, a joué la carte des parcellaires. Comparez tous ces flacons dans quelques années avec une table de passionnés, et vous passerez une soirée inoubliable !

Tout était dans le j’aime… Alors cliquez vite !