Crozes-Hermitage 2020
Domaine Graeme & Julie Bott

La découverte des 2019 fût l’un de nos plus gros chocs gustatifs, une des plus belles surprises aussi. Voici les 2020 qui ne font que confirmer nos impressions : ce duo Graeme et Julie Bott est parti pour faire un carton en Rhône nord, et signent dès leurs premiers millésimes, certains des vins les plus enthousiasmants des secteurs de Seyssuel, Condrieu, Saint-Joseph. Cette découverte, nous la devons avant tout à notre ami et fidèle membre Nicolas de Rouyn (rédacteur du magazine En Magnum pour Bettane et Dessauve) qui avait sonné l’alerte il y a quelques mois dans quelques posts enflammés. Pour la petite histoire, nous parlons d’un jeune couple installé depuis 2015, qui a fait ses classes (8 ans au total) chez Stéphane Ogier, une des icônes de Condrieu et Côte-Rôtie ! Graeme est néo-zélandais, Julie française, lui était le chef de cave, elle la commerciale du domaine. Ils ont développé pendant toutes ces années, le goût des très belles choses, en rêvant la nuit de s’installer un jour, chez eux ! Avec un peu d’audace, et de vision, ils ont franchi le pas et se sont lancés dans l’aventure, en vinifiant comme c’est souvent le cas quand on débute, les vins dans leur garage ! Très vite, le style des blancs s’est démarqué, rejoint par les rouges sur 2019 et 2020 qui nous ont fait fondre de plaisir récemment. Plongez vous dans le j’achète pour découvrir les cuvées !

En blanc comme en rouge, Graeme et Julie aiment la tension dans les vins, ils vendangent tôt, prônent la fraîcheur et le peps dans leur blanc ! En rouge, les extractions sont douces, les jus peu boisés... Ils sont franchement délicieux ! Pour commencer avec la gamme des blancs, goûtez donc au 2019 sur Saint-Joseph pour comprendre le style. Fin, peu glycériné, sapide, on en boirait une bouteille par personne sans s’en rendre compte. Sur Condrieu, si vous n’aimez pas les viogniers sur-aromatiques qui s’étalent sur la table, vous serez comblés. Les parfums printaniers du 2020 dégustés récemment annoncent de vraies envolées dans le verre d’ici quelques mois. Les maturités sur le fil offrent un relief de pêche de vigne, de fleurs de printemps, et brillent par leur caractère spontané. J’aime encore une fois l’élevage, qui est à peine présent et qui supporte à peine en structure, ce rayon de soleil liquide porté par le granite ! En rouge, j’avais botté en touche sur le Crozes 2019, mais sur les 2020, attention, on passe à un autre stade. D’abord, le millésime est « plus septentrional » que sur 2018 et 2019, c’est une année où l’on renoue avec les équilibres que l’on avait perdu depuis 2016. Fin épicé à souhait, il brille par son registre de violette et de poivre sauvage avec un fruit gourmand de cerise. Dès l’été prochain, il fera un carton à table servi sur une viande un peu maturée. Son grand frère, le Saint-Joseph est plus sérieux, mais ne se prend pas au sérieux. Pas d'élevage ambitieux pour ce vin sculpté par le terroir, qui offre une allonge supérieure au Crozes. Les fondus de grandes syrah sur micaschistes (terroir du nord des Côte-Rôtie) ne rateront pas la délicieuse Côte-Rôtie 2019. Encore très (trop jeune), elle offre ces sensations salivantes, vibrantes même, qui déclenche en dégustation des « OH, Ah... » et pour lesquels on marque dans son carnet : « bombe à retardement ». Franchement, quand on sait que ce sont les premiers coups de crayon, on tire son chapeau, on applaudit, et on dit « longue vie à ce domaine » !