Eola-Amity Hills Seven Springs Chardonnay 2019
Evening Land Vineyards

Un blanc superbe qui joue dans la cour d’un beau Saint Aubin 1er cru, un pinot qui claque le noyau et qui renverse de bonheur dès le premier tour de verre ! Quelle merveilleuse découverte ce domaine « Evening Land », quelle maîtrise surtout ! On vous l’a annoncé dans pas mal de J’aime j’achète depuis quelques années, les vignobles aux US pivotent car ils ont bien compris que les « big oaky chardonnays » et les « cabernets fruit forward » n’étaient plus franchement la tasse de thé des véritables amateurs et de ceux qui, avant tout, recherchent la griffe du lieu qui fait naître le vin... Parmi les pionniers de cette révolution et parmi les domaines qui ont compris que ces vins grossiers et sans âme ne pourraient pas tenir longtemps, il y a ce micro domaine : « Evening Land » qui se situe dans des terroirs très frais de l’extrême nord de l’Oregon, entre Salem et Portland. Pour la petite anecdote, les vignes ont été plantés en 1984, par un visionnaire : Al Macdonald, qui fût l’un des premiers à saisir le potentiel de ces territoires protégés, frais, dont les coteaux sont particulièrement adaptés aux cépages bourguignons : le pinot et le chardonnay. Au domaine, la viticulture est menée au rythme de la biodynamie et c’est Rajat Parr, l’ex brillant sommelier de Michael Mina et copropriétaire du domaine de la Côte (Santa Rita Hills) qui accompagne le domaine dans les vinifications. Ceux qui connaissent, et qui ont déjà mis le nez sur le verre d’un des vins de Rajat, savent que c’est du grand art : des chardonnays cueillis sur le fil, fermentés et élevés en pièce bourguignonne avec une fine réduction « façon Jean-Marc Roulot », qui est un peu leur Dieu en termes de style sur Meursault ! Alors évidemment, avec un tel pitch, une telle team, on ne peut s’attendre qu’à de belles choses : le blanc est juste bluffant, très marqué par le terroir, il transpire d’abord la minéralité, les fleurs blanches et les agrumes, avec un couvert très fin d’amandes et de noisette du piemont. En bouche, c’est traçant, salin, avec un peu de gras sec... Impossible de ne pas comparer ce trésor à un Saint Aubin de bonne signature, ou à un Pernand 1er cru bien minéral, genre « Caradeux ». En rouge, là encore, j’ai été bluffé par le pinot qui est une incarnation liquide d’un jus de cerises juteuses, où les fleurs, la pivoine et une fine trame mentholée se rejoignent avec bonheur. En bouche, c’est le printemps qui frappe à la porte, du fruit, de la fraîcheur, une très belle longueur et même un peu de grip minéral, chose rare sur pas mal de vins à ces prix aux US... Bref, c’est assez dingue ce domaine, les vins sont à connaître et à déguster par tous les « burgundy lovers », vraiment !

Lisez ces quelques lignes de Rajat Parr, et vous aurez tout saisi : “Nous sommes, avant tout, de fidèles intendants du vignoble historique de Seven Springs, planté par le pionnier du vin de l'Oregon Al MacDonald en 1984. Sur cette pente spectaculaire orientée vers l'est, dans les sols volcaniques riches en fer et rocheux des collines Eola-Amity , Al MacDonald a entrepris ce qui allait devenir l'un des vignobles les plus reconnus de l'Oregon. Niché contre une forêt de sapins de Douglas avec vue vers l'est sur le mont Hood et le mont Jefferson, tout visiteur comprend immédiatement pourquoi Al a choisi ce site.” J’ajouterai pour finir, que le domaine est assez raisonnable côté prix, loin des folies constatées chez les domaines de Napa, ou la moindre quille s’envole à 150 dollars… Une bonne nouvelle, pour tous les fondus de Bourgogne qui veulent s’évader de temps en temps autour d’une belle bouteille venue d’ailleurs !