Fleurie 2018
Domaine de Fa

Conseil de pro : sur les crus du Beaujolais, si le millésime est assez solaire et musclé, préférez en jeunesse les crus plus fins, plus floraux, et gardez les vins de " Pierre " sagement en cave ! A l'inverse, si le millésime est assez souple, préférez les crus qui ont de la profondeur et de la densité, ils seront toujours plus complets et satisfaisants en terme d'équilibre si vous les buvez jeunes ! En partant de là, vous pouvez déjà vous projeter dans ce Fleurie 2018, de la famille Graillot. La semaine dernière, Antoine (fils d'Alain, frère de Maxime) est venu me présenter les derniers bébés de leur Domaine de Fa, un des trésors du Beaujolais, qui millésime après millésime, me régale toujours un peu plus ! Il faut dire que les Graillot, en matière de vendange entière, ils savent de quoi ils parlent ! Les Crozes du domaine sont un des pilliers de l'appellation, et trouvent dans les cuvées " Guiraude ", une forme de perfection autour de la Syrah vinifiée en grappe entière ! Ici, c'est le Gamay qui est magnifié par un travail en cave, assez identique (cuve époxy, foudre stockinger) et un soin particulier apporté à la vigne ! Peu à peu, le domaine affine les traits, et les plaisirs se dessinent ! Parmi mes coups de coeur, il y a ce Fleurie qui devient un petit bijou quand le millésime le permet : il s'articule sur 2 ha à flan de coteau du lieu-dit " La Roche Guillon ", et d'un plateau de 4 ha, situé en altitude assez haut. Antoine me confiait que dans ce secteur, tout était encore " vert " début novembre, alors que le reste du vignoble était orange, et rouge. Comprenez que c'est un lieu tardif, ou les cycles de la vigne sont décalés. Dans une année comme 2018, c'est une bénédiciton et c'est ce genre d'équation, qui forge les différences. Dans le verre, j'ai juste adoré la proposition : un bouquet ravageur, très floral autour de la violette, d'un peu de rose fanée, avec cette touche assez singulière du granit décomposé (terroir de gore) qui apporte une pointe férugineuse au nez. La bouche, douée d'une pulpe divine (merci 2018), est assise sur une dimension poivrée, un poivre un peu sauvage, qui au gré d'une acidité fine et salivante, tranche avec panache des intances de fruits noirs, et une finale très douce en tanins ! Un coup de coeur, qui prouve bien que les Graillot ne sont pas venus faire de la figuration dans le Beaujolais !

Pourquoi faut-il composer entre les millésimes, et les terroirs en Beaujolais ? Eh bien tout simplement parce que c'est exactement pareil que sur tous les autres grands terroirs en France. Certains sont nés pour régaler jeunes, d'autres sont faits pour vieillir ! Boire un Moulin-à-Vent de grand pédigré à 3 ans est souvent une grossière erreur, car rien ne laisse apparaitre à cet âge, le potentiel du cru... Par contre, quand les années passent, c'est une autre partition ! Bref, tout ça pour dire que ce Fleurie qui compose ce Kit de Survie d'Hiver, est une bombinette, sur laquelle vous ne pouvez pas vous tromper. Le fruit est dompté par la vendange entière, les tanins sont doux, l'altitude a tempéré la suavité liée au soleil... Tout est aligné ! Donc, goûtez-y si vous voulez vous régaler d'un très beau Fleurie en attendant les grandes bouteilles du Calendrier de l'Avin (on vous promet un feu d'artifice !). Les Graillot ne sont pas des débutants en la matière, et leurs quelques cuvées sont franchement admirables !