Hermitage Le Chevalier de Stérimberg 2017
Domaines Paul Jaboulet Aîné

Comment reconnaît-on un grand terroir en Rhône nord ? C'est simple, prenez un assemblage de grand classicisme : Roussanne-Marsanne, récoltés dans un millésime chaud où les blancs sont nés dans une dimension crémeuse et sphérique. Si en bouche le vin est rondouillard, un rien huileux, c'est un Crozes. S’il y a une micro étincelle de minéralité en milieu de bouche et une fraîcheur accrue, c'est un beau Saint-Joseph. Si vous frôlez la perfection entre le gras sec, la puissance et la fraîcheur salivante, c'est que vous avez affaire à un grand hermitage blanc ! Voici en substance, ce que nous avons constaté hier, lors du salon Vinapogée, où une poignée de passionnés sont venus comparer des millésimes jeunes et des millésimes anciens du "Chevalier de Stérimberg", une cuvée phare en termes de blanc issue des sols calcaires de la partie haute de l'Hermitage. Le splendide 2017, que j'ai littéralement ADORÉ dans cette série, est l'illustration de deux phénomènes : le premier, est que l'Hermitage est un terroir de folie qui transcende complètement les codes de ces cépages. C'est juste limpide à la première gorgée dans cette cuvée. Le second, est que la maison Jaboulet, menée par Caroline Frey et son équipe, est en train de passer à une autre vitesse : viticulture BIO certifiée depuis 2017, travail des élevages en œufs bétons pour une partie de la cuvée afin de l'élever sans la boiser, le reste étant élevés en bois dans des demi-muids. Tous ces efforts réunis, n'ont fait qu'amplifier l'excellente impression que me faisait Stérimberg, avec ici, une trame impériale en attaque qui, dans un crémeux fabuleux, rappelle des trames de Meursault Charmes. L'ensemble est relayé d'un socle salivant et sapide de toute beauté qui permet aux notes de miel, de pêche de vigne et de fenouil de s'étirer avec bonheur sur la finale. Dans ce vin, pas la moindre lourdeur, un équilibre délicieux et chose rare pour un hermitage, une accessibilité juste géniale en jeunesse. Immense coup de cœur !

Plus je bois des blancs de l'Hermitage plus je me dis que c'est un terroir de blancs, de très grands blancs même. L'aptitude de ce lieu à donner de la structure aux cépages Rhodaniens tout en les canalisant vers une finesse fabuleuse fait juste rêver. Pour s'en rendre compte il faut goûter chez Chave, pour toucher au Graal passer également par les parcellaires de Michel Chapoutier, pour comprendre l'impact de chaque lieu-dit sur les cuvées. D'autres sont aussi fabuleux, comme les Rocoules chez Marc Sorrel, mais voilà, tous ces vins coûtent une fortune ! Avec ce Chevalier de Stérimberg, la maison Jaboulet m'impressionne par le rapport prix/complexité/plaisir proposé : ici, vous avez un terroir de légende dont les vins sont capables de vieillir divinement (goûtez aux 2001 en ce moment pour voir) et qui à table, enchaînent sans frémir derrière de grands Bourgogne blancs. Franchement, ça vaut le coup, goûtez et vous verrez !