Hermitage Le Chevalier de Stérimberg 2010
Domaines Paul Jaboulet Aîné

" Avec le temps, on passe des muscles à l’esprit. Le vin est une matière, elle se dégrade, elle s'affine, les vins se minéralisent et il ne reste de la matière au final, une forme d'extrait de terroir, et s’il n'y a pas de terroir, il n'y a pas de grand vin " ! Voici les mots de Jacques Puisais, grand professeur, œnologue, chimiste averti, qui nous a quitté il y a quelques semaines. Lors d'une conférence passionnante en début d'année sur l'aptitude des vins à s'améliorer dans le temps, ce grand monsieur du vin a illustré ses propos en rappelant que la hiérarchie des terroirs et les fondements de l'appellation d'origine trouvent leurs racines dans l'aptitude du vin à vieillir et à se complexifier. Une aptitude qui, sur l’Hermitage, s'impose comme une évidence. Ce terroir de légende qui accueille des strates calcaires et granitique, est un écrin de rêve pour les Marsanne et Roussanne, peut-être le plus beau de toute la Vallée du Rhône, avec le fameux Château Grillet. Les vins y naissent puissants, sapides, crémeux, ils impressionnent jeunes mais ne trouvent que leur véritable résonnance qu'avec le temps. Lors du salon Vinapogée, j'avais eu le plaisir de commenter cote à cote, une serie de vieux millésimes de chez Jaboulet en m'émerveillant de l'univers déssiné par les vieux millésimes de Stérimberg. Des robes dorées, dignes de pierre précieuses, des bouquets glycérinés, ou rayonne les touches de miel, de cire d'abeille, d'encaustique, d'agrumes confits. Le vin se minéralise, il perd cette largeur d'épaule de jeunesse pour se recentrer en bouche sur des touches de fenouil et d'écorce. A cet âge, l’Hermitage dépasse la " patte ", on entre dans cette fusion entre matière et terroir qui fait s'effacer la main de l'homme. Goûtez à ces 2010, vous pourrez faire connaissance avec ces sensations assez renversantes, de ces grands vins d'hiver !

J'ai tellement de grands souvenirs autour de cette cuvée… Le plus marquant sera sûrement le 2001, que j'ai bu l'année dernière lors d'un déjeuner en famille. Je me souviens de ce " shoot " olfactif, où le nez devenait dingue avec des essences de truffe blanche, de miel et de cire d'abeille. Une tuerie à boire au moins une fois dans sa vie. Si vous n'avez pas encore bu ces trésors de l'Hermitage, alors foncez. Les flacons restent assez raisonnables, si l'on compare aux autres domaines stars de l'appellation, et ces bouteilles sortent directement de l'oenothèque du domaine. Elles sont donc en pleine forme, et sont la garnantie d'un moment magique, passé à leur côté !