Latricières-Chambertin Grand Cru 2020
Domaine Jean Trapet Père & Fils

« Des 2020 extraordinaires... Peut-être les meilleurs vins signés par Jean-Louis et ses enfants…» Voici un mail et une accroche qui devraient réveiller tous les Burgundy lovers de la tribu Chais d’œuvre, et faire palpiter le cœur de ceux qui, comme nous, vouent une passion sans limite à la griffe et au style de Jean-Louis Trapet. Avec Mathieu, nous attendions comme des enfants la livraison de notre allocation de 2020 depuis mars, car encore une fois, lors de la dégustation des vins du domaine aux « Domaines Familiaux », nous n’avions qu’un seul nom en tête : Trapet... Pourtant ce jour-là, c’était Roumier, Rousseau, Lafon, Angerville et tant d’autres qui présentaient leurs vins, tous excellents bien sûr, mais pas aussi vibrants et frissonnants que les vins d’Andrée et Jean-Louis ! Alors pour cette vendange 2020 qui a combiné une sublime maturité et une puissance parfumée remarquable, l’équation avec le style assez infusé et fin du domaine est juste parfaite. Toute la gamme que j’ai eu la chance de comparer côte à côte au domaine, nous rallie à ce sentiment de plénitude : le fruit est plein, pulpeux même, mais sans hyperbole ou surextraction. Tout n’est que puissance diffuse et aromatique, avec en bouche, un sentiment salivant qui donne du rythme ! J’ai eu aussi le même feeling, chez Jacques Frédéric Mugnier, dont les 2020 sont, là aussi, totalement transcendants ! Pour revenir à la gamme, il convient avant de cliquer de savoir l’usage que vous ferez de ces flacons. Jeune, vous pourrez profiter du délicieux Meix Fringuet, ce Côte de Nuits village qui ouvre la gamme aux côtés du Marsannay rouge. C’est le 4ème millésime que j’achète sur cette cuvée et franchement, j’adore. Plus floral que le Marsannay, il offre dans un budget encore accessible une lecture de la « patte » Trapet, avec une finesse qui emporte. Son corps en demi puissance est mené par un fil conducteur salivant, les tanins sont souples et posés, le bois n'apparaît quasiment pas dans la partition. Attendu 1 ou 2 ans, c’est une quille redoutable qui vous mettra le coup de grâce au premier tour de verre. En montant sérieusement dans les tours (et en prix), Ostréa tient son rang et fait partie des « must » de la gamme. Rappelons qu’il s’agit ici de Vieilles Vignes dont certaines sont centenaires et assises sur des terroirs où l’on trouve des fossiles d'huîtres. Il en sort un jus au fruit intense, lumineux et frais, un pinot qui est habité par ces sensations minérales sapides et salines. Sur 2020, sa persistance est immense, un peu comme ce fût le cas en 2019. C’est un flacon à ouvrir à partir de 4 ans, mais qui est déjà sublime ! Immense coup de cœur aussi pour 1859 qui fut, en mars, « LE » vin de la série. Parcelle sur Brochon, plus tellurique mais plus complexe qu’Ostréa, avec un fruit plus sérieux et dense. On assombrit la teinte aromatique sur ce vin, et on corse les messages en finale de bouche. Une quille magique mais qui commence à piquer côté prix... En parlant de ça, Capita sera très très dure à avaler pour ceux qui ont acheté les premiers millésimes de ce vin chez Chais d’œuvre en 2010... A l' époque, il valait moins de la moitié du prix actuel, mais le juge de paix reste la dégustation où, pour le coup, ce premier cru porte vraiment l’intensité d’un grand vin. Il ne l’a pas toujours eu, mais sur 2020, ça pousse très fort ! Misez sur 7 ans de patience pour fondre un peu la matière ici. Côté grands crus, on quitte le monde réel, il vous faut la fusée d’Elon Musk pour atteindre l’orbite sur laquelle ont été placés ces vins (et son compte en banque aussi...) En gros, les prix ont quasi doublé pour tous les grands crus du domaine entre 2019 et 2020 et cela ne frêne personne, au contraire. Le trio Chapelle, Latricières et Chambertin est tout simplement hallucinant, jamais les vins n’ont été aussi intenses, suaves et équilibrés... La presse est en transe, les collectionneurs et nous par la même occasion... Est-ce là le résultat agronomique des vignes de ces crus qui sont sur échalas depuis 2 ans ? Est-ce le résultat de l’ombre portée ou d’une meilleure surface foliaire ? Difficile à dire, ce qui reste au final, c’est qu’il y a plus de magie dans les raisins... et le résultat est unique !

La Bourgogne nous échappe... C’est un phénomène qui me navre, mais qui semble inarrêtable : les prix des grands crus flambent en Bourgogne et mettent sur la touche un bon paquet de passionnés dont je fais partie ! J’avoue que c’est assez dur à vivre, surtout quand on repense aux 2010 que nous servions encore il y a quelques semaines à l’Atelier... Le Latricières valait 120€ sur le site en 2012, le Chambertin 149€ !! C’est hélas, 5 fois plus aujourd’hui ! Très sincèrement, si vous avez les moyens de vous offrir ces bouteilles, foncez sans hésiter sur les 2020 du domaine qui sont vraiment immenses ! Mais ne négligez pas les autres cuvées, comme le Meix Fringuet ou Ostréa, qui portés par ce millésime de folie, placent déjà la barre très haut dans l’échelle du plaisir !