Magnum Clos-Vougeot Grand Cru 2022
Domaine d'Eugénie

Un domaine qui prend le chemin des grands, avec plus de finesse depuis quelques millésimes. Beaucoup d’émotion dans les 2022 déjà, et un style qui se confirme dans les très délicats 2023 du domaine ! »

Chers Burgundy lovers, chaque rentrée de septembre chez Chais d’Oeuvre ramène son lot d’attentes, et il y a des rendez-vous qui excitent certains d’entre vous. Le Domaine d’Eugénie fait clairement partie de ceux-là. Nous suivons en 2025, un 7ème millésime de ce micro domaine de Vosne-Romanée qui, pour rappel, a été repris par le groupe Kering (propriétaire de Latour, Château Grillet, Clos de Tart) et confié en cave à Michel Mallard.

Historiquement, je connaissais parfaitement le domaine puisque c’était la propriété « René Engel » qui produisait certaines des plus grandes bouteilles de Vosne, des flacons rarissimes que j’ai servis avec passion pendant mes années chez Taillevent.

Aujourd’hui, ce sont 6,5 ha, répartis sur des appellations de rêve. Le parcellaire est juste éblouissant : Vosne Village, Vosne Clos Eugénie (plein cœur du coteau, magnifique parcelle sous le Grand Cru La Tâche), Vosne Brûlées, Grands Echezeaux, Clos Vougeot ... et même, depuis 2020, un peu de Montrachet. Du lourd quoi ! On notera également que depuis le rachat de Bouchard par le groupe permet à Eugénie d’étoffer son parcellaire en Côte de Nuits. Je vous en reparlerai !

En cave, c’est Michel Mallard, le chef de cave du domaine, qui nous avait reçus l’année dernière avec bienveillance et nous avait présenté sa vision ainsi que le style vers lequel le domaine se dirigeait. Tout part de la vigne, évidemment, menée en bio depuis quelques années. Les rendements sont très serrés au domaine, presque trop compte-tenu de la toute petite taille des parcelles. On vendange « mûr », mais pas confit, dans le but d’aller jusqu’au bout du rêve. En cave, les villages accueillent généralement un peu de vendange entière (30% en village, 50% en Premier Cru, 70% en Grand Cru) avec différents tri : à la vigne, à la cave ensuite. Très peu de macération à froid, juste un petit refroidissement de la vendange intervient à la réception des caisses. Ensuite, c’est un process plus que naturel qui s'ensuit : fermentation en levures indigènes, pas de SO2 pendant toute la période de vinification et d’élevage. Une dose homéopathique vient fixer les vins à la mise en bouteille. Côté élevage, les vins passent en fûts François Frères et Saint-Martin, avec 70% de fûts neufs. Voilà pour la recette.

Côté style, les vins offrent tous un fruit dense, d’une profondeur de goût à la hauteur de la concentration des baies. On note que chaque millésime affine un peu ce style, avec dans les 2023, une suavité accrue. Lisez le j’achète, pour découvrir la gamme !

Avant de plonger dans la gamme, un petit mot pour vous aider à cerner le profil de ces flacons rares (à peine 20.000 cols par an au domaine) : clairement, on ne joue pas au domaine la carte du pinot rubis transparent aux teintes joyeuses de petites groseilles et de noyau, même si, comme évoqué dans le j’aime, les 2023 marquent une évolution. Il faut donc aimer les pinots intenses en parfums, et un peu structurés.

Commençons par le Vosne village qui s’étire sur plusieurs parcelles, 8 au total. Michel Mallard nous confiait qu’il n’hésite pas à y mettre des jeunes vignes des Grands Crus (Clos Vougeot et Grand Echezeaux), ce qui booste un peu son pédigrée. Il s’exprime par un fruité juteux, le bois ne domine pas (moins de fût neuf depuis le millésime 2022) avec une floralité qui chante déjà… Une superbe entrée en matière pour comprendre le style et le millésime.

Le Clos d’Eugénie arrive derrière avec une trame plus aérienne, et une profondeur exceptionnelle… On comprend en voyant la situation de la parcelle, située juste sous LA TÂCHE, du domaine de la Romanée Conti !

On passe ensuite en « vitesse lumière » avec le Vosne Aux Brûlées, cette parcelle que certains d’entre vous connaissent bien chez Méo-Camuzet, toute proche des Richebourg. Au programme : gelée de baies noires, épices, pointe de moka et de fumé, fleurs séchées et hibiscus qui réhaussent l’ensemble de fraîcheur.

La leçon de classe passe immanquablement par les Grands Echezeaux qui, comme tous les vins qui naissent dans ce secteur, sont touchés par une grâce tactile hors norme.

L’Echezeaux est plus ferrugineux, et s’habille d’une trame plus sombre dans le fruit. Pour ces deux ténors de la gamme, les tanins sont ultra civilisés, la puissance est diffuse et délicate.

Le Clos Vougeot n’est pas en reste, au contraire… J’ai ouvert des 2022 lors d’une masterclass « vin de légende où pas », et beaucoup de participants ont souligné la discipline de cette cuvée qui s’affranchit des notes telluriques parfois fermes des Clos Vougeot. Aucun risque de vous planter sur cet achat, il y a du monde dans la bouteille !

Les curieux voudront aussi goûter au Chassagne Perclos en blanc, une rareté qui illumine cette gamme de rouge par sa précision, son éclat de craie et d’agrumes.