Marsannay 2021
Domaine Jean Trapet Père & Fils

«Un millésime tout en dentelle, qui sied parfaitement au style raffiné et expansif des vins du domaine. Les villages sont suaves et immédiats tandis que les Premiers et Grands Crus laissent apparaître toute la magie de leur socle géologique ! » Chers membres, c’est toujours un plaisir, quand l’automne se présente, d’écrire quelques lignes sur l’œuvre de la famille Trapet à Gevrey. Avec Mathieu, nous attendons ce moment comme les enfants attendent Noël. Ce sont les très aériens et délicats 2021 que nous commentons aujourd’hui, un millésime qui, en dégustation, rappelle les 2007 ou les 2017 de l’époque.. Celles et ceux qui ont bu récemment des Chambertin 2007 du domaine lèveront les yeux au ciel en se disant : « oh mon Dieu... ». Il faut dire que Jean-Louis et ses enfants sont particulièrement bons dans ces années un peu plus fraîches. Si les 2020 furent une réussite majeure au domaine, j’ai plus d’affection pour les millésimes plus «classiques», qui respectent un peu plus l’identité bourguignonne et le style délicat du domaine.
Dans la gamme, la gourmandise et l’immédiateté sont incarnées par le fameux «A minima», ce passe-tout-grains subtil aux instances de noyau et de poivre, débridé en S02 afin de le rendre explosif. Vous retrouverez également, en blanc et rouge, les Marsannay du domaine, deux valeurs sûres, qui rappellent qu’il n’est pas necessaire de claquer 100 € à la propriété pour se régaler. J’adore l’esprit du Marsannay rouge, aux nuances acidulées, fleuries et à la trame aérienne. Le 2021 est un régal. En blanc, les Marsannay du domaine ne sont pas beaucoup boisés, j’aime leur coté amandé, qui tire la salive entre l’agrume et la châtaigne. Le millésime a offert du rythme à ce blanc, ce qui, sur Marsannay, est plutôt bienvenu. On montera en gamme avec le Meix Fringuet, ce Côte de Nuits-Villages que nous proposons depuis 5 millésimes désormais.. Plus floral que le Marsannay, il offre dans un budget encore accessible une lecture de la « patte » Trapet, avec une finesse qui l’emporte. Son corps en demi-puissance est mené par un fil conducteur salivant, les tanins sont souples et posés, le bois n'apparaît quasiment pas dans la partition. Attendue 1 ou 2 ans, c’est une quille redoutable. En montant sérieusement dans les tours (et en prix), Ostrea fait partie des «must» de la gamme. Rappelons qu’il s’agit ici de Vieilles Vignes dont certaines sont centenaires et assises sur des terroirs où l’on trouve des fossiles d'huîtres. Il en sort un jus au fruit intense, lumineux et frais, un pinot qui est habité par ces sensations minérales sapides et salines. Sur 2021, on est moins spectaculaire que sur 2020, car le fruit est moins bombé, mais diable que c’est bon... C’est un pinot qui plaira aux amateurs de pinots longs et salivants. Vous retrouverez aussi 1859 qui fut, en 2020, LE vin le plus dingue de la série. Parcelle sur Brochon, plus tellurique mais plus complexe qu’Ostrea, avec un fruit plus sérieux et dense. On assombrit la teinte aromatique sur ce vin et on corse les messages en finale de bouche. Un flacon qui, en profondeur, fait le trait d’union avec les Premiers Crus. En parlant de ça, nous avons aussi cette année des Corbeaux et Petite Chapelle en Premiers Crus, c’est la première fois en 12 ans que le domaine propose le premier isolé. Terroir réputé pour son caractère un peu plus sauvage, j’adore Les Corbeaux sur une cuisine d'hiver. Petite Chapelle est un vin plus souriant, porté par la grâce et la finesse des terroirs sud de Gevrey. En Grands Crus, on touche aux sommets de la Bourgogne et, ce, dans tous les sens du terme. Immense proposition dans le Latricières, avec un vin ultra-persistant, racé et embaumant. C’est mon favori chaque année dans la finesse qu’il propose. Le Chapelle-Chambertin est plus puissant mais ne perd pas le fil conducteur du style maison. Il faudra lui offrir 7-8 ans de cave pour le voir s’ouvrir. Le Chambertin n’est pas une légende par hasard. C’est une quille démentielle, d’une longueur totalement sidérante. Il est malheureusement devenu très haut de gamme, et pas accessible à tous. Si vous pouvez vous offrir ce trésor, n’hésitez pas, c’est une quille d’anthologie !

Je vous le disais déjà l’année dernière : la Bourgogne nous échappe... C’est un phénomène qui me navre mais qui semble inarrêtable : les prix des Grands Crus flambent en Bourgogne et mettent sur la touche un bon paquet de passionnés dont je fais partie ! J’avoue que c’est assez dur à vivre, surtout quand on repense aux 2010 que nous servions encore il y a quelques semaines à l’Atelier... Le Latricières valait 120 € sur le site en 2012, le Chambertin 149 € !! C’est, hélas, 5 fois plus aujourd’hui ! Très sincèrement, si vous avez les moyens de vous offrir ces bouteilles, foncez. On espère qu’avec les vendanges 2022 et 2023 (généreuses en volume), ce phénomène va se tasser. Sinon, misez sur les villages, qui sont déjà très bons et très efficaces !