Meursault Les Grands Charrons 2023
Domaine Michel Bouzereau et Fils

« 2023 est un millésime de grande ouverture au domaine : les vins sont gourmands, complets, moins concentrés que les 2022, mais avec une meilleure lecture des terroirs à mon sens. Encore une fois, Jean-Baptiste Bouzereau frappe fort ! »

Chers Burgundy lovers, chaque année, à l’aube d’avril, écrire ces quelques lignes autour du domaine Bouzereau est un rituel. Un rendez-vous, presque un pèlerinage pour le sommelier que je suis. Depuis 2012, nous vous proposons et commentons avec passion les vins de ce brillant vigneron de Meursault, couronné de 3 étoiles RVF et d’une aura exceptionnelle dans la sphère des grands amateurs. C’est aussi — et surtout — un vigneron adorable, humble, d’une sincérité désarmante, qui écrit désormais avec son fils Paul la suite de cette merveilleuse histoire. Chaque visite au domaine depuis 2002 est un vrai bonheur. Je partageais récemment avec lui mes ressentis sur le millésime, et lui m’a donné les siens. Assurément, c’est un beau millésime de blanc, avec des maturités fines (la gamme fait 13 % en moyenne), des pH assez bons, et de vraies lectures des terroirs. Pour Jean-Baptiste, les 2023 ne rougissent pas derrière les 2022. Chaque vin de la gamme est à sa place et les crescendos sensoriels sont fidèles à ce qu’on attend !

Commençons ces commentaires par les deux Bourgogne blancs du domaine, qui sont un peu les étalons du millésime.

Le Bourgogne classique, né sur Meursault, est un petit trésor pour celles et ceux qui veulent goûter au style sans casser leur tirelire.
Il offre un beau relief sapide, un peu de gras sec, la patine délicate d’un boisé blond à peine marqué.
Ce n’est que l’ouverture de la gamme, mais déjà hyper satisfaisant en sensations.
Son rapport prix-plaisir est génial.

L’autre Bourgogne, le Clos du Moulin, fut une des belles acquisitions de Jean-Baptiste il y a quelques années.
1 hectare de bonheur dans le cœur du village qui, sans exagération, est un baby Meursault.
Déjà sur 2020 et 2022, j’avais été scotché par la concentration.
On retrouve ici peu de gras sec, la patine des fûts Damy, un tourbillon d’agrumes et de châtaignes.
2023 est tout aussi savoureux et communicatif.

Nouveau venu dans notre allocation cette année : Les Grands Charrons.
Ce climat prolonge la bande des 1er crus en remontant un peu au nord du village.
Les vignes de Jean-Baptiste donnent un Meursault très gourmand, pas trop large, porté sur les fruits blancs et les fleurs. Il va plus loin que les Bourgogne, mais ne cherche pas la puissance.

Limozin hausse le ton : parcelle située juste sous les Genevrières.
Replantée récemment avec un matériel végétal de haute qualité, elle offre un vin plus large, plus structuré, avec en cœur de bouche des nuances salines plus marquées.

Son grand frère Les Tessons est à nouveau la quille en village à saisir de toute urgence. Intense, construit, paré d’une étoffe fascinante, il saisit toutes les papilles sur son passage avec une minéralité qui crée le "waouh effect". J’ai noté « topissime +++++ » dans mon carnet, comme à chaque visite. Tout est dit.

En matière de Premiers Crus, le Meursault Blagny rappelle combien les terroirs de ce hameau empruntent à Puligny une part de leur minéralité fuselée.
Par chance, les vignes du domaine ont échappé à la grêle du 11 juillet.
Racé et lumineux, il est superbe dans ce millésime.
La dimension 1er cru ne fait aucun doute quand on se concentre sur son allonge.

On passe en vitesse lumière avec Genevrières, Charmes Dessus et Perrières.

Genevrières : classe et volupté, le gendre parfait.
Le bonhomme sympa, souriant, parfait sous tous les angles. Il ne parle pas trop fort, mais il touche chacun.

Charmes Dessus : une minéralité presque aussi saisissante que Perrières.
On prend une décharge de sensations : sel, agrumes, châtaigne, éclats de craie, dans une trame charnelle. Grosse grosse quille !

Perrières : il domine par sa longueur et son minéral crayeux si intense.
2023 laisse mieux parler le sol que 2022 selon Jean-Baptiste.
Là, on ressent le côté "champ de cailloux" des Perrières.

Un petit mot sur les Puligny :
Champs Gains : finesse et élégance.
Cru haut de coteau à la trame plus ciselée que les Meursault.
Un lift d’agrumes en finale de bouche qui donne le sourire.

Le Cailleret : un grand cru qui ne dit pas son nom.
Chaque année, je le mets au niveau des Perrières dans la hiérarchie du domaine.
Son impressionnante persistance saline rappelle qu’on n’est pas n’importe où.
Si vous avez la chance d’y goûter, vous comprendrez.

Tout est dit dans le j’aime, donc difficile de prolonger ces lignes sans tomber dans la redondance. Rappelons que Jean-Baptiste Bouzereau est au sommet de son art et que ses vins s’arrachent... Côté prix, c’est haut de gamme mais pas dans le délire ambiant des autres stars du village qui affichent des premiers crus à plus de 300€... Je les laisse à celles et ceux qui peuvent se les payer, moi je mise sur mes chouchous de la gamme, en pensant déjà aux moments de bonheur qu’ils vont me procurer !