Meursault 2021
Domaine François Mikulski

Quel style cristallin, quelle finesse à chaque étage de la gamme... J’adore ! Chers Burgundy lovers, à l’heure où vous lisez ces quelques lignes, c’est le week end, il fait beau et froid, ce qui réjouit les viticulteurs en ce mois de mars qui se disent : « on a moins de chance de subir le gel printanier en 2023 grâce à ces températures qui ralentissent la poussée des bourgeons. » Il est vrai que quand on repense à ce mois d’avril 2021 où la Bourgogne et toutes les régions ont souffert du gel, on n’a pas très envie que ça recommence. Alors oui, il y a très peu de 2021 en Bourgogne, surtout dans le coteau de Meursault qui a pris cher... Il va donc falloir être rapide, si vous voulez vous régaler, dans les années à venir, des vins de François qui, c’est bien connu chez Chais d’œuvre, fait partie de notre top 5 de Meursault ! Parler des 2021, c’est revenir précisément 1 an et 4 jours avant cette vente, jour où je me suis rendu au domaine pour déguster les 2020 en bouteille et les 2021 en élevage. Deux millésimes très différents mais tous les deux assez beaux « in fine ». 2021 joue la carte structurelle des 2013, 2014 ou des millésimes des années 90 où les maturités alcool étaient plus légères. Le genre d’année où l’on lit bien les terroirs et ce même en jeunesse. Chez François Mikulski, ce qui est né est très réussi, assez concentré (peu de raisins mais avec du goût) et la gamme reste très très solide. Côté rouges, c’est un millésime d’infusion, de pinots évanescents version cerise & bouquet de fleurs qui vous attendent. Avec son style de pinot egrappé, François frappe fort dans ce millésime avec des vins qui régaleront, même dès leur première jeunesse. Plongez vous dans le j’achète pour découvrir la série.

C’est, comme chaque année, l'Aligoté qui ouvre la gamme du domaine avec panache, une quille qui fait référence chez les aligoteurs grâce à son matériel végétal exceptionnel. Deux vignes très anciennes ici (1929 et 1948) dont les rendements sont très faibles. Le premier tour de verre embarque dans un vergers en fleur où la pomme et le coing escortent le tout. Il est salivant, complet, long à souhait. J’adore ! Toujours dans la catégorie des vins très abordables, il faut foncer sur le Bourgogne dont les vignes se situent sous le clos de la Barre que vous connaissez sûrement chez Dominique Lafon. C’est plus un baby Meursault qu’un Bourgogne à mon sens, comme le sont d’ailleurs, la plupart des Bourgogne blancs du village qui ont tous fermentés sous bois (faute de volume pour remplir les fûts). Attaque en demi corps ici, puis relief noiseté, agrumé, avec une allonge et une texture qui donnent déjà le sourire ! Dans le Meursault qui normalement assemble plusieurs parcelles (Meix Chavaux, Les Pelles Dessus, Chaumes de Narvaux, Moulin Landin, Limozin, Pellans et Tillets), la cuvée est divisée en 2 niveaux volumes... 12 malheureuses bouteilles font de la figuration dans notre allocation mais c’est déjà pas mal. Goûtez y si vous voulez saisir la patte, le style du domaine que je trouve assez lumineux, cristallin, mais avec un peu de chair tout de même. Dans les Premiers Crus, le trio Charmes, Poruzots et Genevrières est superbe comme chaque année. Le premier enveloppe par sa texture en bouche, sans dominer l’équilibre minéral, c’est le parfait compromis texture-fraîcheur. Je le préfère chaque année à la cuvée de très vieilles vignes du domaine, souvent plus ambitieuse niveau bois. Le Poruzots est un rescapé car perché haut dans le coteau là où le gel à frappé fort. Les volumes produits sont misérables mais on retrouve tout de même ce côté plus intellectuel du cru, ce côté « jus de roche » qui sculpte la bouche. Très grande signature minérale dans ce vin, tramé un peu comme un Caillerets sur Chassagne. Genevrières est le Grand Cru non déclaré de François et pour moi la quille ultime de la gamme. Bien souvent, c’est le vin le plus complet, le plus long, le plus émouvant. 2021 ne sort pas de cette ligne et ceux qui ont l’habitude de le goûter le verront ! Coté rouges, le Bourgogne pinot noir qui naît sur les bas de Pommard est jovial, de ton rubis aussi brillant que ne l’est son bouquet : noyau, cerise acidulée, peu d’extraction et un fruit qui pète. Franchement c’est super bon, un peu comme le furent les 2017 à leur naissance. Le Pommard village a forcément plus de fond mais c’est une structure aromatique pas tannique. 2021 n’était pas franchement le millésime pour jouer les gros bras, et ça, François et Thomas (son gendre) l’avaient bien cerné. Donc un peu de dimension tellurique au côté du fruit mais pas de caprices côtés tanins, c’est très beau. Le bouquet final de la série est forcément le Santenots, le vin « phare » de François en rouge, que les amateurs de vins poudrés, longs et parfumés s’arrachent. Vous pourrez profiter des 2021 assez tôt (3-4 ans), ce qui pour un Premier Cru est assez cool. Ça sera peut être l’occasion pour ceux qui ont des 2020 et 2019 en cave de patienter un peu !