Montlouis sur Loire Sec Les Bournais 2022
Domaine François Chidaine

« 2023 est une année de contraste dans la Loire. La sortie de raisins au printemps fut telle que beaucoup de domaines ont explosé les rendements ! Il va falloir trier sévèrement vos achats pour tirer l’essence du millésime. Chez Chidaine, le niveau est éblouissant ! Ne les manquez surtout pas ! » Chers membres passionnés, chaque année en novembre, se tient biodyvin, un salon exceptionnel où se concentrent les plus beaux domaines en bio et biodynamie de France et de la vieille Europe. Dans ce salon incontournable, qui ponctue la fin d’année, tous les pros et journalistes du vin viennent prendre la température des nouveaux millésimes, en enchaînant près de 200 stands. Si vous multipliez le nombre de stands par 4 ou 5 vins, vous imaginez à peu près l’effort que représente une telle journée pour les papilles ! Mais ça n’a pas fait peur à l’équipe de Chais d’œuvre : Paul, Anna, Arthur ont fait leur baptême du feu en s’arrêtant aussi souvent que possible vers les stands les plus retentissants : Humbrecht (immenses 2022), Bretaudeau (magnifique cuvée Justice 2022), Abbatucci (goûtez à ses nouvelles cuvées dont les vignes sont traitées à l’eau de mer, c’est fou), et des dizaines d’autres domaines qui font aussi rêver. Personnellement, je suis ressorti un peu interrogatif de ce salon, puisque j’ai pu déguster pas mal de 2023, où j’ai trouvé les sauvignons de Loire assez fragiles, les chenins de niveau hétérogènes. Mais il y eut aussi de gros coups de cœur, comme ici chez François Chidaine qui, avec la régularité qu’on lui prête, a affiché une gamme remarquable des vins de Montlouis et Vouvray ! Les vins avaient à peine 3 mois de bouteille, mais ça n’a rien enlevé au panache de certains lieux-dits, comme le Clos du Breuil (pépite du millésime) et au fameux Clos Baudouin. Les bournais scorent aussi très fort. Plongez dans le j’achète pour découvrir la série!On l’imagine déjà dans 7-8 ans, avec les petites instances de truffes qui commencent à apparaître dans les 2019 en ce moment. Très très solide comme bouteille ! Cap sur Vouvray pour terminer en apothéose avec Clos Baudouin. Une trame différente, moins marquée par ce talque de craie que les Bournais proposent, mais avec une étincelle en cœur de bouche qui dynamite la matière. L’ambiance dans le verre, est entre le coing, la poire, les plantes en infusion, auxquels s’ajoutent la fine patine des fûts de 600 litres du domaine ! Là encore, on est niveau Premier Cru, avec l’allonge, la classe, et le caractère qui ont propulsé la cuvée au rang de légende !

Bon, je vous le disais dans le j’aime, dans des séries interminables de bouteilles comme celles qu’on a dégusté hier, il y a parfois des lumières, des pépites qui sortent du lot. Clos du Breuil est de cette trempe : c’est un vin qui a gardé de l’énergie, de la fraîcheur salivante et de l’éclat, malgré le fait qu’il y avait peu d’acide malique sur 2023. J’ai adoré son univers sur la poire fraîche et les plantes en infusion. Son côté élégant, fluide mais pas persistant m’a clairement interpellé. Les argiles à silex et les sensations salines du tuffeau étirent en finale toute la promesse aromatique ! Dans les Argiles à Vouvray, on apporte du fond et de la maturité aux sensations perçues dans le Clos du Breuil. Un univers plus ample en texture, mais lifté par une fine amertume qui tire sur le pomelos confit. Là encore, c’est un vin qui garde du tonus, ce qui est plus rare sur ce genre de socle géologique. J’aime beaucoup le fait que les degrés soient mesurés sur ce millésime, on retrouve un peu plus la promesse des équilibres ligériens. Dans Bournais, nous avons aussi trouvé le niveau remarquable, mais nous avons sauté sur les derniers 2022, franchement excellents, et qui sont bien en place ! Un petit mot pour finir sur le Clos Baudoin 2023, superbe parcellaire de Vouvray qui joue dans la même cour que les Bournais. J’ai forcément adoré l’ampleur et la dimension de ce vin qui fait partie des must de ma cave, perso. Mais voilà, c’est encore un enfant, et je vous invite à être très attentif à l’ouverture de ce flacon si le tire-bouchon vous démange. Grand vin d’ampleur sur 2023 (malo faite sur toutes les cuvées), qui tire de son sol l’étincelle un peu fumée de sa finale. La salivation est intacte, l’allonge est là. Je rêvais hier, en le dégustant, de le retrouver 5 ans après, un peu comme les 2017 nous régalent en ce moment ! Vous retrouverez aussi les Choisilles, et le Clos Habert. Le premier est un 2022 qui se positionne entre le Clos du Breuil et les Bournais. Sec, charnel, il ne manque pas de volume dans ce millésime ! Le Clos Habert est un demi sec admirable d’équilibre, entre poire, craie et pomelos, il joue de sa micro douceur pour contraster son support acidulé de bon aloi. Un vin qui appelle un sucré salé bien pensé, autour d’un chèvre de la région ou d’un cœur de saumon gravlax au kumquat confit !