Moulin-à-Vent Clos de Rochegrès 2015
Château des Jacques

Juste impressionnant ! Rien ne vaut la dégustation à l’aveugle, on vous l’a toujours dit, et on le dira toujours ! C’est au milieu d’une série de beaux pinots bourguignons qu’encore une fois, ce Clos de Rochegrès du Château des Jacques est venu semer le trouble la semaine dernière chez Chais d’œuvre. Je l’avais déjà croisé dans un verre, il y a deux ans et n’était pas tombé dans le panneau de son fruit juteux, sur la burlat, ses épices. Sa trame minérale granitique, l’avait trahi à l’époque, tant dans la fermeté des tanins, que sur les sensations sapides en bouche… Mais deux ans plus tard, assagi par un peu de repos en cave, le Clos de Rochegrès renoue avec ce qu’il sait faire de mieux : bluffer ! Son bouquet intense, rappelle au premier tour de verre, que le millésime fut solaire et dense : il s’ouvre sur la forêt noire, burlat bien mûre et pointe de cacao, puis vient ensuite l’élevage, toujours soigné au domaine, qui participe activement à la confusion. Au départ, j’ai dis " Gevrey bien élevé, chez un domaine qui égrappe beaucoup, secteur de Brochon, millésime 2015… " Avant d'avaler ma salive en levant la chaussette en me disant : mais bien sûr, mais quel nul... Pourtant, en bouche rien ne laissait présager que l’on parle de Gamay, et encore moins la rétro-olfaction qui ne rappelle en rien, un Moulin-à-Vent, mais je croyais être vacciné, il faut croire que ce n’est pas encore le cas ! Bref, vous l’aurez compris, les années passent, on a beau être habitué à se faire avoir à l’aveugle avec ce domaine et ses parcellaires, mais on prend toujours autant de plaisir à se tromper… Une sacré bouteille, née dans un millésime qui explose dans le verre ! Goûtez-y, et surtout, pensez à bluffer vos amis à l’aveugle !  

Si vous lisez les " J’aime J’achète " des Clos de Rochegrès 2005-2010-2011 que nous vous avons toujours présenté sous cet angle du " vin qui plante tout le monde à l’aveugle ", vous lirez aussi que c’est un incroyable flacon au vieillissement. Chez Taillevent, j’ai toujours servi des vieux millésimes, que tout le monde confondait avec des crus 5 à 10 fois plus chers sur la carte. Même Olivier Poussier, juré le jour de la finale du concours du meilleur sommelier de France à Beaune, a placé ce flacon en Côte-de-Nuits sur la vendange 2005... Donc ne soyez pas totalement découragé, si vous vous faites avoir avec un Château des Jacques. C’est ainsi depuis 30 ans, et c’est toujours le même succès chez les pros, les amateurs, les journalistes ! Côté prix, je vous laisse juger de l’excellence de celui-ci : vous avez une des plus prestigieuses bouteilles de Moulin-à-Vent, pour le prix d’un Bourgogne rouge chez un domaine star de Gevrey-Chambertin !