Champagne A.Lamblot
À Janvry dans la Petite Montagne de Reims, Alexandre Lamblot cultive 4 hectares avec plein d’idées en tête. Rêveur mais loin d’être utopiste, il a trouvé sa planche de salut en remettant la biodiversité en cœur de ses vignes. Issu d’une longue lignée de vignerons de Champagne qui cultive la vigne depuis le XVIIème siècle, Alexandre Lamblot s’est installé à son compte en reprenant des parcelles du domaine familial Lamblot. Il exploite dans les vignobles de Janvry, Vrigny, Chenay et Gueux près de la Petite Montagne de Reims un peu moins de quatre hectares en mettant à profit ses convictions en matière d’agroforesterie et de biodiversité. Ça pousse devant, derrière et entre les rangs de vigne, les arbres essentiellement des fruitiers, il en a planté plus d’une centaine ornant l’exploitation de ce vigneron engagé. Sous la houlette d’un père de l’agroforesterie, Alain Canet dont il suit précieusement les conseils, framboisiers, pêchers de vigne, pommiers viennent ombrager les parcelles. Alexandre Lamblot entend stopper la monoculture, qu’il juge néfaste et signe d’une ère productiviste dont il ne veut pas. Caviste, chef de rayon chez Metro à Paris, Alexandre Lamblot a eu le déclic à la naissance de son fils en 2013. Grand et mince, à la mine enjouée, il fait partie de cette nouvelle génération de vignerons qui font leur part. À la manière des colibris, il insuffle petit à petit le vent d’une Champagne non pas raisonnée mais raisonnable. Pour coller à cette philosophie qui se veut la plus naturelle possible : taille manuelle et minutieuse, broyage des bois à la parcelle, enherbement naturel des rangs, diffusion d’huiles essentielles… en fonction des lunes, bien sûr. Alexandre Lamblot s’est affranchi très vite, en désaccord avec ses parents il opérait déjà sa conviction en traitant (naturellement) en cachette les vignes familiales. " Mes parents n’ont pas la même philosophie, je ne leur en veux pas, mais je ne cherche pas le rendement ". Alexandre est donc en réalité un jardinier vigneron, qui soigne sa vigne comme un jardin luxuriant. Les expérimentations de ce " monsieur toujours plus " se poursuivent en cave. Les vinifications et élevages se font en barriques, fûts et jarres. Non pas pour faire beau mais donner de l’amplitude aux vins en suivant un moyen d’expression naturel. Les bouteilles sont remuées manuellement. " Cette année, je teste les poignettages en jour racine, fleur, fruit pour voir s’il y a une incidence sur le vin ". Outre le calendrier lunaire, Alexandre Lamblot soigne sa chaîne vertueuse en utilisant des bouchons locaux, des muselets sans encre, des étiquettes en papier recyclé, des cartons 100% recyclables et a abandonné le traditionnel scotch pour les agrafes. Très averti sur l’état du monde, Alexandre Lamblot essaie d’habiter la petite planète Champagne à sa façon. Un Walden (Walden ou la vie dans les bois de Henry David Thoreau) moderne en quelque sorte, qui jouit à profusion des dons de la nature. Bref, vous l’aurez compris, Alexandre va au bout de ses idées et se donne tous les moyens pour y arriver. En 2020, ses efforts ont été récompensés par le prestigieux trophée de " vigneron de l'année " des Trophées Champenois.