Nuits Saint Georges 1er Cru Aux Thorey 2019
Domaine de Montille

Des blancs saillants et racés assis sur une fine réduction, des rouges infusés, à peine soutenus en couleur mais qui brillent par leur résonance aromatique qui devient de plus en plus diffuse et touchante au gré de la montée en gamme ! Voici comment résumer rapidement les vins que vous trouverez en termes de profil, chez ce domaine iconique de Meursault : De Montille ! L’année dernière en octobre, je me suis rendu au domaine pour renouer avec Etienne de Montille et son équipe, car j’avais été foudroyé dans un restaurant par un magnifique Pommard Pezerolles tout en dentelle. Depuis mes années chez Taillevent, je n’avais pas eu la chance de redéguster, et de faire connaissance avec Bryan (chef de cave au domaine). Cette occasion fut parfaite pour mettre des mots sur des sens, et vous parler de la partition admirable jouée sur 2018 et 2019. J’avais eu d’immenses coups de cœur à l’époque, confirmés vendredi dernier par Hugues, qui s’est rendu au domaine. Commençons par les blancs 2019, « absolutely stunning » comme disent les Américains, où les journalistes de la RVF qui comme nous se sont enflammés, je cite : « nous considérons que les blancs sont d’un niveau 3 étoiles »...( 3 étoiles =  atomique dans le jargon RVF). Nous aussi, nous sommes en admiration devant les blancs qui sont définis un peu comme chez Roulot par de grands élans de minéralité, une trame tonique et traçante que l’excellent millésime 2019 a étoffée de concentration et de chair. Les aficionados des styles « pop corn, pétard », que l’on trouve dans certains vins adoreront. Pour les autres, rassurez-vous ce style n’enlève rien à l’expression des lieux, surtout quand les vins se posent en bouteille ! Je vous invite à lire le j’achète pour vous plonger dans les crus. En rouge, là encore, il y a une patte, une vision, une empreinte.. Des couleurs claires, même dans les années chaudes ; des bouquets enivrants qui passent de la rose fanée, aux cerises amarènes confites, par les zestes d’agrumes, la chlorophylle, parfois le Sichuan... Certains se drapent d’une petite trame sanguine (Pommard ou Vosne), et le très beau travail sur la vendange entière est palpable à tous les étages. Un peu comme à la DRC, plus on monte dans les tours, plus c’est fin et doué d’une puissance aromatique diffuse. Le nez de certains vins est  sans aucune exagération, à se shooter !

Ne demandez pas aux rouges de chez De Montille d’être colorés et puissants, ils sont tout, sauf ça... Mais à quoi tient la puissance ? Bonne question. Comme pour pas mal de domaines qui sont imperméables aux modes, Etienne de Montille et Bryan ont toujours défendu l’idée que les grands vins sont d’abord de grands parfums... qui doivent émouvoir au premier tour de verre, et désaltérer sans saturer les papilles. Une démonstration totale sur 2019 ! Vous retrouverez donc le Bourgogne rouge, qui déjà sur ce millésime, boxe dans la catégorie qui interpelle : ça sent diablement bon, et en bouche, c’est le pinot lisible, finement acidulé, bien mûr... Ça claque et c’est une bonne surprise quand on le compare à son prix. Derrière, coup de cœur aussi pour les « Cras », qui sur Pommard, ne joue pas la carte de son appellation. Ici, un Pommard aérien, floral, sans touche tellurique saturante. Il porte le bonheur et la précision d’une belle vendange, un peu de la marque de la grappe entière pour son côté floral, et sa bouche quasi dénuée de tanins est portée par la grâce ! Un splendide village, à boire en attendant les grosses quilles du domaine ! D’ailleurs, elles arrivent : Les Grêves sur Beaune, grandiose (un de mes coup de cœur déjà sur 2018) qui rappelle combien ces secteurs de Beaune peuvent rivaliser avec les plus grands des villages voisins. Pointe ferrugineuse au nez, mais toujours aussi floral, et fin... C’est le fil conducteur du millésime qui est tout sauf « dur ».. Même le Nuits Thorey d’ailleurs, vient nous rappeler cette caractéristique, il encaisse les 60% de VE et 40% de fût neuf comme une lettre à la poste. Pas de caprice pour cet adolescent de Nuits, qui nous a tellement habitué à d’autres messages chez les voisins. J’admire chez De Montille, la capacité qu’a l’équipe à dompter ces crus parfois raides en dégustation. L'accélération sera brutale pour le reste des rouges (si vous cliquez vite) en découvrant le trio « Pezerolle, Mitans, Taillepieds ». Le premier est un Pommard fin comme un immense Volnay, le second prend un peu de sève, et brille par son allonge de bouche supérieure, le dernier est niveau « grand cru », comme tout Taillepieds qui se respecte. Avec les Caillerets sur ce village, c’est assurément ce qui se fait de plus grand. Les vignes côté « Vosne » pour finir, avec une poignée de Clos Vougeot et de Malconsorts... Ce fût un rêve d’Etienne, le projet de toute une vie... Ils ont acquis 0,86 ares de Malconsorts (vigne qui épouse la « Tâche ») au domaine Mallard qu’ils ont partagé avec le domaine Dujac. C’est là qu’Etienne signe son plus grand vin, un Vosne aux instances éthérées de gelée de cassis, de fleurs séchées, de noyau de cerise avec une persistance ébouriffante. Le Clos Vougeot qui ne joue pas du tout la même carte, est le vin le plus structuré de la gamme, mais il ne perd rien de l’esprit qui anime le style du domaine. Bref, c’est du super lourd ces 2019 chez De Montille, il nous faudrait 40 lignes par vin pour tout décrire, mais comme je suis sans arrêt « sanctionné » par Marine,  notre « On-site » Manager pour des commentaires trop longs, je m’arrête là !