Pauillac Deuxième Grand Cru Classé 1990
Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande

« Certains vins vieillissent… d’autres traversent le temps en le sublimant. »
Chers membres passionnés, il y a des bouteilles qui me ramènent d’un seul trait de verre à mes premières émotions de sommelier. Je repense, en écrivant ces lignes, à cette salle feutrée du George V, au service en gants blancs, et à ces clients qui murmuraient : « Vous avez encore un Pichon 90 ? »
Aujourd’hui, avec cette vente exceptionnelle de vieux millésimes, on retourne ensemble dans ces années de grâce – « Back to the 90’s » –, avec une série de flacons conservés ex-château, dans un état de fraîcheur absolument bouleversant. Une vente pour ceux qui ne veulent plus attendre, pour les collectionneurs d’émotions, pour les chercheurs d’accords parfaits entre temps et terroir. Vous retrouverez Pichon Comtesse 1990, je retrouve ma madeleine du George V… Un velours noble, dans la lignée des grands Pichon suaves, épanoui sur la cerise, le tabac blond et le cuir souple. Le genre de bouteille que je servais avec malice, à ceux qui disent ne pas aimer les Bordeaux « trop puissants ». Un vin délicieux, taillé aujourd’hui dans le velours ! J’ai aussi sourcé Haut-Bailly 1990 : à l’ombre des Haut-Brion et Mission dans ce millésime, mais avec cette élégance automnale, ce santal, cette minéralité poudrée qui font toute la magie des vieux Graves. Le vin d’un dimanche de novembre, en forêt ou en lecture, face à la cheminée qui crépite ! Ceux qui aiment les grandes étiquettes choisiront La Mission Haut-Brion 1989 ! On parle toujours du Haut-Brion 89, mais Mission n’est pas loin. Fumé, grave, pénétrant… On y trouve le tabac brun, la terre humide, l’olive noire, et cette ampleur racée qui s’adresse à l’âme. Un vin de fin de repas entre amis passionnés et de confidences. Dans La Conseillante 1998, vous cochez LE millésime de légende à Pomerol. Truffe noire, violette, prune, grain de velours, longueur impérieuse. Un bijou à maturité, qui prouve que la magie du lieu précède toujours les modes. On parle ici d’émotion pure, pas de technique, même si on salue aujourd’hui le travail admirable de Marielle Cazaux au domaine ! Dans un autre registre : Vieux Château Certan 1996, un Pomerol plus cabernet, plus frais, au grain mentholé. Encore jeune, avec une aromatique de fleurs séchées, humus, avec une sève pure et persistante. Un vin de fraîcheur dans une décennie de maturité. C’est un poil plus intellectuel que La Conseillante, mais hédoniste à souhait ! Ensuite, Les Forts de Latour 1982, 43 ans. Et toujours debout. Dans le plus grand millésime de l’histoire récente de Pauillac (on jugera 2016 et 2010 dans le temps), cette cuvée touche au sublime : graphite, cèdre, épices, avec une vibration tactile unique ! Pour ceux qui croient aux grands formats : magnum de Calon-Ségur 2001 : là, c’est la grande élégance de Saint-Estèphe, en version confidentielle. Un magnum d’un millésime discret mais aujourd’hui éblouissant. Finesse du fruit, profondeur des tanins, tension calcaire… et cette étiquette au cœur qui bat toujours. Enfin, un petit mot sur les magnums de Montrose 2000, qui sont un peu les gardes du corps du millésime. Concentré, encore dense, mais traversé par une droiture et une minéralité graphite qui annoncent le très grand Bordeaux de garde. De tous, c’est le plus jeune, et un vin qui brillera encore plus dans dix ans !

Chaque flacon de cette sélection est un chapitre de mémoire liquide, un fragment de temps qu’on a voulu préserver pour vous car, lors de mes visites dans les domaines pour les primeurs cette année, j’ai pu re-déguster tous ces vins frissons qui racontent tant de choses aujourd’hui. Je rêvais de pouvoir vous en proposer ! Certains sont introuvables chez les négociants, ou introuvables tout court… Surtout avec ces niveaux de conservation !