Pernand-Vergelesses village 2023
Domaine Follin-Arbelet

« Une famille adorable, des vins justes et précis et des prix qui ne s’emballent pas comme chez la plupart des grands domaines de Côte d’Or !! » Chers Burgundy lovers, si vous lisez ces quelques lignes, c’est que vous faites partie de la tribu des membres qui se battent pour conserver en cave des trésors de Bourgogne à prix décent. Car la fièvre de la spéculation et l’inflation galopante autour des propriétés ont beau se tasser, on ne peut aujourd’hui que constater le champs de ruine que nous a laissé la période post-covid. Chez Chais d’œuvre, nous sommes un peu comme vous, des spectateurs impuissants face au phénomène, mais nous ne baissons pas les bras pour autant et tâchons de partager avec vous les adresses qui nous font vibrer... Chez Franck Follin-Arbelet, qui gère désormais le domaine avec son fils Simon, je suis totalement sous le charme de la proposition et de cette gamme qui nous régale depuis 7 millésimes désormais. Un style de pinot essentiellement égrappé et infusé en cave qui génère des trames aromatiques pulpeuses et sincères, avec des trames tanniques délicates qui laissent de la place au bonheur, même en jeunesse. C’est une des lectures les plus civilisées que j’ai en tête, sur des Aloxe village, et des rapports prix-émotion que je trouve excellents. Plongez dans le j’achète pour découvrir 2023, ainsi que quelques Romanée Saint Vivant et Corton Charlemagne avec un peu de maturité !

Bon, si vous avez déjà lu quelques j’aime j’achète sur le domaine, vous savez que c’est essentiellement autour de la colline de Corton que le domaine opère mais pas que… il y a quelques exceptions sur Pernand, qui valent le coup.

Commençons par le vin le plus tendre de la gamme, celui qui donne le cap stylistique et l’empreinte millésime : Le Pernand village. Vin assez gracieux sur 2023, mur à souhait, mais qui ne déborde pas de puissance, c’est un vrai ambassadeur de style « Côte de Beaune », par la tonalité de son fruité vif, sur les baies acidulées. J’aime dire que c’est le genre de rouge qui fait saliver comme un grand blanc ! .

L’Aloxe Village rassemble, comme chaque année, différents lieux-dits de l’appellation dont une vieille vigne sur la Toppe Martenot qui fait la fierté de Simon et Franck. Pour eux, le jus qui sort de ce matériel végétal est sensationnel, il apporte à ce simple village une profondeur qui fait la différence. Entre noyau, notes telluriques et fleurs, le bouquet de cet Aloxe enchante. La bouche est plus séveuse mais très équilibrée, avec une solide persistance ! Nous avons des 2023 et 2022 qui permettent de mesurer les nuances entre ces deux beaux millésimes : le premier est d’une décontraction totale, le second, batti pour vieillir 5-7 ans sans forcer !

En montant dans les Premiers Crus, on retrouve ce duo Clos du Chapitre et Les Vercots qui se tirent la bourre d’un millésime à l’autre. Le premier livre une partition plus longue que le village, avec un fruit plus soutenu, sans pour autant basculer dans le caractère puissant et parfois sauvage des secteurs d’Aloxe. Le côté éclairci du fruit des 2023 permet de faire passer de la puissance du sol, sans comprimer l’ensemble. Vous n’aurez pas à attendre 10 ans ces vins comme ce fut le cas dans les 2020, ou 2015 !

Dans Les Vercots, on se rapproche plus de l’identité épicée et séveuse d’un Corton, avec une présence des argiles plus lisible. C’est le pinot d'hiver par essence, avec ses notes un peu plus sauvages qui appellent des viandes de goût (colvert, pigeon) et qui méritent un peu de temps en cave. Misez sur 3-4 ans pour ces deux Premiers Crus, avant de les faire entrer sur scène, ils le méritent largement !

Enfin, un petit mot sur les Grands Crus, livrés ici sur deux millésimes à maturité. On est heureux de vous proposer quelques Romanée-Saint-Vivant qui sont loin d’afficher les tarifs délirants des vignerons de Vosne... même si évidemment, tout le monde a vu passer la transaction foncière de 15 millions d’euros de la famille Poisot (même famille que Franck et Simon Follin Arbelet) qui ont vendu 1,5 ha à LVMH ! De telles transactions imposent des prix de reventes pharaoniques, car la valeur foncière explose ! Mais revenons au plaisir : La Saint Vivant 2018 combine l’intensité du cru et du millésime sur un relief un peu sanguin, floral, tapissé d’un fruit encore dense, doué d’une persistance digne du terroir ! Il amorce tranquillement sa phase de maturité, mais donnez lui encore 3 ans, et vous toucherez du doigt à la magie de ce vin.

Le Charlemagne (blanc of course) tient son rang avec son contraste de céréales, d’agrume et de craie avec, en jeunesse, un trait de miel de printemps en filigrane. Les 2019 sont sublimes (comme beaucoup de vins du millésime) avec une étoffe tactile crémeuse mais gardent bien ce lien salin des marnes blanches. Un mot sur le Corton pour finir en rouge, là, c’est 2023, donc très jeune, mais j’y vois un genre de mélange entre la décontraction des 2017 et le fruit des 2019. Très beau vin, à mettre en cave 5-7 ans !