Pessac-Léognan 2016
Château Les Carmes Haut-Brion

« Et si le plus grand du moment, c’était lui ? »

Chers membres, on vous le disait en avril 2023 lors de la campagne des primeurs de Bordeaux : Les Carmes Haut-Brion écrit l’une des plus belles histoires dans l’offre contemporaine de la région et s’inscrit désormais parmi les plus belles griffes sensorielles que vous pourrez trouver ! Il y a quelques semaines, Le Figaro le comptait dans l’un de ses articles parmi les « 5 propriétés dont la cote va exploser » ; quelques jours plus tard, Hervé Bizeul, lors du salon Vinapogée, parlait de Guillaume Pouthier (le directeur technique du domaine) comme d’un « game changer ». Comment les contredire ? Comment ne pas applaudir surtout la trajectoire et la vision données à la propriété !

Lors de son rachat par le groupe Pichet au début de la décennie 2010, j’échangeais souvent avec Patrice Pichet, qui était un client habitué de l’hôtel. J’avais sondé dans ses goûts un attachement aux grains fins, aux Bordeaux poudrés qui s’étirent sans boisé tapageur ni matière trop extraite. Haut-Brion, dont il est désormais le voisin, faisait souvent partie de ses choix ! Et j’ai suivi forcément la trajectoire des Carmes, dont le style s’est affiné millésime après millésime.

Le profil « à part » au cœur de l’offre de Pessac s’écrit d’abord par la forte proportion de cabernet franc, qui représente presque 40 % de l’encépagement. À part sur quelques îlots de Pomerol (Vieux Château Certan, par exemple) ou à Cheval Blanc, c’est assez rare ! Et c’est bien lui qui confère ce grain si singulier aux vins des Carmes. J’ajouterai que les matières sont infusées, jamais poussées… Tout comme les élevages, si délicats, à peine perceptibles. Cette harmonie provoque des bouquets renversants, étonnants de floralité et de fraîcheur… Des trames vibrantes, comme on en trouvait dans certains Clos Rougeard des années 1990 et 2000 !

Aujourd’hui, nous mettons l’accent sur les 2019, sublimes, qui concentrent selon Guillaume le plus d’extraits secs de tous les derniers millésimes. Un vin fascinant de minéralité, qui offre un grain séveux, une finesse et une allonge de folie. Nous avons aussi des 2016, arrivés à un âge où les planètes s’alignent. J’en ai bu une bouteille au restaurant il y a quelques jours, et je me suis dit à chaque gorgée qu’au-delà des courbes et des messages proposés, il y a derrière Les Carmes désormais une signature à part ! Un vrai chef-d’œuvre et une case à cocher si ce n’est pas déjà fait !

Bon, vous connaissez mon ADN par cœur après toutes ces années… Je recherche dans les grands vins de Bordeaux que nous sourçons la même griffe, la même émotion que l’on peut avoir sur de grands pinots ou cabernets francs. J’assume ne pas aimer les vins trop épais, trop boisés dans la région, car il y a, à mon sens, bien mieux à tirer de ces terroirs. Quand je bois d’ailleurs de vieux millésimes de la région, où les vins faisaient 12,5 %, avec beaucoup de vendange entière, je suis presque nostalgique de ces souvenirs sensoriels.
À mon sens, Les Carmes Haut-Brion écrivent (avec quelques autres) une superbe partition dans la région. C’est clairement un « game changer » ! Bien vu, Hervé !