Mercurey 2020
Domaine Dureuil-Janthial

« Peut-être la vente de Bourgogne la plus attendue de l’année... » Chers membres passionnés, à la lecture de ce teaser, vous vous dites qu’on parle de Coche Dury, ou de Mugneret-Gibourg... Non, on parle de Vincent Dureuil, vigneron de génie de Rully, avec qui j’ai noué une amitié sincère dès le millésime 2002, la toute première année où je me suis rendu au domaine ! Si je dis que c’est la vente la plus attendue de l’année, c’est parce que tout le monde, je dis bien tout le monde depuis 10 ans dans le club, adore la proposition de Vincent. Et quand je dis « adore », je minimise... Même ceux qui ont l’habitude de s’offrir des grands crus beaucoup plus fastueux sont obligés de le reconnaître, il y a chez ce vigneron une forme de génie qui interpelle ! Toute la gamme que j’ai pu déguster au domaine juste avant les vendanges 2022 est sublime, et les prix ne grimpent pas trop. Avouez qu’en ce moment, c’est plutôt rare ! Accompagné ce jour-là de Simon Brochot, un maître d'hôtel de chez Guy Savoy, nous avons écouté Vincent nous présenter un peu son ressenti sur la vendange. Il « préfère 2020 à 2019 » car avec un poil plus de rendement sur les blancs, les vins sont plus sapides et plus digestes, avec une superbe lecture terroir et de vraies différences entre les crus. Il y a aussi moins d’alcool dans pas mal de cuvées, malgré le côté précoce de la vendange. Tant mieux ! Vincent nous a confié avoir fait un peu plus de vins dans ce millésime dans les blancs, mais ne vous réjouissez pas trop vite, il y a 10 hl /ha sur 2021, une catastrophe... Il va donc falloir faire des réserves et y aller tranquillement sur le rythme des bouteilles que vous ouvrirez si vous ne voulez pas tomber en rade ! Pour cette vente, nous avons volontairement mis l’accent sur les villages et les cuvées de plaisir du domaine. Les Premiers Crus et autres cuvées seront proposées un peu plus tard dans l’année. Plongez-vous dans le j’achète pour découvrir tout cela avec bonheur !

3 blancs et 4 rouges sont à l’affiche de ce samedi avec en ouverture de bal totalement renversant : le Bourgogne blanc du domaine. Petit rappel, il naît sur les bas de Puligny et non à Rully comme on pourrait le penser. C’est donc avec un petit côté « diamant » que ce Bourgogne vient chatouiller les papilles dans un contraste saisissant. On note dans l’extrême jeunesse la fine patine du bois (fûts Chassin 100% au domaine) qui épouse de l’éclat de craie, des agrumes, les fleurs blanches. Sans être puissant, c’est un vin expansif, salivant, assez long qui vous attend. A deux, si vous faites pas gaffe, la quille fait 10 minutes ! Je soulignerai aussi le niveau totalement insolent de l’Aligoté du domaine qui, lui aussi, fermente intégralement sous bois, ce qui le structure. Le fruit change un peu dans le verre, mais l’éclat reste, on sent l’intelligence de l’élevage, la belle maturité, les notes de fruits de verger, et la trame salivante de finale de bouche. Ici encore, l’apéro avec ça sera redoutable ! Parlons ensuite du Rully Village qui, sans exagération, est une tuerie cette année. En regoûtant un jour après ma visite au 2018 que nous avions mis dans votre coffret, je me suis dit : « ce sera encore meilleur que les 2018 »... Ici, on monte en dimension, en gras sec, en concentration, on lit aussi dans le verre les ph et la fraîcheur du secteur de Rully, qui fait des vins plus toniques que la Côte de Beaune. Mais tout est là : le fruit, les fines notes de l’élevage, la châtaigne, la petite réduction qui va bien sur le maïs. Franchement, prenez tout ce que vous pouvez ! En rouge, le millésime est impressionnant, beaucoup plus juteux sur les pinots que son aîné, tout en gardant du peps ! Le Bourgogne rouge naît, rappelons-le, sur Nuits car ce sont les vignes du coté de sa femme qui sont là bas. Sur 2020, c’est un pinot étincelant qui est au rendez-vous, j’ai marqué dans mon carnet qu’il était la rencontre entre le jour et la nuit : profond, au fruité sombre et salivant à la fois, avec du panache et de la classe à la fois. Un fruit très « Nuitons » dans le ressenti, mais avec des tanins cajolant ! Le Côteaux Bourguignon du domaine est peut être le meilleur « Passetoutgrain » que vous goûterez. 10% de gamay seulement, 90% de pinots, avec un soin apporté à la cuvée aussi intense que sur les Nuits Argilières ! Il est habillé d’un fruit gourmand, un poil épicé, avec cette bouche assez suave et déliée qui cède la place à la conversation. Un vrai concentré de bonheur, à prix assez doux ! Petite escapade sur Mercurey aussi, une nouveauté cette année que j’avais écartée l’année dernière car son aîné avait une petite déviance. Mais 2020 : une petite bombe, qui d’ailleurs dans la gamme, fait presque de l’ombre à certaines parcelles bien connues chez Vincent. Ça reste un village, mais c’est très complexe, avec un fruité souriant, bien acidulé et mûr, sans la moindre dureté des terroirs de Mercurey. Une quille à découvrir, elle vaut vraiment le coup ! Finissons avec le Rully rouge, assez libre dans ce millésime, qui conjugue l’épice, une compotée de baies sombres aux épices et une matière en demi-corps. Attendez-le quelques mois tout de même, avant d’attaquer votre pile, ce jeune et savoureux Rully le mérite !