Saint-Joseph Reflet 2018
Domaine François Villard

« Un agrément bio qui vient couronner deux Condrieu somptueux en 2022, et un Saint Joseph Reflets 2018 remarquable… Pas de doute, François Villard est en forme, en pleine forme même ! Chers membres passionnés, dans la foulée des fabuleux Cornas Vieilles Vignes d’Alain Voge, que je vous présentais hier soir comme l’un de mes plus gros coups de cœur du marché d’Ampuis 2024, nous continuons ce soir la présentation de ces coups de cœur et de ce qui représente à mes yeux « la crème de la crème de ce grand marché aux vins 2024 ». Et c’est à François Villard, que j’aimerais rendre hommage par ces quelques lignes, car de toutes les personnes que j’ai rencontrées dans ce salon il y a 15 jours, c’était sûrement à ce stand, que la passion transpirait le plus… François était « en transe », et porté par cet humour communicatif qui rend le bonhomme assez irrésistible… Côté vins, les détails ont fusé lors de cette conversation, avec un focus sur le passage en bio du domaine, et tous les sujets liés aux rendements à l’hectare, à l’évolution de la plante, au travail des sols. Des sujets où il répond du tac au tac, avec la fierté de quelqu’un qui arrive à éclairer tous les sujets : OUI, on peut faire des rendements décents et des vins de très haute qualité sur une vendange comme celle de 2022 à Condrieu. OUI, on peut faire pivoter un domaine de cette taille, sans que cela devienne un enfer en interne. OUI, on peut faire de grands vins sans faire exploser les prix de son tarif… La preuve, avec ce duo de Condrieu que j’ai sincèrement adoré : les Terrasses du Palat d’abord, une cuvée que je n’ai pas l’habitude de déguster à ce niveau, et qui en 2022, affiche une sublime partition d’agrumes et de pêche de vigne. Un Condrieu sculpté, sapide, qui offre juste ce qu’il faut de chair, pour ne pas tomber dans la simplicité, et l’éclat de fraîcheur qui donnera le sourire aux amateurs de vins dynamiques… Et clou du spectacle, c’est l’un des plus abordables de la gamme. Que dire de Deponcins servi derrière, qui arrive avec l’étoffe et la dimension que l’on attend de ces secteurs proches du Château Grillet à Saint Michel. Doté d’un gras sec plus conséquent, il réjouira les amateurs de Condrieu de grande texture, et devrait se minéraliser avec panache sur quelques années. C’est une cuvée un peu plus gastronomique que les Terrasses du Palat certes, mais l’équilibre est divin… Autre coup de cœur à ce stand (au milieu de 15 vins dégustés) : Reflets 2018. Quelle claque, quel plaisir aujourd'hui ! Je me rappelle de ce millésime où François commençait à jouer avec la vendange entière, et à cintrer cette vendange solaire (un peu trop à l’époque) sur Saint Joseph. 5 ans après, le temps a fait son œuvre, cette syrah bascule dans l’univers fumé, poivré, que j’adore dans le Rhône nord. Les muscles de jeunesse laissent place à l’esprit, les tanins se poudrent et le vin s’étire sur un fond d’olive et de menthol. Coup de cœur pour ce flacon, qui rappelle combien le temps est essentiel dans la construction des grands vins !

Une idée par seconde… Au-delà des vins qui, vous l’aurez compris, nous ont touchés ce jour-là, saluons chez ce vigneron l’énergie qui l’anime… Il nous racontait avec les yeux d’un enfant de 15 ans, la manière dont il va replanter un très vieux coteau en Savoie, dans un village où il a grandi, avec des cépages oubliés… L’entendre parler ampélographie, sol, adéquation sol-terroir, est un exercice assez hallucinant. J’ajouterai que François est curieux de tout, il va dans tous les salons professionnels, non pas pour présenter ses vins, mais pour goûter à tout ; il visite aussi ses voisins, ou de grands domaines de toutes les régions… Bref, avec la curiosité et l’envie d’un jeune de 20 ans, François Villard étonne par son dynamisme, son envie de mieux faire et d’aller toujours plus loin. Ses Condrieu parlent pour lui, idem pour son Reflets 2018 ! Côté prix, je vous laisse juger, mais on est loin des tarifs parfois décoiffants constatés sur certaines parcelles de Condrieu. Et c’est pas pour nous déplaire ! »