Sancerre 2020
Domaine Denizot

« On avait tellement flashé lors de notre visite au domaine sur Damocles 2016 qu’on s’était dit : faut avoir un œil sur Thibaud Denizot car chez ce jeune talent de Verdigny qui a repris les vignes du domaine, l’eau commence à frémir, les traits s’affinent...et le niveau grimpe sérieusement ! » Alors au printemps 2021, Mathieu et moi étions fiers de vous proposer les Damocles et Biorga 2018 du domaine car le cap était là malgré une vendange chaude et productive. A ce jour, les vins sont en pleine forme, surtout les magnums que j’ai pu redéguster récemment ! Mais c’était sans compter sur les 2019 et 2020 que nous avons pu passer au laser à l’aveugle en ce début de semaine. Tout a été servi à l’aveugle et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on a pas été déçu du voyage avec quelques nouveautés ! On notera sur 2020, le niveau du simple Sancerre domaine, qui honnêtement, n’avait jamais atteint un tel niveau d’expression et de précision. Malgré la chaleur de la vendange, les dates de cueillette et l’équilibre sont top (13%), on ne campe pas dans le variétal du cépage sur cette cuvée fraîche : notes de peau d’agrumes, d’orties, de menthe poivrée... Elle propose une belle allonge, du sel, un peu de coffre... C’est la première fois que je déguste ce vin à ce niveau, chapeau ! Deuxième étage de la fusée : Les Bouffants, lieu-dit qui épouse les socles géologiques de Chavignol, sur un combo de calcaire et de griottes (calcaire de l’oxfordien). Là, on retrouve la fine touche chlorophyllienne des vins de ce village, avec une gelée d’herbes, du menthol, des touches d’oxalis (herbe citronnée qui fait penser à l’oseille des bois). En bouche, on rajoute le sol en plus des parfums, c’est salivant, bien géré en structure, avec la fine patine des demi-muids qui patinent l’ensemble... Coup de cœur de la série sur 2020 ! Derrière, nous avons retrouvé Damoclès et Biorga sur 2019 . Le premier qui met en lumière le fameux lieu dit « L’épée » est un bloc concentré de sel, plein de concentration et de relief. A son ouverture, on pensait à un manseng au nez puis l’aération nous a ramené à Sancerre. Une fois carafée, on a été impressionné par la griffe de ce vin totalement habité par son socle géologique, avec de la poudre de craie, du lime râpé et un trait de verveine. Gardez cette bombe à retardement sagement en cave, dans 2 ans, ce sera un feu d’artifice ! Biorga 2019 compose avec le rythme salivant d’un pinot juteux et mûr, ça sent le noyau et le petit fruit noir à plein nez, avec un élevage très fin qui fume un peu la finale. En bouche, la magie du millésime (super pour les pinots) opère, les tanins sont taillés dans du velours, une quille ravageuse si servie à 15°c, lors d’un apéro improvisé entre amis au mois de juin !

La révolution Sancerroise est en marche et c'est un véritable bonheur de voir éclore chaque année de nouveaux talents qui font avancer l'appellation vers ce qu'elle peut proposer de meilleur. Si au-delà des domaines stars de Sancerre (A. Mellot, Vacheron, Pinard, Gaudry, Vatan, Bouley) vous voulez prendre la température chez ce domaine qui grimpe chaque année un peu plus, alors foncez sur ces vins qui méritent sincèrement votre attention. Le niveau grimpe, un peu comme ce fut le cas il y a dix ans chez les frères Pinard, et les réglages opérés sur la gamme forcent le respect. Côté prix, Thibaud et Jennifer gardent la tête sur les épaules, malgré l’inflation assez inquiétante observée sur Sancerre depuis le début d’année (les parcellaires explosent). Un dernier conseil avant de vous laisser, et surtout pour vous donner envie : j’ai servi ces merveilles hier soir à la maison sur une salade de petits pois, avec menthe, citron confit, graine coriandre pilée, huile d’olive et citron. Le tout était entrelacé dans les bras d’une burrata crémeuse... Une rampe olympique pour ces trésors (en blanc) de Sancerre !